Japon-Afrique: Expansion du secteur privé nippon

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Japon-Afrique: Expansion du secteur privé nippon
Japon-Afrique: Expansion du secteur privé nippon

Olivier Caslin

Africa-Press – CentrAfricaine. Si le nombre des entreprises japonaises en Afrique progresse lentement, celles qui sont présentes se disent de plus en plus satisfaites et optimistes. C’est ce que montre le dernier baromètre publié fin 2024 par les services du commerce extérieur de l’archipel.

Depuis la Ticad 6 à Nairobi, en 2016, les autorités japonaises ont clairement affiché leur volonté d’associer le secteur privé de l’archipel à leurs initiatives économiques dirigées vers le continent. Un appel du pied insistant, répété lors des deux éditions suivantes de la Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique – en 2019 à Yokohama, puis, trois ans plus tard, à Tunis –, mais qui est loin d’avoir provoqué une réelle mobilisation du secteur privé nippon.

Les entreprises japonaises seraient aujourd’hui un peu moins de 950 en Afrique, présentes dans une vingtaine de pays. À titre de comparaison, la Chine en compte plus de 3 000 et la France, malgré ses déboires en Afrique de l’Ouest, près de 2 500. C’est d’ailleurs avec ces dernières que les affinités semblent les plus évidentes pour les entrepreneurs nippons, friands de partenariats avec des entreprises tierces au moment de s’implanter sur le continent. Une pratique qui rassure trois patrons japonais sur quatre présents en Afrique, les Français devançant les Sud-Africains et les Indiens au rang des partenaires les plus appréciés.

C’est l’une des conclusions de l’étude annuelle de l’Organisation japonaise du commerce extérieur (Jetro) sur la perception des entreprises nipponnes installées en Afrique. Près de 270 d’entre elles ont été sollicitées par les services de la Jetro, pour cette édition 2024, et 223 ont répondu, disséminées dans vingt pays. Plus de 80 % de ces sociétés sont des filiales ou des succursales de grands groupes, et la moitié d’entre elles sont installées en Afrique depuis 2010 au moins, le temps nécessaire donc pour bien appréhender le contexte propre au continent. Ce qui peut expliquer l’optimisme affiché cette fois par les Japonais.

Si moins de 50 % des entreprises sondées annonçaient des résultats bénéficiaires en 2021, elles sont près de 60 % en 2024, en hausse de 1,4 point par rapport à 2023. Le meilleur score depuis que la Jetro réalise son sondage. Mieux, plus de la moitié de ces sociétés s’attendent déjà à améliorer leurs marges d’exploitation en 2025, en particulier pour les entreprises installées au Maroc, en Égypte, au Ghana, au Nigeria et au Kenya. Comme une récompense des efforts réalisés en matière d’implantations ces dernières années sur le continent par 51 % des entreprises sondées, qui annoncent déjà vouloir étendre davantage encore leurs activités, en particulier au Ghana et en Côte d’Ivoire.

Pour expliquer cette hausse de leurs résultats comptables, les entrepreneurs japonais s’appuient sur une augmentation constatée des besoins des marchés locaux, pendant que 30 % d’entre eux affichent également une hausse de leurs volumes d’exportation, notamment dans les secteurs manufacturiers du Maroc, de l’Afrique du Sud et de l’Égypte. Pour renforcer leur présence, 42 % des responsables japonais prévoient d’embaucher davantage en local, et 23 % de s’approvisionner encore plus directement sur le continent. Une manière aussi de renforcer une compétitivité que 60 % estiment aujourd’hui insuffisante face à la concurrence, qu’elle soit locale, chinoise ou européenne.

Le tiercé des secteurs économiques les plus porteurs selon les opérateurs reste dans l’ordre: le développement des énergies renouvelables (solaire et hydrogène), les produits alimentaires et les infrastructures électriques. Malgré les améliorations constatées, le secteur privé juge encore trop élevés les risques liés à l’investissement. Pour 74 % des entreprises, les procédures administratives sont trop complexes, pendant que 80 % craignent une instabilité politique et sociale, notamment pour ceux qui sont implantés au Nigeria, au Kenya et en Afrique du Sud. Ce qui n’empêche pas ces trois pays de constituer le trio de tête des dix destinations d’affaires préférées des Japonais sur le continent. À noter que, dans ce classement, la Côte d’Ivoire ne cesse de progresser (5e en 2024), alors que pour la première fois, la RDC y figure (10e), à la place du Mozambique. De son côté, l’Éthiopie continue de chuter. Encore 4e en 2020, le pays figure à la 9e place quatre ans plus tard.

Source: JeuneAfrique

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