Eau et Assainissement: Forages Fantômes de Touadéra

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Eau et Assainissement: Forages Fantômes de Touadéra
Eau et Assainissement: Forages Fantômes de Touadéra

Africa-Press – CentrAfricaine. Bien entendu, cette promesse avait tout d’un programme de salut public destiné à séduire les masses. Offrir l’accès à l’eau potable à travers tout le territoire, c’était l’engagement le plus populaire du programme électoral. Dix mille forages, c’était théoriquement la garantie d’une vie meilleure pour des millions de Centrafricains condamnés à boire l’eau des rivières. Mais les chiffres seuls révèlent l’ampleur de cette supercherie: creuser 10 000 forages fonctionnels nécessite au minimum 50 millions de francs CFA par ouvrage, soit 500 milliards au total. Le budget national entier de la Centrafrique représente 350 milliards par an. Touadéra promettait donc de consacrer deux années complètes du budget d’État uniquement aux forages, sans un franc pour les écoles, les hôpitaux ou les salaires. Mais sur le terrain, la réalité a vite pris le dessus: les habitants continuent de parcourir des kilomètres avec des bidons jeunes sur la tête, dans l’attente d’une source ou d’un puits encore fonctionnel.

Néanmoins, les 500 châteaux d’eau annoncés avec tant de fierté n’existent nulle part sur le territoire centrafricain. À Bangui même, certains quartiers comme le 8ème et cinquième arrondissement n’ont toujours pas accès à des bornes-fontaines correctes, et les installations vétustes tombent régulièrement en panne faute d’entretien minimal. Il n’y a aucun château d’eau dans le pays. Dans les provinces, la situation frôle l’humanitaire: des villages entiers vivent dans une soif permanente, exposés aux maladies diarrhéiques liées à l’eau insalubre. À Bossangoa, les 15 000 habitants partagent trois puits pour toute la ville. Comment construire 500 châteaux d’eau neufs quand on n’arrive pas à construire même un?

Ironiquement, le régime n’a pas modernisé le réseau urbain comme il l’affirmait solennellement en campagne. Au contraire, les coupures d’eau sont devenues plus fréquentes et plus longues, même dans la capitale supposée prioritaire. Les habitants de Bangui paient désormais des revendeurs ambulants 100 francs pour quelques litres d’eau de qualité douteuse, un comble absolu dans un pays qui avait juré de résoudre définitivement la crise de l’eau. La Société des eaux de Centrafrique (SODECA) fonctionne avec des tuyaux percés et des pompes défaillantes, héritage des décennies passées. Aucune modernisation, aucun investissement, aucune amélioration depuis 2020.

En réalité, les forages promis ne sont jamais sortis de terre, tout comme les châteaux d’eau révolutionnaires. Ces chiffres spectaculaires n’étaient qu’un écran de fumée politique, une opération de communication destinée exclusivement à tromper des électeurs assoiffés d’espoir autant que d’eau. Aucune entreprise de forage n’a été contactée, aucun site n’a été identifié, aucun budget n’a été débloqué. Touadéra lançait des chiffres comme on lance des confettis: pour l’effet immédiat, sans se soucier des conséquences. Il n’a pas résolu le problème de l’eau, il l’a aggravé en entretenant un mensonge collectif pendant cinq ans.

Finalement, cette promesse d’hydraulique nationale s’ajoute à la longue liste croissante des illusions présidentielles centrafricaines. Le peuple reste assoiffé, abandonné, trahi par un programme qui ne tenait que sur le papier glacé des affiches électorales. Les 10 000 forages de Touadéra rejoignent ses 50 usines inexistantes et ses 2000 écoles imaginaires dans le cimetière des promesses brisées. Cette accumulation de mensonges hydrauliques pousse à s’interroger: le président souffre-t-il d’une déconnexion totale avec la réalité, ou manipule-t-il sciemment la soif de tout un peuple? Dans les deux cas, les Centrafricains continuent de mourir de soif en attendant des forages qui n’existeront jamais.

Source: Corbeau News Centrafrique

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