Père Nigérien de Touadéra: Obstacle à Sa Candidature

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Père Nigérien de Touadéra: Obstacle à Sa Candidature
Père Nigérien de Touadéra: Obstacle à Sa Candidature

Africa-Press – CentrAfricaine.
La promulgation de la nouvelle Constitution centrafricaine en août 2023 pourrait bien se retourner contre son principal architecte. Le président Faustin-Archange Touadéra, qui a imposé ce texte pour écarter ses rivaux politiques, se retrouve aujourd’hui pris au piège de ses propres règles.

Le 30 juillet 2023, les Centrafricains étaient appelés aux urnes pour un référendum constitutionnel organisé dans des conditions plus que douteuses. Malgré les chiffres officiels de l’Autorité nationale des élections (ANE) annonçant une participation de 61,10%, les observateurs sur le terrain parlent d’une réalité bien différente: entre 10 et 15% de participation réelle seulement.

Dans les quartiers de Bangui comme à l’intérieur du pays, les bureaux de vote étaient désespérément vides.

Sur une population de plus de 5 millions d’habitants, seuls 1,5 million d’électeurs auraient effectivement participé au scrutin. L’opposition crie au scandale, d’autant plus que l’absence du Sénat rendait le processus anticonstitutionnel selon elle.

Le nouveau texte fondamental apporte des modifications majeures: suppression de la limite de deux mandats présidentiels, allongement du mandat à sept ans, et surtout, introduction d’une règle stricte concernant la nationalité des candidats à la présidence.

Désormais, tout prétendant au fauteuil présidentiel doit être “centrafricain d’origine”, c’est-à-dire né de père et de mère centrafricains, eux-mêmes centrafricains d’origine, et ne posséder qu’une seule nationalité. Cette disposition, taillée sur mesure pour éliminer des figures comme Anicet-Georges Dologuélé, se révèle aujourd’hui être un boomerang pour Touadéra lui-même.

Dans la capitale comme dans les villages reculés de la Centrafrique, tout le monde connaît la vérité sur les origines du président: son père est nigérien. Ce Peul originaire du Niger n’a jamais été centrafricain, contrairement à ce que tente de faire croire l’entourage présidentiel.

La mère de Touadéra, bien que centrafricaine, est elle-même d’origine congolaise (RDC). Cette ascendance mixte ne permet pas au président de remplir les critères draconiens de sa propre Constitution.

Face à cette évidence gênante, le pouvoir a tenté une opération de communication pour le moins maladroite. Le ministre conseiller Fidèle Gouandjika s’est rendu à Damara, à 75 kilomètres de Bangui, pour désigner une tombe comme étant celle du père de Touadéra.

Mais les Centrafricains ne sont pas nés de la dernière pluie. Cette sépulture est en réalité celle du beau-père du président, l’époux de sa mère, et non de son père biologique. Le nom de naissance de Touadéra, qui signifie “enfant de cousin” en sango, révèle qu’il a grandi sans père reconnu, élevé par des cousins maternels.

Le Bloc républicain pour la défense de la Constitution (BRDC), qui regroupe l’opposition, dénonce cette comédie. Selon ses leaders, Martin Ziguélé et Crépin Mboli-Goumba, la Constitution de 2023 est “crisogène” et le référendum qui l’a adoptée était illégal.

“Comment peut-on accepter qu’un président applique sélectivement sa propre Constitution?”, s’interroge un cadre de l’opposition. Plusieurs ministres du gouvernement Touadéra possèdent notoirement la double nationalité – tchadienne, congolaise ou autre – en violation du texte constitutionnel.

Malgré l’évidence de l’inéligibilité de Touadéra selon ses propres critères, le Conseil constitutionnel pourrait valider sa candidature pour 2025. Depuis l’éviction controversée de Danièle Darlan en 2022, remplacée par Jean-Pierre Waboé, un parent ethnique du Président, l’institution a perdu totalement son indépendance.

Les enjeux sont considérables pour un pays déjà meurtri par des années de conflits. Si le Conseil constitutionnel fermait les yeux sur cette violation manifeste de la Constitution, cela pourrait embraser la Centrafrique.

L’opposition appelle à un dialogue national urgent pour éviter que la question de l’éligibilité présidentielle ne plonge le pays dans une nouvelle crise. Car dans un pays où les origines ethniques de chacun sont connues de tous, les tentatives de dissimulation ne trompent personne.

La nationalité nigérienne du père de Touadéra demeure le secret le mieux partagé de Centrafrique. Reste à savoir si les institutions sauront faire respecter la Constitution ou si elles céderont aux pressions du pouvoir en place….

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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