
Africa-Press – CentrAfricaine. Le ministre de la Fonction publique Marcel Djimassé et la cheffe de la MINUSCA Valentine Rugwabiza ont fait le point sur les avancées et défis de l’extension de l’autorité de l’État centrafricain, lors d’une conférence de presse conjointe à Bangui.
L’extension de l’autorité de l’État sur l’ensemble du territoire est devenue une tâche prioritaire pour le gouvernement et la MINUSCA. Comme l’a rappelé Mme Rugwabiza, “le stade de reconstruction de la paix et de la sécurité où se trouve le pays demande une extension de la présence et de l’autorité de l’État centrafricain sur tout le territoire, avec un accent particulier dans les zones d’accès les plus difficiles”.
Ce défi pour l’autorité de l’État est d’autant plus important que la centralisation des services à Bangui remonte à bien avant la crise de 2013. “Depuis son indépendance, beaucoup de services avaient été centralisés à Bangui”, a souligné la cheffe de la MINUSCA.
La MINUSCA concentre ses efforts sur trois volets principaux pour renforcer l’autorité de l’État: les infrastructures, les services administratifs et la sécurité.
Concernant les infrastructures, la mission onusienne a construit et réhabilité plus de 2000 km de routes ces deux dernières années, notamment entre Bangassou, Obo et Bambouti ou encore entre Bria, Bambari et Pombolo. Des bacs ont également été réparés pour faciliter la traversée des nombreuses rivières du pays.
En outre, 37 pistes d’atterrissage pour avions et hélicoptères ont été aménagées ou réhabilitées. “L’impact est évident en termes d’accès pour les populations, les forces de la MINUSCA et les services de l’État centrafricain”, s’est félicitée Mme Rugwabiza.
Le ministre Djimassé a mis l’accent sur l’importance de déployer davantage de fonctionnaires en province pour renforcer l’autorité de l’État. Actuellement, sur 20 400 fonctionnaires civils actifs, seuls 4 700 sont affectés hors de Bangui.
“C’est le premier défi qu’il va falloir relever pour étendre l’autorité de l’État centrafricain. Cette fracture entre Bangui et les provinces, il faut travailler à la réduire”, a-t-il déclaré. Le gouvernement a ainsi lancé un programme de recrutement de 6 000 agents civils, avec l’espoir de passer à 7 000 fonctionnaires en province.
Une attention particulière est portée au recrutement de femmes, encore sous-représentées dans la fonction publique. Les maîtres-parents, qui ont pallié l’absence de l’autorité de l’État dans l’éducation, seront également intégrés.
Sur le plan sécuritaire, la MINUSCA appuie le déploiement des forces armées et de sécurité intérieure pour renforcer l’autorité de l’État centrafricain. Elle a notamment construit ou réhabilité 18 gendarmeries l’an dernier.
Le ministre a souligné les progrès réalisés, avec un effectif des forces de défense et de sécurité passé de 6 000 en 2015-2016 à environ 20 000 aujourd’hui. “C’est encore assez faible vu l’étendue du territoire, mais au vu de nos moyens, c’est un effort qu’il faut saluer pour asseoir l’autorité de l’État centrafricain”, a-t-il estimé.
Malgré ces avancées, d’importants défis demeurent. Le ministre a notamment évoqué les difficultés de logement des fonctionnaires en province.
“Nous sommes en train de travailler avec le ministère de l’Urbanisme sur des modèles de villages de fonctionnaires de sept à dix cases”, a-t-il indiqué, précisant qu’un financement serait recherché auprès des partenaires pour renforcer l’autorité de l’État centrafricain.
L’accès à l’eau reste également problématique dans certaines localités comme Bambouti, freinant le déploiement des forces de sécurité et l’extension de l’autorité de l’État centrafricain.
Mme Rugwabiza a pour sa part insisté sur “l’énorme chantier” des services sociaux de base (santé, éducation) qui reste à mener pour consolider l’autorité de l’État centrafricain.
Interrogés sur la récente déclaration de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC) en faveur d’un retour dans l’accord de paix, le ministre et la cheffe de la MINUSCA ont appelé à la prudence tout en se montrant ouverts au dialogue.
“Le gouvernement laisse la porte ouverte à toutes les bonnes volontés qui veulent nous accompagner vers la paix et le renforcement de l’autorité de l’État centrafricain”, a déclaré M. Djimassé. Il a cependant souligné qu’au-delà des déclarations, “des actes concrets doivent être posés”, comme “la volonté réelle d’aller vers le cantonnement et le désarmement des troupes”.
Mme Rugwabiza a abondé dans le même sens, estimant qu’”il faut toujours donner une chance à la paix” tout en attendant “des actes qui vont démontrer que la volonté de rejoindre l’APPR est sincère et contribuera à renforcer l’autorité de l’État centrafricain”.
Les deux responsables ont appelé les médias à jouer un rôle pédagogique pour favoriser la réconciliation et le renforcement de l’autorité de l’État , tout en soulignant l’importance du travail de la Commission vérité, justice et réconciliation.
“Travaillons tous dans nos capacités respectives pour faire avancer la paix et consolider l’autorité de l’État centrafricain”, a conclu la cheffe de la MINUSCA, rappelant que les Centrafricains ont “beaucoup plus à gagner” d’une paix durable dans leur pays.
Source: Corbeau News Centrafrique ou si b il LPP et actualités en République centrafricaine
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