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La reprise officielle de la coopération militaire entre Paris et Bangui, symbolisée par la visite du général français Pascal Yanni en Centrafrique, n’a pas convaincu l’analyste Thierry Vircoulon.
Dans un entretien accordé à notre confrères de la Radio France Internationale (RFI), le chercheur associé à l’IFRI estime que le régime du président Faustin-Archange Touadéra est « à bout de souffle », et questionne l’intérêt stratégique de la France à renouer avec un pouvoir qu’il décrit comme affaibli, verrouillé et dépendant de puissances étrangères.
Selon lui, la France n’a aujourd’hui plus d’intérêts majeurs en Centrafrique: les grands groupes comme Total et Bolloré ont quitté le pays, les entreprises françaises y sont désormais marginales, et la communauté française est réduite à une poignée de résidents. Dans ces conditions, Vircoulon affirme ne pas comprendre ce qui pousse Paris à rétablir des liens officiels avec Bangui, qualifiant le régime en place de « fini ». Cette affirmation traduit, selon ses termes, une réalité politique dans laquelle le pouvoir centrafricain ne disposerait plus d’aucune autonomie stratégique ni de légitimité démocratique sérieuse.
Le chercheur souligne que la présence de Wagner reste intacte dans l’appareil sécuritaire, que la propagande anti-française s’est seulement calmée en façade, et que les principales décisions du président Touadéra se prennent désormais sous l’influence de Moscou et d’Abou-Dabi. À ses yeux, le rapprochement avec Paris n’est qu’un simulacre sans effet réel sur l’équilibre des forces en place. « La mainmise de Wagner reste totale sur l’appareil sécuritaire centrafricain », note-t-il, rappelant que c’est à Moscou que le président Touadéra est allé chercher sa garantie de réélection, du moins de son troisième mandat illégal.
Thierry Vircoulon va plus loin en pointant les manœuvres constitutionnelles du régime pour verrouiller l’élection présidentielle prévue en décembre 2025. Il affirme que les nouvelles règles mises en place éliminent discrètement, mais efficacement, plusieurs opposants politiques majeurs, dont les candidatures pourraient être rejetées par l’Autorité nationale des élections (ANE). Le pouvoir ne miserait donc ni sur un bilan politique, ni sur un soutien populaire, mais sur un appareil judiciaire et militaire verrouillé et une protection étrangère consolidée.
À travers cette analyse, Vircoulon dresse le portrait d’un régime vidé de sa substance, sans perspective intérieure, dont la survie dépend de forces extérieures et d’une répression institutionnalisée. Derrière l’apparente normalisation diplomatique avec la France, c’est un pouvoir isolé, fragilisé et sous tutelle que décrit l’expert.
À ses yeux, la visite du général Yanni ne change rien à l’équation fondamentale: le pouvoir de Bangui, selon ses mots, ne tient plus que par une forme de soutien militaire russe, des alliances financières opaques, et des dispositifs juridiques conçus pour bloquer toute alternance….
Source: Corbeau News Centrafrique
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