Touadéra Va Dicter Les Scores Aux Institutions Électorales

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Touadéra Va Dicter Les Scores Aux Institutions Électorales
Touadéra Va Dicter Les Scores Aux Institutions Électorales

Africa-Press – CentrAfricaine. L’ancien Premier ministre centrafricain Nicolas Tiangaye lâche une bombe sur Africa Radio: le président Baba Kongoboro dicterait lui-même les résultats à l’Autorité nationale des élections et au Conseil constitutionnel.
“C’est le pouvoir en place qui va nommer les députés, qui va dicter à l’autorité nationale des élections et au Conseil constitutionnel les scores à donner à chaque candidat”. La déclaration de Maître Nicolas Tiangaye sur Africa Radio a l’effet d’une déflagration. L’ancien Premier ministre et président du parti CRPS ne mâche pas ses mots: selon lui, les élections du 28 décembre en République centrafricaine ne sont qu’une vaste supercherie organisée depuis le palais présidentiel.

Invité de l’émission de Nadir Djenad depuis Bangui, le leader de l’opposition est allé encore plus loin dans ses accusations: “Il n’y aura pas de surprise. Il n’y a aucun enjeu. Aller à ces élections, c’est la légitimation d’une parodie électorale.”

Et les révélations ne s’arrêtent pas là. Nicolas Tiangaye affirme que sur la dizaine de candidats inscrits à l’élection présidentielle, “au moins plus de la moitié ont vu leur caution payée par le président Touadéra”. Des “figurants” et des “accompagnateurs” destinés uniquement à donner une façade démocratique à un scrutin joué d’avance.

Les chiffres sont accablants: moins de 800 candidats aux législatives contre plus de 2000 en 2020. “Le peuple centrafricain a pris conscience de cette parodie qui est en train de se préparer et ne prendra pas part de façon significative à ce scrutin”, analyse l’opposant.

L’espoir d’un apaisement avait pourtant germé le 2 septembre dernier, lors d’une rencontre inaugurale avec le président Touadéra. Mais l’illusion fut de courte durée. Selon Nicolas Tiangaye , le Premier ministre a rapidement enterré toute perspective de discussion en qualifiant les membres du Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution (BRDC) “d’ennemis de la paix” et “d’ennemis de la République”.

“Par la suite, le Premier ministre a fait un point de presse pour dire que nous sommes des ennemis de la paix, des ennemis de la République, et que par conséquent, ce dialogue ne peut pas faire l’objet de discussion autour des questions électorales”, raconte l’ancien chef du gouvernement, encore incrédule face à cette fin de non-recevoir.

Face à ce qu’il qualifie de “coup d’État constitutionnel”, le BRDC a tranché: ce sera le boycott total. Présidentielle, législatives, régionales, municipales – les quatre scrutins du 28 décembre se dérouleront sans la principale plateforme de l’opposition.

“Il vaut mieux ne pas aller à ces élections-là pour que le masque de la tyrannie puisse tomber”, justifie Nicolas Tiangaye. Pour lui, la Constitution d’août 2023 exclut d’emblée les bi-nationaux et “beaucoup de Centrafricains qui seraient considérés comme n’ayant pas d’origine centrafricaine”. Quant aux institutions électorales – l’Autorité nationale des élections (ANE) et le Conseil constitutionnel – elles seraient “à la solde du président Touadéra”.

Mais l’opposition elle-même n’est pas épargnée par les divisions. Anicet Georges Dologuélé, membre du BRDC, a brisé le front commun en déposant sa candidature. “Le Bloc Républicain pour la Défense de la Constitution a pris la décision de l’exclure pour trahison”, tranche sèchement Tiangaye.

Une division que l’ancien Premier ministre reconnaît sans détour: “La division, elle est déjà là.” Mais il se veut rassurant pour ses partisans: “Les éléments les plus éclairés sur la défense de la Constitution de 2016 mèneront ce combat jusqu’à la victoire finale.”

L’interview a pris un tour encore plus sombre lorsque Nicolas Tiangaye a abordé la présence du groupe paramilitaire russe Wagner. “Il y a la société privée Wagner qui commet des exactions”, dénonce-t-il, avant de lâcher un chiffre vertigineux: le président Poutine exigerait de l’État centrafricain “le paiement d’une somme exorbitante de 15 millions de dollars par mois, l’équivalent de 10 milliards de francs”.
“Ce n’est pas à la portée de notre pays”, souligne l’opposant Nicolas Tiangaye qui prédit que “cette situation va mettre le gouvernement de Touadéra dans des difficultés insurmontables”. Plusieurs observateurs évoquent d’ailleurs un climat d’intimidation et une militarisation croissante de la vie politique, avec une présence accrue des forces russes.

Malgré la radicalité de sa position, Nicolas Tiangaye laisse entrevoir une dernière porte de sortie: “Tout est possible. C’est une question de volonté politique.” Mais à moins de deux mois et demi du scrutin, le temps joue contre la réconciliation.

Source: Corbeau News Centrafrique

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