Africa-Press – CentrAfricaine. Le trafic illicite de carburant continue de prospérer sous le nez des autorités centrafricaines, malgré les prétendues mesures prises par le ministre des Hydrocarbures, Arthur Bertrand Piri.
Un arrêté ministériel de décembre 2022, interdisant formellement le transport et le stockage de carburant dans des fûts par des particuliers, n’est qu’une coquille vide. Le récent incendie d’un camion appartenant à un cousin du ministre de l’élevage, un certain Abdoulaye Sossal, chargé de fûts de gazole à destination d’un chantier chinois, dévoile l’ampleur de ce trafic mafieux et l’inaction complice du ministre de l’énergie.
En effet, dans la nuit du vendredi au samedi, vers 19h20, un camion appartenant à Abdoulaye Sossal, chargé de fûts de gazole, a pris feu au niveau de PK12, près de la brigade de la gendarmerie territoriale. Ce camion, qui avait quitté le quartier PK5 dans le 3e arrondissement, transportait illégalement du carburant, prétendument destiné à alimenter un chantier chinois. Selon des témoins, le camion a frôlé la catastrophe à PK5 en tentant de prendre feu, avant d’être éteint par les travailleurs. Mais une fois arrivé au PK12, le camion a rapidement pris feu et s’est rapidement propagé aux kiosques qui sont installés aux abords de l’avenue du 15 mars au PK12.
Cependant, la destination réelle de ce camion fait l’objet de plusieurs versions contradictoires. Certaines sources parlent du ravitaillement d’un site minier chinois dans une ville de province. D’autres sources au ministère de l’Énergie évoquent plutôt un ravitaillement du groupe Wagner aussi dans une ville de province. L’absence de déclaration officielle des autorités sur cette affaire et leur silence persistent alimentent cette dernière hypothèse. Le fait qu’aucune communication n’ait été faite malgré les dégâts occasionnés pourrait indiquer que cette livraison concernait effectivement le groupe Wagner.
Cette situation rappelle l’arrêté du ministre des Hydrocarbures Arthur Bertrand Piri de décembre 2022. Ce texte interdit aux particuliers de transporter et stocker du carburant dans des fûts. Pourtant, cette pratique continue dans plusieurs quartiers de la capitale.
Rappelez-vous, en décembre 2022, un incendie similaire s’était produit à Ramandji. Plus de 600 fûts de carburant stockés illégalement avaient pris feu. Zenaba Hissène avait perdu sa maison et 800 000 FCFA d’économies dans cet accident. D’autres cas ont été enregistrés depuis.
Le Groupe de travail de la société civile a publié un rapport en octobre 2024 sur le secteur pétrolier centrafricain. Ce document examine l’attribution du contrat d’importation de carburant à Neptune Oil, une entreprise camerounaise, depuis septembre 2023.
Selon ce rapport, le contrat aurait été signé sans appel d’offres. Les auteurs estiment que cette situation coûte environ un milliard de FCFA par mois en pertes fiscales à l’État. Le ministre Piri a rejeté ces accusations qu’il juge politiquement motivées.
Pendant ce temps, le prix du carburant reste élevé à Bangui. Pendant les périodes de pénurie, comme en avril 2023, les vendeurs informels pratiquent des prix entre 2 000 et 2 500 FCFA le litre.
L’arrêté ministériel de décembre 2022 existe bel et bien. Il fixe des règles précises pour le transport de carburant. Les particuliers n’ont pas le droit de transporter ou stocker du carburant dans des fûts sans autorisation spéciale.
Les entreprises qui ont besoin de carburant pour leurs activités doivent passer par les circuits officiels. Ces circuits existent et fonctionnent, même si l’approvisionnement connaît parfois des difficultés.
Les forces de sécurité effectuent des contrôles sur les routes. Mais visiblement, certains transports continuent de bénéficier de complicités….
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