Africa-Press – CentrAfricaine. “Fool me once, shame on you; fool me twice, shame on me”, dit l’adage anglo-saxon. À Bouar, cette sagesse populaire résonne particulièrement fort depuis l’annonce du nouveau projet électrique.
Le 15 juillet 2025, la ville a officiellement lancé le Projet d’Accès et de Renforcement du Secteur de l’Électricité. Ce programme, financé par la Banque mondiale et confié à la Société Tragédelle pour 16 mois, prévoit la construction de 25 kilomètres de lignes haute tension aérienne, 4 kilomètres de lignes basse tension et 10 postes de transformation, ainsi qu’une centrale de 3,5 MW.
Victor Suébois, directeur de l’énergie, a présenté ce projet comme une réponse directe aux difficultés énergétiques de la région. Rita Saravinda, préfète de Nana-Mambéré, a rappelé que l’accès à l’électricité constitue une priorité gouvernementale et un droit fondamental pour les citoyens.
L’annonce intervient dans un climat de méfiance compréhensible. Les habitants de Bouar ont observé avec attention l’expérience de Bambari, où une centrale hybride inaugurée en 2023 devait apporter une solution durable aux problèmes d’électricité. Les résultats ont déçu: coupures répétées, système prépayé défaillant où les abonnés règlent leurs factures sans bénéficier du service, et alimentation réservée aux occasions officielles.
ENERCA a multiplié les justifications techniques: pannes d’équipement, pénurie de carburant, contraintes liées à la saison des pluies. Ces explications n’ont pas convaincu une population privée d’électricité, laissant commerces, établissements scolaires et ménages dans l’obscurité.
Les autorités locales tentent de rassurer en insistant sur l’engagement de la Banque mondiale et la qualité technique du projet. Elles promettent une surveillance accrue de la maintenance et une gestion plus rigoureuse des installations. Mais les habitants de Bouar, informés des difficultés rencontrées ailleurs, restent prudents.
Le succès du PARS dépendra de plusieurs facteurs déterminants: la régularité de la maintenance, la transparence dans la gestion des fonds et la fiabilité de l’approvisionnement en carburant.
La population de Bouar garde en mémoire les échecs passés tout en espérant que cette initiative apportera enfin des solutions durables. Les prochains mois diront si ce projet parviendra à rompre avec les dysfonctionnements observés dans d’autres localités centrafricaines….
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