Le souchet, tubercule sauvage devenu « super aliment »

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Le souchet, tubercule sauvage devenu
Le souchet, tubercule sauvage devenu "super aliment"

Africa-Press – CentrAfricaine. Le souchet est un amuse-bouche qu’on peut trouver sur les étals de certains vendeurs de fruits rares dans la sous-région ouest-africaine. Il s’impose de plus en plus et commence à attirer l’attention des paysans, chercheurs, transformateurs et autorités car nombre de ses vertus en font un trésor nutritionnel.

Produit dans beaucoup de pays d’Europe, du Moyen Orient et d’Afrique de l’Ouest (Burkina, Nigeria, Niger, Ghana, Côte d’Ivoire, Mali), le souchet a été longtemps négligé et considéré même comme une herbe sauvage, parfois cultivé juste pour la consommation locale.

Ces tubercules se présentent comme de petits fruits plus ou moins ronds, un peu durs, de couleur brune ou jaune. Ils viennent d’une plante vivace qui est aussi appelée « pois sucré », « noix tigrée » ou encore dans les langues africaines « tchongon » (Cote d’Ivoire), « Efio » (mina/Togo), « ndir » (wolof/Sénégal), « atadwe » (Ghana).

On les consomme cru, cuit ou même grillé comme une friandise surtout. Certains les trempent dans l’eau avant consommation. Ils ont un gout légèrement sucré, laiteux avec une saveur de noisette.

Ces noix renferment du calcium et sont très riches en nutriments énergétiques ainsi qu’en protéines, en phosphore, potassium, magnésium, en fibres, en vitamine C.

Le magnésium permet au calcium de se fixer sur les os et est nécessaire pour le fonctionnement des reins. Le potassium est utile pour une bonne tension artérielle tout en jouant un rôle favorable sur l’activité cardiaque.

Dr Ousmane Ouedraogo, nutritionniste et président de la Société de Nutrition du Burkina Faso ajoute que “la teneur en nutriments de 100 g de souchet déterminé sur la base des analyses laboratoires est de 452 kilocalories, 4 g de protides, 25 g de lipides, 57 g de glucides, 48 mg de calcium, 6 mg de vitamine C, 3 mg de fer et des traces de vitamines du groupe B. En plus de cela, le souchet contient des fibres qui aident à la bonne digestion”.

Sans gluten, il convient parfaitement aux besoins des personnes allergiques au gluten et de ceux qui suivent un régime non sucré.

Dr Ousmane Ouedraogo explique que le souchet est transformé en jus ou lait communément appelé « horchata », en huile pour la consommation et la cosmétique ainsi qu’en farine utilisée pour faire des tourteaux, des gâteaux et biscuits.

Certains estiment que le lait de souchet prévient le cancer du côlon, en raison de sa teneur élevée en fibres, de son nutriment E, de son magnésium et de ses propriétés saturantes qui aident également la peau à briller.

L’huile de souchet est très appréciée car ses qualités nutritives et thérapeutiques sont dites comparables à l’huile d’olive notamment. De couleur marron doré, elle possède des propriétés nutritives uniques pour une utilisation dans l’alimentation (fritures, assaisonnements) et la cosmétique.

Les tubercules du souchet servent aussi à fabriquer de la farine de souchet, utilisée dans la pâtisserie.

Producteurs, transformateurs, négociants, bailleurs de fonds et chercheurs tentent de de mieux valoriser sa culture et pour le rendre compétitif sur le marché́ international.

On constate par exemple qu’au Niger le souchet est devenu un produit de substitution face au recul d’une culture de rente comme l’arachide.

Le pays a produit 52.044 tonnes de souchet durant la campagne 2021 selon le ministère nigérien de l’agriculture, qui signale une progression moyenne de 14% durant les 5 dernières années.

Les paysans en ont toujours produit dans des champs de case mais cette culture avait pris de l’ampleur dans la zone après le déclin de l’arachide pour deux principales raisons : le souchet est prisé au Nigeria voisin et les terres allouées à la culture de l’arachide y sont bien adaptées.

Bori Haoua, docteur agronome spécialisé qui a publié une étude sur les atouts et les contraintes de la culture de souchet au Niger estime que la composition nutritionnelle de ces tubercules peut favoriser leur incorporation dans l’alimentation de la population nigérienne.

Au moment où ce produit est de plus en plus apprécié, il insiste sur le fait que le souchet doit être pris en charge par la recherche scientifique.

Au niveau international, certains considèrent de plus en plus le souchet comme un « superaliment ».

Ousmane Ouedraogo nous dit ce qu’il en pense : « au regard de sa composition nutritionnelle, le souchet peut être considéré comme un aliment apportant naturellement plusieurs nutriments à des quantités raisonnables, donc il peut être considéré comme un superaliment.

En dépit de cela, un aliment à lui seul ne nous permet pas de combler tous nos besoins nutritionnels. C’est pour cela que nous devons consommer plusieurs groupes d’aliments par jour. Par exemple, chez les femmes il faut 5 groupes d’aliments par jour et chez les enfants c’est au moins 4 groupes par jour ».

Jusqu’à présent, le souchet n’est pas vraiment suivi de manière distincte dans les données statistiques officielles de la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest. Des efforts sont faits pour fournir aux producteurs, des variétés adaptées aux différents types de sols afin de booster la production/ Toutefois il est surtout vu comme une culture ayant un fort potentiel d’exportation et la transformation industrielle est presque inexistante.

En revanche, dans un pays comme l’Espagne (région de Valence), la production de souchet se fait à grande échelle et est suivie d’une transformation pour l’industrie alimentaire en raison essentiellement de la demande croissante des consommateurs pour le « horchata de chufa », une boisson espagnole produite à partir de ces tubercules.

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