La Constitution N’est Pas Discutable Selon Balalou

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La Constitution N’est Pas Discutable Selon Balalou
La Constitution N’est Pas Discutable Selon Balalou

Africa-Press – CentrAfricaine.
Le porte-parole du gouvernement Maxime Balalou refuse catégoriquement toute révision constitutionnelle, qualifiant les demandes du parti Unir de “fuite en avant” de “mauvais perdants”.

Le 1er septembre 2025, lors de son point de presse hebdomadaire, Maxime Balalou a offert un spectacle édifiant lors de sa conférence de presse. Interrogé par le journaliste du quotidien Hirondelle sur les conditions posées par le parti UNIR pour participer aux élections, le ministre de la Communication a livré une masterclass d’arrogance politique qui restera gravée dans les mémoires.

Face aux trois demandes du parti UNIR: révision de certaines dispositions constitutionnelles, renforcement de l’Autorité Nationale des Élections et sécurisation du processus électoral, Balalou a opposé un mur d’intransigeance digne des régimes les plus fermés au monde.

Sa réponse sur la Constitution mérite le détour: “Vous connaissez ma position, la position du gouvernement sur la question de la constitution. Le gouvernement est clair, la constitution de la République s’impose à tout le monde”. Comme si cette loi fondamentale adoptée dans la controverse en 2023 était devenue subitement un commandement divin gravé sur les tables de la loi centrafricaine.

Mais le ministre ne s’arrête pas en si bon mauvais chemin. Il enfonce le clou avec une détermination confondante: “La question du Parti Politique Unir, puisque vous avez résumé un peu leur communiqué, je vous ai dit que la constitution de notre pays, cette constitution n’est pas discutable. Le peuple souverain a tranché. On n’a pas de discussion à ce niveau-là”.

Cette déclaration péremptoire trahit une conception particulièrement autoritaire de la démocratie. Dans un État de droit digne de ce nom, aucune Constitution n’est figée pour l’éternité. Les textes fondamentaux évoluent avec les sociétés, s’adaptent aux réalités nouvelles, intègrent les aspirations légitimes des citoyens. Pas en République centrafricaine version Touadéra-Balalou.

Le porte-parole gouvernemental pousse ensuite l’insulte jusqu’à qualifier les demandes du parti UNIR de manœuvre désespérée: “Et parler de la révision de la Constitution, c’est une fuite en avant. Il ne faut pas que la peur qui gagne le compétit de nos adversaires, les mauvais perdants, a déjà trouvé des raisons qui ne tiennent pas”.

Cette sortie dévoile toute la petitesse mentale de Balalou. Incapable de concevoir que l’opposition puisse avoir des préoccupations sincères sur l’organisation des élections, il préfère y voir une stratégie de “mauvais perdants” anticipant leur défaite. Cette psychologie de comptoir transperce dans chacune de ses interventions.

D’ailleurs, la qualité de son expression orale interroge sur sa sobriété. Quand il déclare que “Au niveau renforcement et capacité de l’ANE, le problème ne se pose pas. Les choses Ascensionnes vont bonter”, on se demande si le ministre mesure vraiment l’importance de sa fonction. Cette désinvolture langagière insulte autant les journalistes présents que les Centrafricains qui l’écoutent.

Sur la sécurisation du processus électoral, Balalou livre une promesse aussi grotesque qu’irresponsable: “Le processus sera sécurisé à 200 %. Il n’y a pas de problème à ce niveau-là”. Une sécurisation à 200%, voilà bien une trouvaille mathématique digne d’un ministre en goguette. Cette surenchère ridicule témoigne d’une approche purement propagandiste qui méprise l’intelligence des citoyens.

Le plus cocasse reste sa tentative de faire passer son obstruction pour de l’ouverture: “Mais nous, le gouvernement est ouvert et que nous travaillons, nous avons un cadre qui existe de discussion. Nous avons le cadre de concertation pour les élections qui existent”. Traduction: nous sommes ouverts au dialogue à condition que personne ne remette en question nos choix.

Cette schizophrénie politique imprègne tout son discours. D’un côté, il proclame l’ouverture gouvernementale. De l’autre, il balaie d’un revers de main toute proposition concrète de l’opposition. Une double posture qui transforme le prétendu dialogue en monologue gouvernemental déguisé.

L’attitude de Balalou montre parfaitement la dérive autoritaire du régime Touadéra. En sanctuarisant une Constitution controversée, le gouvernement ferme délibérément la voie à toute évolution démocratique pacifique. En traitant l’opposition de “mauvais perdants” avant même le scrutin, il dévoile une conception manichéenne de la politique où seuls les thuriféraires du pouvoir auraient voix au chapitre.

Cette performance du 1er septembre 2025 restera comme un moment de vérité du régime centrafricain. Elle montre un gouvernement sourd aux préoccupations légitimes de ses concitoyens, incapable du moindre compromis démocratique, et représenté par un porte-parole dont les propos décousu interrogent sur sa capacité à assumer ses fonctions.

Les élections de décembre 2025 se profilent dans ce contexte empoisonné. Avec un ministre qui refuse d’emblée toute discussion sur les conditions du scrutin, comment espérer des élections apaisées et crédibles? Cette intransigeance gouvernementale hypothèque gravement l’avenir démocratique du pays.

Source: Corbeau News Centrafrique

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