Martin Ziguélé Critique la Gestion de Touadéra en Centrafrique

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Martin Ziguélé Critique la Gestion de Touadéra en Centrafrique
Martin Ziguélé Critique la Gestion de Touadéra en Centrafrique

Africa-Press – CentrAfricaine.
Lors d’une émission sur la chaîne gabonaise SIBIKAN MEDIA, Martin Ziguélé, ancien Premier ministre et porte-parole du BRDC, a dressé un bilan accablant des dix années de présidence de Faustin-Archange Touadéra. Selon lui, le pays est “à l’arrêt” et la situation économique et sociale constitue “une catastrophe”.

Interrogé sur l’état général du pays, Martin Ziguélé répond sans détour: “Très mal. Très mal sur le plan politique, naturellement, parce que ce pays a toujours été précurseur en matière de liberté, mais il y a un démon qui le rattrape régulièrement”. Mais c’est surtout le bilan économique et social qui inquiète: “Sur le plan économique, c’est la catastrophe. L’État aujourd’hui centrafricain, sa viabilité financière est questionnée”.

L’ancien Premier ministre poursuit: “Sur le plan économique et social, aujourd’hui, c’est Bangui qui donne l’illusion d’avoir un pays qui fonctionne, mais à l’intérieur du pays, le pays est en arrêt. La misère est exponentielle”. Il cite des chiffres précis: “Nous sommes passés de 53 à 67% du taux de pauvreté de la population en moins de 10 ans. Et ça correspond, comme par hasard, aux mandats du président Touadéra.”

Cette aggravation de la pauvreté découle selon Martin Ziguélé d’une absence totale de vision: “Il n’y a pas de politique économique, il n’y a pas de politique de lutte contre la pauvreté. Depuis 10 ans, on est dans la politique politicienne et dans les diverses techniques qu’on met en œuvre pour conserver, confisquer et conserver le pouvoir”.

Sur les infrastructures routières, le constat est sans appel: “Depuis que le président Touadéra est arrivé au pouvoir, il n’a pas reconstruit 10 kilomètres de route sur le budget national”. Martin Ziguélé anticipe même le comportement présidentiel: “Tous ces déplacements à l’étranger, à l’intérieur du pays, y compris pour cette campagne, il le fera uniquement avec des hélicoptères et des avions. Il ne peut pas le faire par route”.

L’ancien Premier ministre Martin Ziguélé compare sa propre pratique: “Moi, quand je circule en Centrafrique, je vais par route, je m’arrête dans les villages, je dors à la belle étoile, je vis ce que vit la population. Pourquoi ils ne vont pas par route? Parce qu’il n’y a pas de route. Vous avez un pays où il n’y a pas de route, il n’y a pas d’électricité”.

Martin Ziguélé dénonce également les initiatives économiques fantaisistes du régime: “Qu’est-ce que le gouvernement fait? De la crypto-monnaie. Le sango coin, le meme coin et tout cela. Cette fébrilité cache l’impuissance et l’absence de vision pour le pays”.

Dans le secteur de l’éducation, le bilan est tout aussi négatif malgré le profil universitaire du président: “Le président Touadéra est lui-même universitaire, ancien recteur de l’université de Bangui. Est-ce qu’il y a une progression significative dans les infrastructures universitaires, voire même dans le statut de l’enseignant universitaire centrafricain?”.

Martin Ziguélé fixe une ambition minimale non atteinte: “Moi, j’aurais voulu qu’au bout de dix ans que le professeur Touadéra ait construit une seule université à l’intérieur du pays. Une seule, pas deux. Je ne lui demanderai pas de faire comme le président Biya qui a construit des universités dans chaque région du Cameroun. Nous en avons sept, mais une seule région où on construise une université. Même ça, il n’a pas pu le faire”.

