Walid Kéfi
Africa-Press – CentrAfricaine. En Afrique plus qu’ailleurs, les entreprises chinoises préfèrent les contrats d’ingénierie, approvisionnement et construction (EPC) aux prises de participations directes dans les projets d’énergies renouvelables pour minimiser les risques.
Les énergies renouvelables ont représenté 59% du total des 49 projets énergétiques annoncés en 2024 par des entreprises chinoises en Afrique, où l’augmentation de la demande d’électricité stimule l’adoption des technologies éoliennes et solaires bon marché, selon un rapport publié le mercredi 7 mai 2025 par le think tank ODI Global (anciennement Overseas Development Institute).
Intitulé « China’s evolving role in Africa’s energy transition – Overseas trade and investment in Kenya, Mozambique and South Africa », le rapport précise que l’accent mis par Pékin sur les renouvelable en Afrique s’aligne sur les tendances mondiales qui montrent que les investissements chinois dans le domaine de l’énergie à l’étranger passent de plus en plus des combustibles fossiles aux énergies renouvelables. L’empire du Milieu s’est d’ailleurs engagé depuis 2021 à cesser de financer de nouvelles centrales électriques à charbon à l’étranger.
A l’échelle mondiale, les entreprises d’Etat et celles privées chinoises préfèrent remporter des contrats d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction (Engineering, procurement, and construction/EPC) plutôt que de prendre des participations directes dans des projets énergétiques. Cela est particulièrement vrai sur les marchés jugés à plus haut risque tels que les pays africains, où les contrats de construction représentent 85% des activités des entreprises chinoises dans le domaine de l’énergie contre 15% pour les projets impliquant des prises de participation directes ou des acquisitions.
A quelques exceptions près, les entreprises chinoises ont également évité jusqu’ici de développer des projets portés par des producteurs d’électricité indépendants (IPP), qui s’appuient sur des accords d’achat d’électricité avec des compagnies publiques ou d’autres acheteurs.
Au total, l’Afrique a concentré 20% des investissements et des contrats de construction impliquant des entreprises chinoises dans le domaine des énergies renouvelables.
Des financements de 65 milliards de dollars
Entre 2010 et 2021, les pays africains ont reçu 65 milliards de dollars de financements chinois dédiés à des projets d’énergies renouvelables, soit près du tiers de l’ensemble du portefeuille de prêts accordés par Pékin à des gouvernements ou des entreprises à l’étranger pour développer des projets dans ce même domaine. Environ 60% des projets réalisés en Afrique ont une valeur de moins de 100 millions de dollars, et 15% ont nécessité des investissements de plus de 500 millions de dollars.
Au plan mondial, les tendances globales en matière de prêts chinois qui servent à financer des projets dans le domaine du renouvelable révèlent que l’approche de financement s’éloigne des prêts concessionnels accordés par les banques d’Etat. Priorité est donnée à une participation accrue des banques commerciales telles que l’Industrial and Commercial Bank of China (ICBC) et Bank of China, les fonds étant de plus en plus destinés à des coentreprises ou à des Fonds commun de créances (Special Purpose Vehicles)
Un examen plus approfondi des modalités d’engagement de Pékin en Afrique montre que le financement des projets d’énergies renouvelables reste principalement destiné à des agences gouvernementales ou à des sociétés d’Etat. En moyenne, 92% des prêts chinois destinés à ce secteur ont été accordés à une agence gouvernementale ou à une entreprise d’Etat du pays d’accueil entre 2010 et 2021. Ils sont souvent accordés à par des « policy banks » comme la Banque chinoise d’import-export (China Eximbank) and la China Development Bank (CDB).
Le rapport fait remarquer par ailleurs que les pays africains représentent désormais une destination de choix pour les exportations des technologies solaires et éoliennes chinoises, vu que les entreprises d’ingénierie et de construction chinoises s’approvisionnent généralement en équipements auprès de sociétés chinoises comme Huawei et Trina Solar.
Les exportations de technologies solaires et éoliennes estampillées « Made in China » vers le continent ont augmenté de 153% en glissement annuel entre 2020 et 2024. Cette forte croissance devrait se poursuivre compte tenu de l’augmentation de la demande de production d’électricité, des ressources inexploitées en matière d’énergies renouvelables sur le continent et des prix abordables des produits chinois comme les panneaux solaires et les éoliennes.
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