Africa-Press – CentrAfricaine. LA MAFIA ATTEINT UN NIVEAU supérieur dans le village de RONDI, sous-préfecture de Abba, préfecture de la Nana-Mambéré. Le commandant LAMTAGUÉ, déployé dans le cadre de la sécurisation des sites miniers chinois, ne se contente plus de taxer les autres. Il a franchi une nouvelle étape: il est devenu exploitant minier. Avec 11 motopompes et des dizaines de jeunes recrutés à Yaloké, à 225 kilomètres de Bangui, cet officier des FACA fait maintenant des millions par mois avec son propre site d’extraction.
Récapitulons ce qu’on a découvert jusqu’ici sur ce commandant. Il fait des trafics humains au Cameroun, c’est-à-dire il recrute illégalement des Camerounais à Garoua-Boulaï pour venir travailler sur le territoire centrafricain sur des sites miniers chinois, tout en prélevant des commissions sur leurs salaires. Il taxe les villageois à 1 000 FCFA pour qu’ils puissent ramasser les graviers rejetés par les Chinois. Il impose 50 000 FCFA par semaine aux artisans qui veulent exploiter l’or dans la zone. Il a instauré son propre tribunal où ses hommes torturent et rackettent. Il protège la dévastation des forêts par les Chinois tout en frappant les villageois qui veulent ramasser du bois.
Maintenant, il a ajouté une nouvelle dimension à son empire criminel: il exploite lui-même l’or. Ce n’est plus seulement de la taxation, du racket, de la corruption. C’est de l’exploitation minière industrielle menée par un officier censé sécuriser les sites, pas les exploiter pour son compte personnel.
Le commandant LAMTAGUÉ possède 11 motopompes. Ce ne sont pas des outils d’artisan. Ce sont des équipements d’exploitation à grande échelle. Pour faire fonctionner ces machines, il lui faut de la main-d’œuvre. Beaucoup de main-d’œuvre. Alors il est parti à Yaloké, ville située à 225 kilomètres de Bangui, et il a recruté massivement. Des dizaines de jeunes de Yaloké travaillent maintenant sur son site minier personnel à Rondi.
Ces jeunes extraient l’or. Tout l’or récupéré va directement dans les poches du commandant. Avec 11 motopompes qui tournent, avec des dizaines d’ouvriers qui travaillent, ce monsieur fait des millions par mois. Des millions. Ce n’est plus de la petite corruption. C’est une industrie minière privée dirigée par un officier de l’armée nationale en mission officielle.
On se demande comment c’est possible. Tu es déployé pour sécuriser un site minier chinois dans la sous-préfecture d’Abba, dans la Nana-Mambéré. Tu deviens recruteur d’étrangers illégaux. Tu deviens collecteur de taxes sur les villageois. Tu deviens juge et bourreau. Et maintenant tu deviens exploitant minier avec ton propre site industriel. Comment un seul homme peut-il cumuler tout ça sans que personne ne réagisse?
Mais attendez, ce n’est pas fini. Le commandant justifie ses taxes de 50 000 FCFA par semaine aux artisans locaux en leur expliquant que toute cette terre appartient déjà aux Chinois. Donc si les villageois viennent travailler, selon lui, ils volent les ressources des Chinois. C’est pourquoi, pour leur permettre de travailler sur leurs propres terres ancestrales, il leur impose cette taxe. Cinquante mille francs par semaine. Deux cent mille francs par mois par personne.
Imaginez le nombre d’artisans qui travaillent dans cette zone. Imaginez combien d’argent ça représente chaque mois. Des millions, rien que sur cette taxe. Et pendant qu’il taxe les villageois pour soi-disant voler aux Chinois, lui-même exploite son propre site avec 11 motopompes et des dizaines d’ouvriers. La logique n’existe plus. C’est juste du racket pur et simple déguisé en réglementation.
Sous l’autorité nominale de l’adjudant-chef KOTA MABOKO, chef de base, et de l’adjudant BANAMAYE, son adjoint, tout ce système fonctionne à plein régime. Les soldats collectent les taxes, surveillent les sites, empêchent les villageois de travailler librement, et en même temps protègent l’exploitation personnelle du commandant. Ils travaillent pour lui, pas pour l’État.
Ce monsieur a installé une véritable chronomafia. Le trafic d’êtres humains avec les Camerounais recrutés illégalement. Le racket des villageois et des artisans. La torture et la justice parallèle. La complicité dans la dévastation environnementale. Et maintenant l’exploitation minière industrielle pour son compte personnel. Tout ça en même temps. Tout ça dans la même zone. Tout ça sous couvert d’une mission officielle de sécurisation.
Les habitants de Rondi, village situé à 45 kilomètres de la commune d’Abba, assistent impuissants à ce pillage organisé. Le chef de village WAMBETO ne peut rien faire. Les autorités d’Abba ne bougent pas. À Bouar, chef-lieu de la préfecture de la Nana-Mambéré située à 450 kilomètres de Bangui, le silence règne. À Bangui, les ministères concernés semblent ignorer ce qui se passe dans cette zone frontalière.
Pendant ce temps, le commandant LAMTAGUÉ continue d’accumuler. Il recrute des Camerounais, il taxe des Centrafricains, il torture des villageois, il exploite de l’or. Ses 11 motopompes tournent jour et nuit. Ses ouvriers de Yaloké extraient des kilos d’or chaque semaine. Son compte en banque gonfle. Sa mafia s’étend.
Comment un pays peut-il laisser un seul homme, un officier de son armée, contrôler une zone entière de cette façon? Comment peut-on accepter qu’un commandant déployé pour une mission de sécurité se transforme en parrain local qui cumule tous les pouvoirs et tous les trafics? Comment la hiérarchie militaire peut-elle ignorer qu’un de ses officiers fait des millions par mois avec un site minier personnel pendant qu’il est censé travailler pour l’État?
Source: Corbeau News Centrafrique
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