Africa-Press – Cameroun. Investir au Cameroun) – Le 22 août 2023 est apparue sur les réseaux sociaux au Cameroun, une « lettre de démission » portant le nom d’un certain Junior Djomo. Dans ce document ne comportant aucune adresse, ni signature, l’auteur, qui se présente comme un topographe employé par la société du BTP Routd’Af, fondée par André Siaka, qui dirigea pendant près de 30 ans la Société anonyme des brasseries du Cameroun (SABC), dit avoir pris la décision de ne pas poursuivre son contrat, mais surtout fait une peinture pas du tout reluisante des conditions de travail qui prévaudraient dans cette entreprise.
« (…) Si le travail éloigne vraiment de l’homme le vice, l’ennuie et le besoin, j’ai appris que à Routd’Af, le travailleur est un esclave qui n’a pas de vie, qui est condamné à vivre la misère. (…) Tout ce que j’ai pu bâtir au moment de mon arrivée à Routd’Af est parti en fumée. Même mon compte bancaire, qui était fourni à plus d’un million quand vous me recrutiez, est vide aujourd’hui. Je vis au jour le jour ? J’ai honte. J’ai perdu ma dignité d’homme… », peut-on lire dans cette « lettre de démission ». Ces dénonciations s’apparentent à celles contenues dans une lettre adressée cette fois par un certain Raymond Ngueuvu Kamga au président de la République, et publiée le 16 août 2023 à la Une du journal La Nouvelle, sous le titre : « André Siaka accusé de martyriser les employés ».
Selon l’entreprise, aucun travailleur portant ces deux noms ne figure pourtant dans leur fichier des employés. « Nous prenons cette démarche comme le mode d’expression d’un jeune en difficulté, qui exprime son mal être et son désir ardent de rejoindre notre famille. Nous saisissons cette occasion pour tendre la main à ce monsieur Djomo Junior, en espérant qu’il existe réellement quelque part dans la nature, afin de l’aider à sortir des difficultés dans lesquelles il serait en ce moment », indique d’ailleurs Routd’Af dans un communiqué officiel publié le 22 août 2023, peu après la publication sur les réseaux sociaux de la « lettre de démission » du « topographe » supposé se nommer Junior Djomo.
Au demeurant, au sein de l’entreprise du BTP fondée par André Siaka, l’on ne dément pas l’existence de difficultés financières ayant entraîné l’accumulation d’arriérés de salaires. Mais, apprend-on, suite à certaines décisions prises par le top management de l’entreprise, les salaires sont redevenus réguliers depuis trois mois. En attendant l’apurement des arriérés, eux-mêmes consécutifs aux retards enregistrés dans le paiement des prestations par les clients. Un cadre de cette entreprise soutient d’ailleurs que cette réalité n’est pas propre à Routd’Af, mais est davantage la conséquence du contexte national et international morose dans le secteur du BTP.
Ces déboires du secteur du BTP tendent à être accrédités par les licenciements massifs effectués ces dernières années au Cameroun notamment par Sogea-Satom, filiale du groupe Vinci. En effet, de sources officielles, entre juillet 2019 et décembre 2021, cette entreprise a licencié 1 650 personnes, ce qui correspond à une réduction de ses effectifs dans le pays de 66% en seulement 3 ans. À l’origine de ces licenciements, soutient l’entreprise, se trouvent les difficultés financières en rapport avec les retards de paiement des prestations, notamment en faveur de l’État. Le ministère des Travaux publics confesse d’ailleurs dans un document officiel que pour la seule année 2020, par exemple, les entreprises du BTP réclamaient cumulativement à l’État des impayés de plus de 200 milliards de FCFA.
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