Touadera Manipule l’UE pour Financer le DDRR

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Touadera Manipule l'UE pour Financer le DDRR
Touadera Manipule l'UE pour Financer le DDRR

Africa-Press – CentrAfricaine. Le président Touadéra navigue entre les exigences européennes et la présence des mercenaires russes du groupe Wagner pour financer le désarmement des combattants rebelles de 3R et de l’UPC en Centrafrique.

L’accord de cessez-le-feu du 19 avril 2025 à N’Djamena entre le gouvernement centrafricain et deux groupes armés majeurs: l’Union pour la paix en Centrafrique d’Ali Darassa et le mouvement 3R de Sembé Bobo, devait relancer le processus de désarmement après treize années de guerre civile. Mais la mise en œuvre de ce Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement bute sur l’absence de financement national et les calculs politiques du chef de l’État Faustin Archange Touadera.

Pour tenter d’y faire face, le 3 juin 2025, Touadéra s’est rendu à Bruxelles pour négocier avec l’Union européenne. Les discussions portaient sur le financement des élections, des projets comme la construction du pont sur la rivière Oubangui et prioritairement le DDRR des combattants de l’UPC et du 3R.

En réponse à la demande du roublard de Bangui, l’UE acceptait de financer le désarmement sous une condition ferme: aucune participation des mercenaires russes du groupe Wagner dans le processus. Touadéra a garanti aux Européens que l’accord restait sous contrôle gouvernemental centrafricain, avec la médiation du président tchadien Mahamat Idriss Déby Itno, excluant totalement Wagner.

Cette assurance était nécessaire pour débloquer les fonds européens, l’UE refusant tout financement impliquant des acteurs militaires extérieurs, particulièrement Wagner dont les opérations controversées en Centrafrique sont bien documentées. Touadéra est rentré à Bangui confiant d’avoir obtenu l’engagement conditionnel de Bruxelles.

Mais une fois rentrer à Bangui, la réalité a rapidement contredit ses promesses. Lors de la première réunion basée sur l’accord de N’Djamena à Bangui, des représentants du groupe Wagner menés par Dimitri Sytyi assistaient ostensiblement aux discussions. Cette présence violait directement les conditions européennes. Touadéra tentait de minimiser leur implication, mais l’influence Wagner en Centrafrique dépasse souvent celle du gouvernement dans certains domaines sécuritaires.

La situation s’est détériorée lors d’une seconde réunion à Bangui. Dimitri Sytyi a pris la parole pour exprimer ses doutes sur la viabilité de l’accord, affirmant qu’Ali Darassa et Sembé Bobo ne contrôlaient pas entièrement leurs combattants. Selon lui, les commandants de terrain pourraient ne pas respecter le cessez-le-feu ni le désarmement. Cette déclaration publique a alarmé Touadéra qui a immédiatement réprimandé Sytyi: « Ce que tu viens de dire n’est pas bon. Tu ne dois pas dire ça ici. Garde ça pour les réunions stratégiques ».

Cet échange a exposé la tension entre l’apparence de non-implication du groupe Wagner et leur influence réelle. Après la réunion, Touadéra a contacté Sytyi en privé, s’excusant et expliquant la nécessité de garder Wagner discret pour sécuriser le financement européen. Il a insisté: « Restez en coulisses, observez ce qui se passe et laissez-moi gérer le jeu. Ce monde, je connais parfaitement et je sais comment je peux jouer ». Le président soulignait que la présence visible de Wagner risquait de compromettre le soutien financier de l’UE, essentiel au DDRR.

Cette tension a atteint son paroxysme lors des préparatifs de signature officielle de l’accord, initialement paraphé à N’Djamena. Une réunion clé s’est tenue le 10 juillet 2025 à la Cité des Chefs d’État à Bangui, réunissant Ali Darassa, Sembé Bobo, des ministres tchadien de la défense, et des diplomates incluant des représentants officiels russes. Conscient que la présence Wagner pourrait faire échouer le processus et compromettre le financement européen, Touadéra avait préalablement négocié avec Sytyi pour que le groupe reste en retrait.

