Africa-Press – CentrAfricaine.
Célestin Yanindji, président de la Fédération Centrafricaine de Football, dénonce les agissements du ministre des Sports qui paralyse le développement du football national.
Célestin Yanindji ne mâche pas ses mots. Face aux caméras de la télévision panafricaine, le président de la Fédération Centrafricaine de Football (FCF) livre sa version des faits dans le différend qui l’oppose au ministre des Sports, Héritier Doneng.
“Ce ministre traîne des casseroles et cherche à salir l’honneur des autres”, déclare-t-il sans détour.
Le conflit atteint son paroxysme avec la décision du ministre de suspendre Célestin Yanindji et le secrétaire général de la FCF. Une mesure que le président de la fédération qualifie d’illégale et d’abusive.
“Il n’a pas le pouvoir de sanctionner un président de fédération ou ses membres”, martèle Célestin Yanindji, qui rappelle que la FCF fonctionne selon les statuts de la FIFA et la Constitution centrafricaine de 2023.
Héritier Doneng reproche à la fédération son manque de respect envers l’équipe nationale et l’organisation d’un tournoi amical au Maroc en juin 2025 sans autorisation préalable. Célestin Yanindji balaye ces accusations d’un revers de main. La FCF avait bel et bien déposé les demandes d’ordre de mission pour les équipes U17, U20 et A, mais le ministère les a tout simplement ignorées.
“Il raconte des histoires qui ne tiennent pas la route”, lâche le dirigeant, visiblement exaspéré par ce qu’il considère comme des accusations mensongères. Pour lui, Doneng cherche à nuire à ceux qui œuvrent pour le développement du football en Centrafrique.
Célestin Yanindji dresse un tableau accablant de l’action du ministre. En avril dernier, Doneng a proposé de suspendre l’équipe nationale A pour trois ans, une proposition heureusement rejetée par le Conseil des ministres. En juin, il a nommé un entraîneur sans consulter la fédération, une décision que la FCF a refusée d’entériner.
“Il se prend pour le patron du football”, ironise Célestin Yanindji, qui dénonce une ingérence constante dans les affaires de la fédération. Pire, le ministre bloque systématiquement les démarches administratives. Depuis janvier, les dossiers pour obtenir des ordres de mission ou des devises via la Banque centrale restent sans suite.
Cette paralysie administrative porte préjudice à l’image de la Centrafrique et entrave le développement du sport national, selon le président de la FCF.
Pendant que Doneng multiplie les entraves, la FCF affiche un palmarès enviable. Depuis 2019, sous la présidence de Yanindji, la Centrafrique a décroché trois qualifications historiques à la CAN U-20, une première participation à la CAN U-17 et une qualification au CHAN.
La fédération porte également des projets d’envergure: un centre technique pour le football féminin unique en Afrique, financé par la FIFA, un centre pour les hommes qui ouvrira ses portes avec l’arrivée d’un coach FIFA en juillet 2025, et un programme d’installation de 10 mini-terrains dans les écoles du pays.
Ces réalisations contrastent avec l’inaction reprochée au ministre. Célestin Yanindji pointe notamment l’état du stade national, inutilisable depuis 2021 malgré des travaux quasi achevés. Une enquête parlementaire examine ce dossier où le nom de Doneng apparaît avec insistance.
Malgré la virulence de ses propos, Yanindji tend la main. Il souhaite apaiser les tensions à condition que “chacun fasse son travail dans le respect des règles”. Le dirigeant demande au ministre d’agir dans le cadre strict de ses attributions et d’emprunter les voies officielles pour dialoguer avec la fédération.
“Nous sommes dans un pays de droit, pas dans un endroit où l’on fait ce qu’on veut”, insiste-t-il. La FCF, elle, ne compte pas se laisser intimider: “Ses décisions ne nous arrêtent pas”, affirme Yanindji, déterminé à poursuivre sa mission avec le soutien de la FIFA.
Ce bras de fer entre Yanindji et Doneng montre les dysfonctionnements qui minent le sport centrafricain. D’un côté, une fédération qui multiplie les succès et porte des projets ambitieux. De l’autre, un ministre accusé de tout bloquer par ses agissements.
En accusant Doneng de “traîner des casseroles”, Yanindji dessine le portrait d’un ministre qui entrave l’essor du football national. Cette guerre des ego risque de faire payer un lourd tribut au sport centrafricain et à ses jeunes talents qui aspirent à briller sur la scène continentale….
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