Africa-Press – Benin. Coup de tonnerre dans la sphère politique béninoise. Six députés du parti d’opposition Les Démocrates ont annoncé leur démission collective. À travers une déclaration lue à Cotonou par le député Joël Godonou, les élus Chantal Adjovi, Léansou Do Rego, Denise Houmènou, Constant Nahum, Michel Sodjinou et Joël Godonou ont justifié leur départ par un profond malaise interne, dénonçant des « pratiques regrettables » et une gouvernance « déclinée vers une paranoïa destructrice ».
Boni Yayi pointé du doigt
Un nouvel engagement politique annoncé
C’est désormais officiel. Ce qui se prenait comme une erreur a finalement été rendu officiel ce vendredi 31 octobre lors de l’ouverture de la deuxième session ordinaire de l’Assemblée nationale à Porto-Novo. Dans leur déclaration de presse, les parlementaires affirment avoir longuement réfléchi avant de prendre cette décision. « Après mûre réflexion, nous avons pris la décision de démissionner du Parti Les Démocrates. Cette décision résulte de pratiques internes regrettables qui ont progressivement érodé la confiance, fragilisé l’unité et compromis le fonctionnement démocratique du parti », a expliqué le porte-parole du groupe, Joël Godonou.
Les démissionnaires estiment que les dysfonctionnements ne se limitent plus à de simples divergences d’opinion. Ils évoquent un « problème structurel » et une gouvernance « inadéquate au développement d’un parti politique moderne ».
Boni Yayi pointé du doigt
Les six élus n’ont pas manqué d’évoquer la responsabilité du président du parti, Boni Yayi, qu’ils accusent d’avoir laissé se dégrader la situation. « Il est de notre devoir de citoyens d’avouer qu’il a laissé trop de situations pourrir la bonne santé du parti, toute chose nuisible à son développement et à l’épanouissement de ses cadres », déplore la déclaration.
Selon eux, la direction du parti aurait sombré dans une logique d’exclusion et de méfiance généralisée. « Jour après jour, la ligne directrice de gouvernance du parti a décliné vers une paranoïa destructrice et un esprit de revanche et d’écrasement de tout ce qui est soupçonné, à tort ou à raison, proche du Président Patrice Talon. » Ainsi, explique t-il, des camps irréconciliables se sont formés, fragilisant la cohésion interne et compromettant la mission du parti d’incarner une alternative crédible.
Pour les démissionnaires, Les Démocrates ont perdu leur boussole. « Le mérite des cadres ne se mesurant désormais que par rapport à ce repère, la sérénité a fini par déserter le parti », affirment-ils. Ils estiment que la formation politique, dans son état actuel, est incapable de défendre l’idéal démocratique qu’elle revendique. « Ne pas l’admettre serait faire preuve d’hypocrisie ou d’aveuglement », préviennent-ils.
Un nouvel engagement politique annoncé
Malgré cette rupture, les six députés affirment ne pas tourner le dos à la vie politique. Ils entendent poursuivre leur combat pour la démocratie, la liberté et la justice sociale sous une autre forme. « Nous tenons à faire entendre efficacement notre voix et contribuer à corriger la gouvernance de notre pays », a déclaré Joël Godonou, tout en appelant à une « collaboration avec toutes les bonnes volontés qui partagent notre idéal ».
Les démissionnaires se disent convaincus que le prochain quinquennat marquera un tournant politique. Ils plaident pour « un changement d’hommes et d’équipe » et pour la restauration des valeurs républicaines. « Nous voulons que la démocratie soit restaurée, que les libertés soient respectées et protégées, qu’il y ait une justice sociale et que le développement du Bénin soit plus équilibré », ont-ils ajouté avant de conclure: « Ensemble, avec toutes les bonnes volontés, nous pouvons construire notre pays, le Bénin, en paix et dans la concorde. »
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