Africa-Press – CentrAfricaine. Le capitaine Brice Zingas, chef du détachement des Forces Armées Centrafricaines à Ouadda-Maïkaga dans la préfecture de la Haute-Kotto, vient de franchir un nouveau cap dans la criminalité.
Les faits remontent à la semaine dernière, plus précisément le 9 novembre 2025. Un soldat FACA basé à Ouadda-Maïkaga a ouvert le feu sur Mahamat Khèr , un jeune habitant de cette sous-préfecture située au nord de la République centrafricaine. La balle a atteint la victime à la jambe, lui infligeant une blessure grave nécessitant des soins urgents. Jusqu’à présent, personne ne connaît les raisons qui ont poussé ce militaire à utiliser son arme de service contre un civil. Était-ce une dispute? Un racket qui a mal tourné? Une simple démonstration de force? Le mystère demeure entier. Ce qui est certain, c’est qu’un soldat censé protéger la population a tiré sur un jeune sans défense. Mais selon une source sécuritaire locale, le militaire aurait demandé un service à monsieur Mahamat Khèr lorsque celui-ci voudrais se rendre à une invitation. Le militaire lui aurait demandé de le déposer quelque part, mais monsieur Khèr a refusé, disant qu’il n’a pas de carburant nécessaire pour faire cette course supplémentaire. Pris de colère, le militaire sort son arme de service et tire sur monsieur Mahamat Khèr simplement, sans raison.
Mais face à la gravité de la blessure, les proches de la victime ont naturellement voulu transférer Mahamat Khèr vers Bria, le chef-lieu de la préfecture de la Haute-Kotto, où se trouve un hôpital capable de le soigner. Rappelons que Bria se situe à environ 204 kilomètres d’Ouadda-Maïkaga, une distance qui peut se parcourir en quelques heures en motos, mais pas en véhicule. Mais le capitaine Brice Zinga en a décidé autrement. De manière totalement arbitraire et criminelle, il a bloqué le transfert sanitaire. Il a refusé que le jeune blessé soit évacué vers Bria. Il l’a condamné à rester à Ouadda-Maïkaga, dans une localité qui ne dispose d’aucune infrastructure médicale adaptée pour traiter ce genre de blessure par balle.
Cette décision relève du crime. Refuser des soins médicaux à une personne grièvement blessée équivaut à une tentative de meurtre. Le capitaine Brice Zinga sait pertinemment qu’une blessure par balle à la jambe non traitée rapidement peut entraîner des complications mortelles: infection, gangrène, septicémie. Il sait aussi que même si le jeune survit, l’absence de soins appropriés pourrait nécessiter une amputation. Mais cela ne le concerne pas. Ce qui compte pour lui, c’est étouffer l’affaire. Empêcher que le crime commis par son soldat ne soit connu à Bria ou à Bangui. Faire disparaître le problème en laissant le jeune agoniser tranquillement à Ouadda-Maïkaga, loin des regards.
La question qui se pose est simple: de quel droit un militaire peut-il autoriser ou interdire le transfert sanitaire d’un civil? Depuis quand un chef de détachement militaire décide-t-il qui peut ou non recevoir des soins médicaux? Le capitaine Brice est devenu un petit dictateur local qui s’arroge tous les pouvoirs, y compris celui de vie ou de mort sur les habitants.
Le capitaine Brice Zinga ne s’est pas arrêté là. Conscient que son crime et celui de son soldat pourraient être dénoncés sur les réseaux sociaux, il a mis en place une stratégie d’intimidation et de censure digne d’une dictature. Quelques minutes après que son soldat ait tiré sur Mahamat Khèr , le capitaine Brice Zinga et deux de ses hommes se sont rendus discrètement au marché central de Ouadda-Maïkaga, où il y’a un point wifi public. Ce point wifi se trouve au marché, dans une boutique d’un commerçant qui laisse sa connexion internet ouverte aux jeunes pour qu’ils puissent se connecter, regarder des vidéos, communiquer avec leurs familles, consulter les réseaux sociaux.
Le capitaine Brice Zinga et ses deux hommes se sont installés là, ont pris des chaises, et ont fait semblant de communiquer normalement sur leurs téléphones. Ils feignaient de regarder des vidéos, d’envoyer des messages à leurs proches, comme n’importe quel civil. Mais en réalité, ils surveillaient. Ils écoutaient. Ils épiaient tous les jeunes qui venaient se connecter. Leur mission était claire: identifier toute personne qui tenterait de publier l’information sur les réseaux sociaux ou de la transmettre par téléphone à Bangui. Et immédiatement l’arrêter.
Cette présence militaire au point wifi a eu l’effet escompté. Les jeunes ont rapidement compris le jeu du capitaine Brice Zinga. Ils ont vu ces militaires installés là, faussement détendus mais en réalité aux aguets. Ils ont compris qu’ils risquaient l’arrestation s’ils tentaient de dénoncer le crime. Alors ils sont partis tranquillement, sans rien publier. Le capitaine Brice peut maintenant se féliciter: sa stratégie a fonctionné. L’information n’est pas sortie sur les réseaux sociaux. Elle n’a pas été relayée par les médias. Le crime de son soldat et son propre refus criminel d’évacuation sanitaire restent dans l’ombre. La censure par l’intimidation a réussi.
