A la veille de ses assemblées, la BAD plaide pour un récit africain plus ambitieux

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A la veille de ses assemblées, la BAD plaide pour un récit africain plus ambitieux
A la veille de ses assemblées, la BAD plaide pour un récit africain plus ambitieux

Africa-Press – CentrAfricaine. Du 26 au 30 mai 2025, le groupe de la BAD tiendra à Abidjan ses assemblées annuelles, dans un contexte de tensions économiques mondiales. Pour l’institution, cette situation rappelle aux pays africains qu’ils doivent d’abord compter sur leurs propres ressources et développer leur propre narratif.

Face aux défis, l’Afrique doit changer de narratif pour attirer les financements et renforcer sa souveraineté économique. C’est le message lancé par Kevin Urama (photo), économiste en chef et vice-président du groupe de la Banque africaine de développement (BAD), lors d’une conférence de presse tenue le mercredi 9 avril 2025. A quelques semaines des assemblées annuelles de l’institution prévues à Abidjan, ce plaidoyer pour une transformation du regard porté sur l’Afrique résonne comme un appel à l’action, notamment pour les médias.

Selon le professeur Urama, le continent reste prisonnier d’un imaginaire négatif, qui alimente la méfiance des investisseurs et limite la capacité des Etats à mobiliser des ressources sur les marchés internationaux. « Les narratifs ont leur rôle à jouer. Et les personnes les plus à même de créer un narratif positif sur le développement de l’Afrique sont les journalistes », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance d’un journalisme de solutions, fondé sur des faits et non sur le sensationnalisme.

Dans un contexte d’incertitudes marqué par le retrait progressif de l’aide américaine et la contraction des financements internationaux, l’Afrique doit, selon lui, valoriser ses propres capacités de résilience et de financement. En raison de ce narratif négatif sur l’Afrique, ces opportunités ne sont pas assez mises en avant ; une situation que les médias africains doivent changer, souligne-t-il, invitant les journalistes à incarner un rôle plus constructif dans le récit du développement du continent.

« Incarnez ce journalisme qui se base sur les faits et non les sentiments, et qui met en avant un narratif positif sur l’Afrique au lieu d’un narratif négatif. Bien entendu, lorsqu’il y a des dysfonctionnements vous ne devez pas hésiter à les relever, mais il n’est pas nécessaire de faire du battage médiatique autour de cela, au détriment de ce qui se fait de bien », a-t-il poursuivi. Avant d’ajouter, dans une métaphore révélatrice: « nous avons besoin d’un journalisme basé sur des preuves et qui motive les décideurs ainsi que les populations à mieux faire, et qui donne l’espoir qu’un meilleur développement est possible, plutôt que de créer des scénarios où nous nous sentirons impuissants en tant qu’Africains face aux défis que nous rencontrons. Si dès sa naissance vous dites à votre enfant qu’il est stupide, il grandira en étant convaincu de cela et n’accomplira rien de bon ».

Ces propos entrent en résonance avec le thème des prochaines assemblées annuelles de la BAD: « Tirer le meilleur parti du capital de l’Afrique pour favoriser son développement ». Dans un monde où les financements extérieurs deviennent de plus en plus incertains, la BAD appelle à une mobilisation des ressources propres du continent: capital humain, ressources naturelles, intégration économique et capital financier. Pour Kevin Urama, rien qu’en luttant contre les flux financiers illicites, l’Afrique pourrait économiser jusqu’à 1,6 milliard de dollars par jour. Une somme considérable qui pourrait contribuer à renforcer son autonomie budgétaire.

La ZLECAf, citée comme exemple d’initiative porteuse, représente aussi une opportunité stratégique pour créer un marché continental fort et résilient, propice aux investissements africains. A l’heure où les regards se tournent vers les institutions internationales, les 81 gouverneurs de la BAD se retrouveront à Abidjan du 26 au 30 mai pour discuter de ces enjeux, dans la foulée des réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale.

Plus de 6000 participants sont attendus. L’événement sera marqué par la publication du rapport annuel sur les perspectives économiques de l’Afrique, et par l’élection du nouveau président de la BAD, qui prendra ses fonctions en septembre.

« Nous nous tenons prêts à accueillir le monde en Côte d’Ivoire pour les assemblées du groupe de la BAD », a conclu Vincent Nmehielle, secrétaire général de l’organisation.

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