Africa-Press – Cameroun. La peur des aiguilles explique 10% de l’hésitation vaccinale contre le Covid-19 au Royaume-Uni. Pour tous ces phobiques de l’aiguille et beaucoup d’autres qui préfèreraient éviter la piqure (les enfants sûrement !), l’administration des vaccins par massage cutané est une idée plus que séduisante. Une surprenante prouesse qui vient justement d’être réalisée dans une étude sur la souris, publiée dans la revue Cell Reports.
Un simple massage ouvre les follicules pileux
La majorité des cellules immunitaires se trouvent dans le derme, couche de la peau située sous l’épiderme et juste au-dessus de l’hypoderme. « Pour atteindre le derme on pensait qu’il fallait une abrasion laser ou une aiguille, on ne pensait pas qu’un massage suffirait », commente auprès de Sciences et Avenir Elodie Segura, directrice de recherche Inserm au sein du laboratoire Immunité et cancer (Inserm/Institut Curie) et qui a co-dirigé ces travaux avec l’Institute of Pharmaceutical Science (King’s College London).
Mis au point par l’institut britannique, un petit dispositif d’environ un centimètre de large est placé sur la peau de souris. Relié à une petite pompe, il agit comme une petite ventouse en aspirant légèrement et triple la tension de la peau, à la manière d’un massage. Malgré son apparence anodine, cette simple action a des effets saisissants, sur la souris comme sur des échantillons de peau humaine. « Nos collègues ont constaté une ouverture au niveau des follicules pileux par laquelle de grosses molécules pouvaient pénétrer », relate Elodie Segura, dont l’équipe a investigué les conséquences sur le système immunitaire.
Un « vaccin cutané » efficace
Appliqué sur la peau des souris et sous l’effet du petit dispositif aspirant, le virus inactivé de la grippe saisonnière H1N1, le même que dans le vaccin, a fortement activé le système immunitaire dans le derme. « L’application cutanée du virus inactivé était beaucoup plus efficace que par injection, produisant dix fois plus d’anticorps circulants contre la grippe », raconte Elodie Segura. Contrairement au vaccin utilisé en vie réelle, les produits utilisés dans l’étude ne contenaient aucun adjuvant, ces substances telles que les sels d’aluminium qui permettent d’en multiplier l’efficacité en alertant le système immunitaire.
La version injectée était donc sous-optimale, tandis que la version cutanée a surprenamment développé son propre adjuvant. « Quand on ouvre le follicule pileux par stimulation de la peau, on fait aussi rentrer des fragments de bactéries du microbiote cutané », cette flore bactérienne protectrice qui recouvre notre peau, explique la chercheuse. Ce sont ces fragments qui jouent le rôle d’adjuvant en stimulant le système immunitaire, qui s’emploie alors à produire des anticorps contre le virus inactivé. Pour preuve, les effets du « vaccin cutané » étaient largement amoindris chez les souris modifiées pour être dépourvues de microbiote cutané.
Transformer l’essai sur l’humain
L’effet de ces « vaccins cutanés » est d’autant plus impressionnant qu’il est probablement sous-estimé, la peau des souris étant moins perméable que celle de l’humain. De surcroit, la tension mimée par le petit dispositif aspirant est modeste par rapport à ce qu’un vrai massage peut produire. « Cependant, les souris ont plus de follicules pileux que nous, il sera donc important de vérifier ces données sur l’humain », tempère Elodie Segura. D’ores et déjà, les chercheurs de l’Institute of Pharmaceutical Science ont testé et confirmé la pénétration de molécules fluorescentes dans des peaux humaines récupérées après chirurgie esthétique. « En massant à la main, la quantité de molécules qui pénétraient la peau était encore plus important qu’avec la machine », précise Elodie Segura.
Mais les vaccins ne sont pas les seuls produits susceptibles de pénétrer profondément notre peau, et certains peuvent inquiéter. « Nous allons étudier dans quelle mesure ce massage pourrait déclencher des réactions allergiques, par exemple après l’application de crème solaire ou de cosmétiques », annonce Elodie Segura. Pour l’heure, ces produits sont supposés s’arrêter dans l’épiderme, et leur risque de pénétration dans le derme par le follicule pileux « n’est pour l’instant pas pris en compte », ajoute la directrice de recherche.
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