Cette surveillance du wifi n’est pas nouvelle pour le capitaine Brice Zinga. Il utilise régulièrement cette tactique pour étouffer les informations sur ses exactions. À Ouadda-Maïkaga, il n’y a que quelques points d’accès à internet. La MINUSCA dispose d’un wifi, mais sa base se trouve à environ 5 kilomètres de la ville, ce qui est trop loin pour la plupart des habitants. Le seul point wifi facilement accessible se trouve donc au marché, dans les boutiques de commerçants qui ont installé des antennes.
Les jeunes viennent régulièrement à ces points pour se connecter. Cinq ou six jeunes à la fois se rassemblent là pour consulter les réseaux sociaux, regarder des matchs de football, communiquer avec leurs familles à Bria ou Bangui. Le capitaine Brice Zinga a compris que c’est par ces points wifi que les informations sur ses crimes peuvent sortir. Alors il a systématisé la surveillance. À chaque fois qu’il commet une exaction ou que ses hommes se rendent coupables d’abus, il envoie ses soldats surveiller le wifi. Ils s’installent discrètement, font semblant d’être des utilisateurs normaux, mais en réalité ils espionnent et intimident.
Cette stratégie vise à bloquer toute tentative de dénonciation à la source. Puisque le capitaine Brice Zinga ne peut pas couper physiquement la connexion internet comme il l’a déjà fait par le passé, il opte pour une surveillance rapprochée. Il transforme les points wifi publics en zones surveillées où personne n’ose plus rien publier.
Ce nouveau crime s’ajoute à une longue liste d’exactions commises par le capitaine Brice et ses hommes à Ouadda-Maïkaga. Nos lecteurs se souviennent que ce même capitaine Brice avait déjà ordonné la coupure du réseau internet à Ouadda après la publication par Corbeau News d’un article dénonçant les désertions massives de soldats FACA affamés dans cette garnison. Furieux de voir son nom associé à cette situation catastrophique, il avait puni toute la population en coupant internet et en exigeant qu’elle paie pour la réinstallation du réseau.
Le capitaine Brice a également instauré un système de racket. Il taxe la population d’Ouadda-Maïkaga à hauteur de 200 000 francs CFA par semaine, soit 800 000 francs par mois, prétendument pour “nourrir l’armée”. Mais cet argent ne parvient jamais aux soldats. Il l’empoche pour son enrichissement personnel pendant que ses hommes crèvent de faim. Sous son commandement, sept civils ont déjà été tués par les FACA à Ouadda-Maïkaga: Romaric, Paterne, Paquet Maurice, Yaya Adam, Lindi, Adam Bienvenu, et un maçon d’ethnie Nzakara. À ces sept morts s’ajoute maintenant Mahmat Nour, qui risque de mourir des suites de sa blessure non soignée.
Rappelons que les soldats FACA, il y’a quelques mois, ont également arrêté et torturé dix civils qu’ils accusaient de “sorcellerie” après qu’un de ses soldats en ait tué un autre lors d’une dispute alcoolisée. Une femme est morte sous la torture. Trois chefs traditionnels ont été battus et emprisonnés.
Ce qui permet aux soldats FACA de continuer leurs crimes en toute tranquillité, c’est l’impunité totale dont il jouit. À Bangui, le chef d’état-major général Zéphirin Mamadou reste muet face aux exactions de son subordonné. Le ministre de la Défense ne bronche pas. Le président Touadéra ne dit rien. Au niveau local, le sous-préfet, le maire et le député d’Ouadda-Maïkaga gardent un silence complice. Le capitaine Brice le sait. Il sait qu’il ne sera jamais sanctionné. Il sait qu’il peut tuer, torturer, voler, censurer sans que personne ne l’inquiète. Alors il continue. Il intensifie même ses exactions, convaincu de son impunité.
Cette situation démontre parfaitement la faillite de l’État centrafricain. Dans un pays normal, un officier qui refuse l’évacuation sanitaire d’un blessé grave serait immédiatement relevé de ses fonctions, traduit en cour martiale, et condamné. Dans un pays normal, un militaire qui surveille les points wifi publics pour censurer l’information serait sanctionné pour atteinte aux libertés fondamentales. Mais la Centrafrique n’est pas un pays normal. C’est un pays où les militaires font régner la terreur sur les populations qu’ils sont censés protéger. Un pays où des officiers criminels deviennent des petits dictateurs locaux. Un pays où l’uniforme FACA sert de licence pour tuer et voler en toute impunité.
Le cas du capitaine Brice démontre que les FACA comptent dans leurs rangs des criminels en uniforme. Des hommes qui utilisent leur position militaire non pour servir leur pays, mais pour terroriser, piller et assassiner. Le soldat qui a tiré sur Mahamat Khèr est un criminel. Il a utilisé son arme de service contre un civil sans raison apparente. Il mérite d’être jugé et condamné. Le capitaine Brice est un criminel. En refusant l’évacuation sanitaire, il s’est rendu complice de tentative de meurtre. En surveillant le wifi pour censurer l’information, il viole les libertés fondamentales. En rackettant la population, il se livre au banditisme. En empochant l’argent destiné à nourrir ses soldats, il détourne des fonds publics. Mais aucun des deux ne sera inquiété. Parce que dans le régime Touadéra, l’impunité des militaires est la règle.
Source: Corbeau News Centrafrique
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