que restera-t-il de l’armée française en Afrique ?

que restera-t-il de l’armée française en Afrique ?
que restera-t-il de l’armée française en Afrique ?

Africa-Press – Burkina Faso. Paris a annoncé que les forces spéciales françaises stationnées au Burkina quitteraient le pays « d’ici un mois », à la suite de la demande des autorités.

Ibrahim Traoré, le leader de la junte au pouvoir au Burkina Faso depuis un coup d’État en septembre, a manifesté son souhait de voir partir les quelque 300 opérateurs des forces spéciales françaises basés dans son pays. Face à l’ire du militaire qui semble se rapprocher de Moscou sur les questions sécuritaires, Paris a convenu de retirer l’ensemble de son personnel « d’ici un mois ».

La France a aussi rapatrié ses derniers soldats du Mali sur demande des nouvelles autorités et de République centrafricaine (RCA) fin 2022, mettant fin à un cycle d’interventions commencé en 2013 (opération Serval puis Barkhane au Sahel), et 2014 (Sangaris en RCA). Au Burkina Faso, les soldats étaient installés depuis un accord bilatéral signé en 2018. Une fois partis, il ne restera environ que 6 000 soldats français déployés sur le continent, hors Casques bleus et hors forces de l’océan Indien.

Implantées sur trois sites dans le pays, les forces de présence françaises en Côte d’Ivoire y entretiennent une des deux seules bases opérationnelles avancées dont dispose la France en Afrique, avec Djibouti. Outre un camp préparé pour être un hub logistique, les Forces françaises en Côte d’Ivoire (FFCI) ont une emprise à l’aéroport international d’Abidjan leur permettant d’y réceptionner directement les vols de l’armée française qui s’y posent où s’y ravitaillent. Elles entretiennent aussi une station navale destinée au ravitaillement et au soutien des opérations dans le golfe de Guinée.

Les FFCI, héritières de l’opération de maintien de la paix Licorne (2002-2015), sont prépositionnées pour pouvoir répondre rapidement à une crise dans la région : unités de combat, génie, équipes cynophiles, elles sont préparées à toute éventualité. Elles servent aussi de point d’appui logistique en cas d’un déploiement plus lourd, ayant des capacités de soutien et d’hébergement. Dans le cadre d’un partenariat ancien avec Abidjan, les FFCI participent aussi à la formation des forces armées de Côte d’Ivoire.

Plus ancien déploiement français sur le continent encore actif, le dispositif français au Tchad est passé de l’opération Épervier lancée en 1986 à l’opération Barkhane visant à stabiliser le Sahel en 2014. Il s’appuie principalement sur la base aérienne projetée (BAP) de N’Djamena qui sert de poste de commandement à l’opération Barkhane. Ce point d’appui où sont stationnés des chasseurs bombardiers et des avions de transport s’est révélé très utile lors des interventions françaises au Mali (Serval 2013) ou en République centrafricaine (Sangaris 2014) : les forces avaient pu y transiter en urgence et s’y ravitailler pour intervenir au plus vite dans les deux pays.

Outre le fait de constituer une force de projection idéalement placée, les éléments tchadiens de Barkhane servent aussi à assurer la stabilité du pays, un appui essentiel de la France dans la région au travers de son indéboulonnable et très francophile président Idriss Déby, décédé en 2021. Depuis son arrivée au pouvoir en 1990, Idriss Déby avait vécu de nombreuses tentatives de coup d’État et rébellions, dans lesquelles l’armée française l’a aidé à tenir. Le pays est plongé dans une période d’instabilité due à la succession d’Idriss Déby, mais la présence française ne semble pas remise en cause. Les soldats français assurent aussi une mission d’instruction des forces tchadiennes, bien que celles-ci soient réputées parmi les plus performantes de la région dans la lutte contre les groupes armés terroristes.