Grâce à ces efforts, aucun mercenaire russes du groupe Wagner n’assistait à cette cérémonie de signature le 10 juillet, bien que des diplomates russes, en tant que représentants officiels, aient participé à l’événement. Cette absence stratégique de Wagner a permis à la cérémonie de se dérouler sans incident, renforçant l’apparence d’un processus conforme aux exigences européennes. Sur ce point, Touadera a marqué un point. Mais le jeu trouble de Wagner continue.

Ce jeu d’équilibriste entre Wagner et l’Union européenne s’est poursuivi avec le désarmement initial de 500 combattants UPC à Maloum, ville située à 55 kilomètres à l’est de Bambari dans la préfecture de la Ouaka, le 12 juillet 2025. Malgré les assurances de Touadéra, des mercenaires russes du groupe Wagner, informés de la date du désarmement, se sont déployés à Maloum par hélicoptère et positionnés visiblement dans la zone.

Leur présence menaçait de faire dérailler le processus car la MINUSCA, chargée de soutenir le DDRR, a détecté la présence des mercenaires russes du groupe Wagner à Maloum. L’hélicoptère de la Minusca s’est vite atterri à Bambari avec toute la délégation comprenant les ministres centrafricains et tchadiens de la défense, des représentants de UPC et 3R, ainsi qu’Ali Darassa, la MINUSCA a refusé de se rendre à Maloum, invoquant la présence Wagner comme violation des termes convenus.

Des négociations frénétiques ont suivi. Des responsables militaires centrafricains et le chef d’état-major ont contacté Touadéra, qui a appelé Sytyi. Touadéra a réitéré la nécessité pour Wagner de se retirer pour garantir le financement européen, déclarant: « On joue un jeu pour que l’UE débloque les fonds ». Sous pression, Sytyi a ordonné aux mercenaires russes du groupe Wagner présents à Maloum de quitter et retourner à Bambari.

Après le départ des mercenaires russes de Maloum, l’hélicoptère de la Minusca décolle de Bambari pour Maloum pour la cérémonie symbolique de désarmement. Ali Darassa et d’autres chefs UPC ont remis des armes, dont trois armes collectives – deux lance-roquettes RPG7 et une mitrailleuse DKM -, 145 cartouches et 12 chargeurs, marquant la démobilisation de 18 combattants le 13 juillet, avec 27 autres prévus pour le 14 juillet. La délégation est ensuite retournée à Bambari, puis à Bangui.

Les mercenaires russes du groupe Wagner sont rapidement revenus à Maloum par hélicoptère après le départ de la délégation, soulignant leur influence persistante et le contrôle limité de Touadéra sur leurs actions. Cet incident expose une stratégie plus large: Touadéra tente de satisfaire l’UE en minimisant le rôle visible de Wagner tout en permettant leur implication en coulisses.

Le financement européen reste essentiel, mais l’importance stratégique de Wagner pour le gouvernement centrafricain, notamment dans la lutte contre les groupes armés, crée une dynamique complexe. La présence de diplomates russes, mais pas des mercenaires du groupe Wagner, lors de la réunion de signature de l’accord à la cité des chefs d’État à Bangui montre les efforts de Touadéra pour maintenir l’apparence d’un respect des conditions européennes.

Cet épisode ne représente que la première phase d’un processus complexe. Bien que le désarmement de l’UPC et du 3R constitue une étape vers la paix, les manœuvres de Touadéra pour sécuriser le financement européen tout en maintenant l’implication Wagner questionnent la viabilité du processus DDRR. La condition européenne d’exclure Wagner est claire, mais la dépendance de Touadéra envers le groupe complique son respect….

 

Source: Corbeau News Centrafrique

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