Africa-Press – Cameroun. Le tramadol est le principal traitement de la famille des opioïdes. Ces derniers sont généralement utilisés comme antidouleurs, mais présentent un risque élevé de dépendance avec d’importants risques pour la santé. La codéine est aussi un médicament opioïde utilisé pour soulager la toux et la douleur légère ou modérée, qui peut créer une dépendance lorsqu’elle est utilisée à fortes doses et sur une longue durée.
Surdosages, dépendance et… présentation d’ordonnances falsifiées
Ces médicaments ne peuvent être dispensés que sur présentation d’une ordonnance. Malgré plusieurs mesures déjà prises pour réduire les risques de mésusage, différentes enquêtes ont montré la persistance des cas d’abus, de surdosages, de dépendance et de présentation d’ordonnances falsifiées pour ces traitements. « En 2022, sur environ 2.600 ordonnances falsifiées, 457 concernaient le tramadol, 416 la codéine pour ses spécialités antitussives et 293 pour des indications contre la douleur », a précisé à l’AFP Philippe Vella, directeur médical à l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Afin de réduire encore les risques, l’ANSM annonce qu’à compter du 1er décembre, les médicaments contenant du tramadol ou de la codéine, seuls ou en association à d’autres substances (paracétamol, ibuprofène…) seront dispensés uniquement sur présentation d’une ordonnance sécurisée.
Ce type d’ordonnance doit remplir des critères visant à la rendre infalsifiable: mention d’informations obligatoires pré-imprimées en bleu permettant d’identifier le professionnel de santé prescripteur, apparition d’un filigrane représentant un caducée, présence de carrés en micro-lettres pour rendre la falsification difficile, grammage minimum fixé à 77 g/m2… Le dosage, la posologie et la durée du traitement devront être rédigés en toutes lettres.
Certains types de médicaments sont déjà soumis à ce type d’ordonnances: des opioïdes (comme la morphine), des psychotropes (certains antidépresseurs et antipsychotiques) ou stupéfiants.
La durée maximale de prescription de la codéine réduite à 12 semaines
Autre mesure annoncée le 26 septembre: comme pour le tramadol, la durée maximale de prescription de la codéine sera réduite à 12 semaines à compter du 1er décembre. Au-delà, la poursuite d’un traitement par codéine nécessitera une nouvelle ordonnance.
Ces deux mesures concernent également la dihydrocodéine, analgésique utilisé pour soulager les douleurs modérées à sévères. Les opioïdes, prescrits et consommés de manière largement incontrôlée aux Etats-Unis, y ont provoqué une crise sanitaire massive ces dernières décennies, en particulier avec le fentanyl.
En France, la situation est sans commune mesure, mais nombre de professionnels de santé s’inquiètent d’une augmentation des cas d’usage détourné d’opioïdes comme le tramadol, notamment utilisé comme sédatif.
Depuis 2017, tous les médicaments contenant de la codéine sont soumis à une prescription médicale. En 2020, la durée maximale de prescription des médicaments contenant du tramadol a été réduite à 12 semaines.
L’ANSM a aussi demandé aux industriels la mise sur le marché de boîtes de tramadol contenant moins de comprimés, adaptées aux traitements de courte durée. Malgré ces efforts, différentes enquêtes ont montré la persistance des cas d’abus, de surdosages où de dépendance, d’où la nécessité de nouvelles mesures.
L’ANSM réfléchit désormais à la manière de mieux informer les patients des risques liés à ces médicaments. Elle envisage par exemple de demander aux laboratoires d’apposer des mentions d’alerte sur les boîtes contenant du tramadol ou de la codéine.
En 2022, l’abus de tramadol a conduit en France à 14 décès
Quelque 10 millions de Français ont reçu au moins une prescription d’opioïdes antalgiques en 2015, selon le dernier état des lieux dressé par l’ANSM en 2019. En 2022, l’abus de tramadol a conduit en France à 14 décès, l’abus de la codéine a entrainé 6 décès la même année.
« L’an dernier, le nombre de comprimés de tramadol prescrit a diminué de 6% par rapport à 2022: on en prescrit moins, il faut maintenant les utiliser mieux », a plaidé Philippe Vella.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Cameroun, suivez Africa-Press