Africa-Press – Cameroun. La déclaration publique de soutien de Samuel Eto’o à Paul Biya lors d’une soirée du 20 mai à Yaoundé relance le débat sur l’engagement politique des figures publiques camerounaises. Entre fidélité personnelle et responsabilité citoyenne, le président de la Fecafoot divise jusqu’au sein de ses propres soutiens.
Cette prise de position intervient dans un contexte pré-électoral où les ralliements et les prises de distance se multiplient. Elle illustre également les contradictions qui traversent la société camerounaise, où l’admiration pour les héros sportifs se heurte parfois aux clivages politiques profonds. L’ancien buteur des Lions Indomptables, devenu dirigeant sportif influent, cristallise aujourd’hui les tensions entre aspiration au changement et fidélité aux institutions établies.
PRÉSIDENTIELLE 2025: Samuel Eto’o réaffirme son soutien à Paul Biya
Ceux qui espéraient voir en Samuel Eto’o quelqu’un qui combat le système doivent aujourd’hui se rendre à l’évidence: l’ancien capitaine des Lions Indomptables défend et reste fidèle au régime Biya-Rdpc.
Dans sa Une de ce jeudi, le quotidien Le Messager nous apprend qu’à l’occasion d’une soirée organisée en son honneur à Yaoundé, le 20 mai dernier, le président de la Fecafoot a réaffirmé publiquement son soutien à Paul Biya, chef de l’État et président national du Rdpc. Un geste fort, assumé, mais qui crée le malaise jusque dans les rangs de ses partisans les plus fidèles.
Ce n’est pas la première fois qu’Eto’o prend position en faveur de celui que beaucoup considèrent comme l’incarnation d’un pouvoir à bout de souffle. Paul Biya, 93 ans, est à la tête du Cameroun depuis 43 ans. Qu’on l’aime ou non, il est aujourd’hui le plus vieux président en exercice au monde, visiblement amorti et affaibli, mais toujours là… par la force du système.
Et pourtant, Samuel Eto’o persiste: pour lui, Biya doit rester au pouvoir jusqu’au bout — coûte que coûte, même si le pays sombre. Un soutien qui, pour nombre d’observateurs, revient à prendre fait et cause pour l’oppresseur, contre le peuple qui souffre chaque jour des effets d’une gouvernance usée, sauvage, brutale et inégalitaire.
Ce ralliement n’est pas anodin. En s’alignant avec le régime, Eto’o se positionne aussi, volontairement ou non, comme le complice d’un pouvoir verrouillé par des figures de l’ombre: Chantal Biya, Oswald Baboke et autres acteurs d’un système qui gouverne à travers un président de plus en plus invalide et invisible.
La question se pose alors, avec acuité:
Que diront ceux qui réclament le changement, mais continuent de soutenir Samuel Eto’o, lui-même soutien du régime qu’ils combattent?
Comme l’a si bien dit Richard Bona:
« Si on vous explique le Cameroun et que vous comprenez, c’est qu’on vous a mal expliqué. »
Le réveil viendra. Et il sera brutal.
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