« Nous avons encore beaucoup à apprendre » : ces observations de baleineaux qui étonnent les spécialistes

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"Nous avons encore beaucoup à apprendre" : ces observations de baleineaux qui étonnent les spécialistes

Africa-Press – CentrAfricaine. Les baleines à bosse ont une routine bien rôdée. Elles se nourrissent sur des aires d’alimentations près des pôles, puis le moment venu, elles retournent dans les eaux tropicales, à basse latitude, se rapprochant de l’Equateur pour donner naissance (voir l’infographie ci-dessous). Les baleineaux ne naissent jamais trop loin dans le sud du globe. Par exemple, ils ne viennent pas au monde au large de la Nouvelle-Zélande. Du moins, c’est ce que pensaient les chercheurs.

Plusieurs observations viennent aujourd’hui modifier l’image que l’on se faisait de la migration chez ces cétacés. En se basant sur plus de 200 naissances documentées par différentes sources (agences gouvernementales, navires de tourisme…), une étude publiée dans la revue Frontiers in Marine Science révèle que les baleineaux ne naissent pas seulement dans les eaux tropicales.

Une conclusion étonnante qui implique qu’une baleine peut donner naissance au cours de la migration, un voyage épuisant, et que son tout jeune baleineau doit la suivre dans ce périple.


« Nous ne savons pas vraiment où se situe la limite »

La migration annuelle de ces baleines implique de parcourir des milliers de kilomètres entre les habitats de haute latitude l’été jusqu’aux habitats de basse latitude l’hiver. Elles se nourrissent d’abord durant la période estivale afin d’avoir l’énergie de migrer et de se reproduire durant la saison froide. Les lieux sont donc bien définis, et le moment de leur utilisation aussi.

Mais des études avaient déjà souligné que la réalité semble plus complexe, ce que confirme cette nouvelle publication qui se concentre sur la migration des baleines à bosse au large de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Ses résultats révèlent que des observations de baleineaux nouveau-nés « aux latitudes les plus élevées ont été réalisées à 43°S près de Port Arthur, en Tasmanie, en Australie orientale, à 42°S près de Kaikoura en Nouvelle-Zélande et à 35°S près d’Albany, en Australie occidentale ». Environ 1500 km plus bas que ce qui était admis jusqu’à présent concernant le lieu des naissances. Dans un communiqué, la chercheuse Jane McPhee-Frew reconnait: « Nous ne savons pas vraiment où se situe la limite ».

Il est possible que ce comportement ne soit pas nouveau. Il serait juste redevenu visible récemment avec l’augmentation du nombre de baleines à bosse. D’ailleurs, au 19e siècle, des baleiniers notaient déjà des naissances à des latitudes élevées avant que le nombre de cétacés ne s’effondre à cause de la chasse à la baleine.

Une migration difficile à expliquer

Ces 209 observations au total démontrent que les baleines ne doivent pas obligatoirement donner naissance dans les aires d’hivernage où l’eau est chaude. Mais aussi que les baleineaux migrent ensuite avec leur mère vers le nord sur des milliers de kilomètres, croisant de dangereuses voies de navigation. Le nouveau-né est alors extrêmement vulnérable et la mère doit adapter sa vitesse pour qu’il puisse suivre.

Si ce n’est pas pour permettre la naissance dans des eaux chaudes, alors pourquoi la migration, pourtant tellement épuisante, a-t-elle lieu malgré tout? Une explication est que les eaux chaudes apportent aussi des bénéfices aux adultes. Une autre possibilité est que l’instinct prend le dessus.

« Une femelle qui a mis bas pendant la migration continue-t-elle avec l’intention d’atteindre une ressource pour son propre bénéfice, ou continue-t-elle en raison d’un instinct génétiquement codé ou d’un comportement spatial profondément appris, que les bénéfices pour son petit soient toujours pertinents ou non? », s’interrogent les chercheurs.

Un couloir de migration à protéger

Par ailleurs, ils savent que l’alimentation ne se limite pas aux hautes latitudes. Finalement, « plutôt qu’une séparation totale des zones d’alimentation et de reproduction distinctes reliées par une voie de circulation, les baleines à bosse utilisent un continuum d’habitats ». Et cette découverte est importante pour protéger les baleineaux qui sont particulièrement fragiles lorsqu’ils viennent de naître.

Des précautions pourraient alors être prises au large de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande. Et de futures études pourraient comparer la survie des baleineaux nés dans les eaux chaudes à celle des baleineaux nés dans les eaux tempérées. « Nous avons encore beaucoup à apprendre », conclut Jane McPhee-Frew.

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