Fraude À L’Université de Bangui: Professeurs Escrocs

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Fraude À L'Université de Bangui: Professeurs Escrocs
Fraude À L'Université de Bangui: Professeurs Escrocs

Africa-Press – CentrAfricaine.
À l’Université de Bangui, une pratique frauduleuse et systémique impliquant des professeurs est profondément enracinée, une triste réalité que l’on tente désespérément de dissimuler.

Chaque année, un phénomène impressionnant se déroule à l’Université de Bangui, un secret que beaucoup préfèrent taire et que la presse, étrangement, semble ignorer.

Ce système de fraude sévit dans presque toutes les facultés de l’université, à l’exception notable de la Faculté des sciences de la santé. À la Faculté des sciences, il existe, mais de manière très limitée. Toutefois, dans la quasi-totalité des autres facultés de l’Université de Bangui, ce phénomène est monnaie courante.

Le principe est simple: chaque année, des enseignants, parfois des vacataires, sont recrutés pour dispenser des cours. À la fin du semestre ou de l’année, leurs heures de cours sont comptabilisées et ils sont rémunérés en conséquence. Cette rémunération peut atteindre des sommes considérables, parfois deux à trois millions de francs CFA par an, selon le volume horaire.

Cette manne financière est si attractive que de nombreux enseignants, y compris des doyens et des chefs de département, refusent d’y renoncer. Conséquence: chaque année, une véritable bataille se livre entre les professeurs pour obtenir le plus grand nombre d’heures d’enseignement. Un enseignant peut ainsi se voir attribuer 50 heures pour une matière, ou 30 heures pour autre.

Le stratagème est le suivant: en début d’année universitaire, ces professeurs se présentent aux étudiants, distribuent des polycopiés (supports de cours détaillés) et disparaissent. Ils restent absents jusqu’à la fin de la session. Au moment des examens, ils réapparaissent, déposent leurs sujets et s’éclipsent à nouveau une fois les épreuves passées.

Le problème majeur est évident: comment l’administration peut-elle comptabiliser les 30 ou 50 heures de cours de professeurs qui n’ont été présents qu’un seul jour? C’est là qu’intervient la “mafia”.

Pour contourner ce problème, les professeurs exercent une forte pression sur les délégués de classe. Ces derniers sont chargés de remplir les “cahiers de texte”, des documents officiels qui attestent de la présence des enseignants et du déroulement des cours. Les délégués “inventent” alors des heures de cours, imaginant les jours et les créneaux horaires, afin d’atteindre le nombre d’heures requis. Une fois remplis, ces cahiers de texte sont remis à l’administration.

Parfois, les professeurs vont même jusqu’à exiger que les délégués leur rapportent les cahiers remplis pour vérification avant de les déposer à l’administration. Une fois validés par les professeurs, les documents sont soumis, l’administration calcule les heures fictives et les enseignants sont payés en fonction. Il s’agit ni plus ni moins de mafia pure et simple. C’est de l’escroquerie pédagogique, ou du moins du vol tout simplement.

Prenons le cas de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines. Le doyen lui-même est au centre de ce système. Bien qu’il occupe un poste de direction, il participe à ces vacations fictives et perçoit des rémunérations indues.

D’autres personnalités importantes sont également impliquées. Monsieur Blaise YYandi, le directeur de l’École Normale Supérieure (ENES), est un exemple frappant de “professeur fantôme”. Enseignant au département d’histoire de la Faculté des Lettres, il se contente de distribuer un polycopié en début d’année et de disparaître. À la fin de l’année, il contacte les délégués pour qu’ils remplissent les cahiers de texte, et c’est tout.

Le directeur de cabinet de l’actuel Ministre de l’Enseignement Supérieur, également enseignant au département d’histoire, agit de la même manière. Il se présente en début de semestre, distribue des supports de cours et disparaît, ne réapparaissant qu’à la fin pour déposer ses examens et faire pression sur les délégués.

Ce “business” est généralisé. Que ce soit en droit, en sciences économiques, à l’IST, à la Faculté des Lettres, à l’École nationale Supérieure, ce modus operandi est appliqué par la quasi-totalité des professeurs.

Face à une telle situation, on est en droit de se demander si le pays dispose d’un système de contrôle efficace. L’enseignement tel qu’il est pratiqué dans ces conditions n’est pas de l’enseignement, c’est de l’escroquerie pure et simple. Ces individus, qui devraient transmettre le savoir aux étudiants, se comportent comme des voyous et n’hésitent pas à accuser les autres alors qu’ils sont eux-mêmes indignes de la mission qui leur est confiée….

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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