Le système de santé n’échappe pas à cette décrépitude: “Comment vit-on et se soigne-t-on à Bangui ou dans le pays? Je vous dis, c’est Dieu qui protège les Centrafricains, ce n’est pas le système de santé”. Ziguélé décrit des situations dramatiques: “Nous arrivons à des moments où les morgues sont pleines. Et on fait même des communiqués à la radio d’État pour demander aux familles de venir chercher des cadavres parce qu’il y en a trop.”

Le constat est implacable: “Depuis que le président est arrivé au pouvoir, il n’y a pas eu la construction d’un seul grand hôpital dans ce pays. Donc, ce pays est à l’arrêt. Ce pays est non seulement à l’arrêt, mais ce pays recule”.

Martin Ziguélé s’appuie sur les données de la Banque mondiale pour étayer son analyse: “Le bilan du président Touadéra pour ces dix années est repris dans le cahier économique de la Banque mondiale, le rapport qu’ils ont publié dernièrement et qui est sans appel. Quand le président Touadéra est arrivé au pouvoir en 2016, il y avait 53% des Centrafricains qui vivaient en dessous du seuil de pauvreté, c’est-à-dire avec moins de 1000 francs CFA par jour. Et dix ans après, la proportion de ces personnes est passée à 67%”.

L’ancien Premier ministre Martin Ziguelé tire la conclusion: “Ça veut dire que sous Touadéra ou grâce à Touadéra, la population centrafricaine s’est appauvrie dans une proportion de 15 points de plus. C’est sans appel. Ce sont des agrégats économiques, des indicateurs économiques, ce n’est pas de la politique politicienne”.

L’absence de vision inquiète Martin Ziguélé pour l’avenir: “Lorsque je vois la manière dont le pouvoir se comporte, beaucoup plus porté vers la jouissance que vers l’autocritique et la lucidité économique, je me dis que demain sera pire qu’hier parce que la population s’accroît. Et avec les différentes crises que nous avons connues, la population urbaine de Bangui a presque doublé avec les mêmes infrastructures qu’il y a 20 ans, sauf que ces infrastructures sont en état de dégradation avancé”.

Il répète: “Ce pays, je vous le dis, c’est Dieu qui protège sa population, ce n’est pas le système de santé. La plus grande catastrophe que nous aurons dans ce pays, c’est la qualité du capital humain que nous avons déjà et qui va en s’aggravant”.

Martin Ziguélé compare la situation centrafricaine avec d’autres pays africains où les présidents prolongent leurs mandats: “Lorsque vous voyez en Côte d’Ivoire, par exemple, le président Ouattara qui veut faire un quatrième mandat, vous regardez ce qu’il a réalisé. La croissance économique de 9% pendant 12 ou 14 ans, les routes, les infrastructures. Vous vous dites, c’est vrai que sur le principe, ils doivent respecter la constitution, mais ils travaillent”.

Il continue: “Vous regardez au Cameroun, vous regardez au Congo, vous vous dites, c’est vrai, ils ont modifié la constitution, mais il y a une progression significative de la richesse nationale, il y a des infrastructures. Vous arrivez en Centrafrique, c’est l’inverse, c’est-à-dire la pauvreté augmente, il n’y a pas de route”.

Pour illustrer concrètement l’état des infrastructures, Ziguélé raconte: “Le premier ministre Kamoun, qui est avec nous dans le BRDC, est allé saluer sa famille à Bambari au centre du pays. De Sibut à Bambari, ça fait 200 kilomètres, ils ont fait 16 heures de temps. Une route qui à l’époque se pratiquait en 3 heures, 2 heures et demie. Et là, nous sommes à moins de 180 kilomètres de Bangui”.

Ce témoignage résume le diagnostic de Martin Ziguélé: dix ans de présidence Touadéra ont plongé la Centrafrique dans une régression généralisée. Pas de routes, pas d’écoles, pas d’hôpitaux, mais une population qui s’appauvrit massivement pendant que le régime se concentre sur sa survie politique plutôt que sur le développement du pays.

Source: Corbeau News

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