Africa-Press – Cameroun. Nouveau rebondissement dans l’affaire Martinez Zogo. Alors que le Cameroun attend depuis plus de deux ans que justice soit rendue dans ce dossier emblématique, l’audience qui s’est tenue ce lundi 28 avril 2025 à la Cour d’Appel du Centre à Yaoundé s’est soldée par un énième report. Le tribunal a fixé la prochaine audience au 19 mai 2025, en attendant une décision sur la récusation des juges demandée par les avocats de la Direction Générale de la Recherche Extérieure (DGRE).
Ce nouveau renvoi illustre l’impasse judiciaire dans laquelle se trouve cette affaire sensible. Depuis l’ouverture officielle du procès le 25 mars 2024, soit il y a plus d’un an, aucun débat de fond n’a véritablement eu lieu. Une situation qui suscite l’indignation des organisations de la société civile et des défenseurs de la liberté de la presse.
« C’est une stratégie d’usure qui est à l’œuvre », confie sous couvert d’anonymat un avocat proche du dossier. « À chaque audience, de nouvelles manœuvres dilatoires sont employées pour éviter d’entrer dans le vif du sujet. »
Fait notable de cette audience du 28 avril, les principaux accusés ont été extraits de la prison centrale de Kondengui pour comparaître devant la Cour. Jean-Pierre Amougou Belinga, puissant homme d’affaires et propriétaire du groupe L’Anecdote, l’ancien directeur de la DGRE Léopold Maxime Eko Eko, et le lieutenant-colonel Justin Danwe, ont ainsi fait une apparition remarquée au tribunal.
Cette présence physique, plutôt rare dans ce procès, n’a cependant pas fait avancer substantiellement les débats, la Cour étant contrainte de se prononcer d’abord sur la nouvelle demande de récusation des juges avant de pouvoir examiner les questions de fond.
Cette nouvelle demande de récusation intervient dans un contexte procédural déjà complexe. Lors de l’audience précédente du 17 avril 2025, la même Cour avait rejeté une première demande similaire, estimant que les conditions prévues par le Code de procédure pénale n’étaient pas réunies.
Ce rejet devait théoriquement permettre la reprise des débats sur le fond du dossier, notamment concernant les contestations de l’ordonnance de renvoi et les demandes de mise en liberté provisoire formulées par la défense. Mais la stratégie de la défense des agents de la DGRE semble vouloir épuiser toutes les voies procédurales possibles avant d’accepter un débat contradictoire sur les faits.
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