Quatre Morts Avant Résultats Présidentiels

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Quatre Morts Avant Résultats Présidentiels
Quatre Morts Avant Résultats Présidentiels

Africa-Press – Cameroun. Des manifestations de l’opposition tournent à la violence à la veille de la proclamation officielle

La tension politique au Cameroun a atteint un point critique dimanche, alors que des manifestations convoquées par le candidat de l’opposition Issa Tchiroma Bakary ont dégénéré en violents affrontements avec les forces de l’ordre, faisant au moins quatre morts à Douala.

Les incidents les plus graves se sont produits dans la capitale économique, où des sympathisants du candidat opposant ont répondu à son appel à manifester pacifiquement. Selon Samuel Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la région du Littoral, les manifestants « ont attaqué la brigade de gendarmerie de Nkoulouloun et les commissariats de sécurité publique » de la ville.

Le bilan fait état de quatre morts et de plusieurs membres des forces de sécurité blessés. Des témoins présents sur place ont rapporté l’usage de balles réelles par les forces de l’ordre, après des tirs de gaz lacrymogènes. « Ils ont tiré, trois personnes, trois corps sont tombés devant nous », a confié un manifestant sous couvert d’anonymat.

Ces manifestations interviennent alors que le Conseil constitutionnel doit proclamer ce lundi à 11 heures (10 heures GMT) les résultats définitifs de l’élection présidentielle. Issa Tchiroma Bakary, ancien ministre, revendique la victoire avec 54,8 % des suffrages contre 31,3 % pour le président sortant Paul Biya, 92 ans, au pouvoir depuis 43 ans.

À Garoua, fief de Tchiroma dans le nord du pays, plusieurs centaines de militants scandant « Au revoir Paul Biya, Tchiroma arrive » ont défilé avant d’être dispersés par la gendarmerie après deux heures de manifestation. Le candidat opposant affirme même que des militaires ont tenté dimanche matin de l' »extirper de [sa] maison ».

Les autorités avaient pourtant interdit les rassemblements publics et restreint la circulation dans de nombreuses villes. À Yaoundé, la capitale, un arrêté préfectoral a prohibé toute manifestation pendant 72 heures. La présence policière a été massivement renforcée sur les principaux carrefours, et des arrestations ont été effectuées dans plusieurs quartiers.

Le ministre de l’Administration territoriale, Paul Atanga Nji, a dénoncé samedi des appels à manifester qui créent « incontestablement les conditions d’une crise sécuritaire » et participent « à la mise en œuvre d’un projet insurrectionnel ». Le gouverneur Ivaha Diboua a qualifié l’appel à manifester d' »irresponsable ».

Vendredi, les autorités avaient déjà interpellé à Douala deux présidents de mouvements politiques: Djeukam Tchameni (Mouvement pour la démocratie et l’interdépendance) et Anicet Ekane (Mouvement africain pour la nouvelle indépendance du Cameroun), tous deux membres de l’Union pour le changement 2025, une coalition qui soutient Issa Tchiroma Bakary.

Ces événements rappellent la crise de 2018, lorsque des dizaines de manifestants avaient été arrêtés après avoir contesté les résultats de la présidentielle remportée par Paul Biya face à Maurice Kamto.

Le pays retient son souffle dans l’attente de l’annonce officielle des résultats, dans un climat de défiance et de tensions exacerbées.

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