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“Le président répond aux critères”, assène Ngamana avec l’assurance de celui qui ne doute de rien. Mais quels critères exactement? Là, silence radio. L’homme politique et titulaire d’un faux diplôme préfère rester dans le vague, comme si cette imprécision allait convaincre les Centrafricains.
Cette fameuse constitution de 2023, Évariste Ngamana la brandit comme un talisman. Elle aurait effacé d’un coup de crayon constitutionnel tous les précédents mandats de Touadéra. Une remise à zéro providentielle qui tombe à pic, juste avant l’échéance électorale. Quelle coïncidence !
Le problème, c’est que cette explication ne tient pas debout. Quand on change de constitution pour permettre à un président de rester au pouvoir, on appelle ça comment déjà? Ah oui, une manipulation. Évariste Ngamana peut bien enrober sa démonstration dans du jargon juridique, le fond reste le même: on modifie les règles du jeu quand on risque de perdre.
Parlons de ces fameux “critères” que Touadéra remplirait soi-disant. L’âge? La nationalité? L’état de santé? Évariste Ngamana ne dit rien. C’est pourtant légitime de s’interroger sur la capacité d’un dirigeant à exercer ses fonctions, non? Dans d’autres pays, ces questions se posent ouvertement. Ici, c’est le silence complet.
Cette opacité pose problème. Quand un responsable politique refuse d’expliquer clairement pourquoi son patron peut se représenter, on a le droit de se méfier. Surtout quand la constitution a été modifiée spécialement pour l’occasion.
Aussi, Évariste Ngamana lui-même cumule les casquettes: porte-parole du parti au pouvoir, vice-président de l’Assemblée nationale. Une position qui lui permet de parler au nom du législatif pour défendre l’exécutif. Pratique, cette confusion des rôles. Elle évite les questions embarrassantes venues du Parlement.
Ce mélange des genres n’est pas nouveau. Il montre une stratégie bien connue: placer ses hommes aux bons endroits pour contrôler le discours. Quand c’est Ngamana qui parle depuis l’Assemblée pour défendre Touadéra, où est la séparation des pouvoirs?
Écoutons bien Évariste Ngamana: “Si le président répond aux critères, il peut se représenter, ce qui est le cas”. Cette phrase dit tout et rien à la fois. Elle affirme sans prouver, elle conclut sans démontrer. C’est de la communication politique pure, celle qui mise sur la répétition plutôt que sur l’explication.
Cette technique fonctionne avec ceux qui ne creusent pas. Mais elle agace ceux qui attendent des réponses précises. Pourquoi ne pas détailler ces critères? Pourquoi ne pas expliquer en quoi la “nouvelle république” change la donne? Parce que l’explication révélerait la manœuvre.
Évariste Ngamana semble ignorer les conséquences de son raisonnement. Ou alors, il les assume parfaitement. Dans les deux cas, c’est inquiétant pour la petite démocratie centrafricaine. Les institutions ne sont plus des garde-fous mais des outils au service du pouvoir en place.
Au-delà des arguments juridiques de Ngamana, une question demeure: les Centrafricains veulent-ils vraiment de ce troisième mandat? Car c’est bien de cela qu’il s’agit. Peu importe les contorsions constitutionnelles, peu importe les “critères” mystérieux. Ce qui compte, c’est l’avis du peuple.
Mais cette question-là, Évariste Ngamana ne la pose pas. Normal, la réponse pourrait ne pas lui plaire. Alors il préfère s’abriter derrière sa constitution sur mesure et ses explications alambiquées. Une stratégie qui révèle surtout la faiblesse de sa position.
Le tour de passe-passe d’Évariste Ngamana ne trompe personne. Derrière les grands mots se cache une réalité simple: on change les règles pour garder le pouvoir.
Source: Corbeau News Centrafrique
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