Deuxième pays d’appui principal de l’opération Barkhane, le Niger offre à l’armée française une autre base aérienne projetée à Niamey, d’où sont opérés des drones et avions de chasse actifs dans la lutte contre les groupes djihadistes. Un groupement tactique désert (GTD) est aussi stationné au Niger, capable d’intervenir rapidement dans la zone dite « des trois frontières » où se réfugient souvent les djihadistes, proches du Mali. La base de Niamey a servi d’important hub logistique lors du désengagement du Mali voisin.

Depuis 2013, les Éléments français au Sénégal (EFS) servent principalement à mettre en œuvre la coopération militaire entre Paris et Dakar en formant les soldats sénégalais, menant des actions civilo-militaires, assurant des missions de sécurité civile, etc. C’est aussi un relais logistique régional, pour soutenir d’éventuels déploiements. Le dispositif s’articule autour de quartiers installés dans une ancienne base aérienne, et d’une emprise au port militaire de Dakar. Ils entretiennent également une escale à l’aéroport international capable de recevoir des avions militaires français et notamment les avions de surveillance de l’aéronavale opérant parfois au-dessus du Sahel ou du golfe de Guinée.

Les Éléments français au Gabon (EFG) ont pour rôle d’honorer le partenariat militaire établi avec Libreville et de former les soldats gabonais. Quelques unités d’élite y sont stationnées en force de réaction, et une station de soutien logistique pour les éléments de l’armée française projetés dans la région. Un détachement air est aussi implanté sur une base aérienne pour assurer le relais et le ravitaillement des aéronefs de l’armée française de passage.

Depuis 1990, la France assure dans tout le golfe de Guinée la mission Corymbe, du Sénégal à l’Angola. La mission vise à assurer la sécurité de circulation dans ces eaux pétrolifères, et est assurée en permanence depuis le début (à l’exception d’un arrêt de deux mois et demi pendant l’épidémie de Covid-19 en 2020) par au moins un bâtiment de la marine nationale. Le but est aussi de lutter contre les trafics en tous genres, soutenir les opérations à terre de l’armée française lorsqu’il y en a, s’entraîner à la coopération opérationnelle avec les alliés locaux, tout en s’appuyant sur les partenariats régionaux de la France et les emprises de Dakar et Libreville.

Même si l’ampleur des Forces françaises stationnées à Djibouti (FFDJ) tend à diminuer, le petit pays reste stratégique pour Paris qui tient à rester implanté dans ce verrou de la mer Rouge, et donc du canal de Suez. C’est le plus important déploiement permanent de l’armée française hors du territoire. Les cinq emprises de la base opérationnelle avancée incluent : une base aérienne armée de Mirage et un avion de transport tactique, une base navale, un centre d’entraînement au combat désertique, un détachement de l’aviation légère de l’armée de terre armée d’hélicoptères et un régiment de combat interarmes.

Djibouti est une puissante emprise couvrant presque tout le spectre des missions de l’armée française : elle est capable de soutenir le déploiement de forces dans la région en constituant un point d’appui qu’il soit aérien ou naval, de projeter rapidement et à tout moment des moyens relativement lourds et habitués au terrain désertique, aguerrir les forces françaises qui viennent s’y entraîner, former et aider les forces djiboutiennes.

Dans le cadre des Forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZOI), l’armée française entretient une base navale accueillant un bâtiment multimission et deux frégates de surveillance, un détachement aérien de deux avions de transport ainsi que le 2e régiment de parachutistes d’infanterie de marine à La Réunion. Un détachement additionnel de 270 légionnaires est stationné à Mayotte avec quelques moyens navals légers. Si ces forces servent à couvrir tout l’océan Indien et défendre la Zone économique exclusive (ZEE) française, elles peuvent aussi servir d’échelon de réaction rapide sur la côte est du continent africain. En 2021, lorsque l’avancée des terroristes du Cabo Delgado au nord du Mozambique menaçait une implantation de Total, la question d’envoyer des forces soutenir Maputo s’était posée.

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