Colonel Yalengue Aggressé Par Les Wagner

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Colonel Yalengue Aggressé Par Les Wagner
Colonel Yalengue Aggressé Par Les Wagner

Africa-Press – CentrAfricaine.
Le colonel Martiano Édouard Yalengue, directeur général adjoint de la garde présidentielle (GSPR), a été passé à tabac samedi dernier par des mercenaires russes au camp de Roux, à Bangui. L’agression s’est produite au cœur même de la base de la garde présidentielle, où sont stationnées les unités chargées de la protection rapprochée du président Faustin-Archange Touadéra. Plusieurs militaires centrafricains étaient présents, mais aucun n’est intervenu.

Il convient de rappeler que le camp de Roux abrite à la fois l’État-major de forces armées centrafricaines, la garde présidentielle, une prison et des éléments russes du groupe Wagner. C’est là que le colonel Yalengue exerce ses fonctions quotidiennes. Mais le samedi 22 novembre dernier, le chaos s’installe. Les demi-dieux de Bangui, ces voyous de Poutine, ont décidé de frapper dur, et ils l’ont fait d’ailleurs. Selon plusieurs témoins militaires contacté par la rédaction du CNC, une altercation verbale a d’abord éclaté entre des mercenaires russes et l’officier avant que ces derniers ne le frappent à plusieurs reprises, en pleine base militaire comme un bébé. Un homme qui est frappé comme un bébé devant tout le monde, c’est la honte à vie. Pourtant, ses gros bras centrafricains, qui faisaient de gros dos dans les rues de la capitale, et qui n’hésitent pas à agresser les civils, deviennent miraculeusement des femmes devant les russes. Ils observent d’ailleurs cette agression sans même lever leur très petit doigt en l’air pour séparer cette agression honteuse d’un officier supérieur.

Un militaire qui affirme avoir vu l’agression résume ce qu’il a constaté: le directeur général adjoint de la garde présidentielle, censé être l’un des hommes les plus protégés du dispositif sécuritaire national, a été battu publiquement dans sa propre base, sous les yeux de ses éléments, sans réaction de la hiérarchie sur place. Cette affaire confirme le degré de domination exercée par les mercenaires russes sur l’armée nationale centrafricaine, y compris celles directement liées à la sécurité du chef de l’État.

Pour de nombreux officiers, cette agression est d’autant plus marquante que le colonel Yalengue est lui-même un homme de main des russes. C’est lui qui exécute des ordres de Wagner au sein de la garde présidentielle.

Rappelons que le colonel était à l’origine de l’arrestation du capitaine Sabeyang en décembre 2023 à l’aéroport international de Bangui Mpoko. Ce jour, le capitaine Sabeyang, spécialiste des drones au ministère de la Défense nationale, avait été désigné pour diriger une mission officielle de cartographie aérienne. Il travaillait alors avec une équipe composée d’agents du ministère de l’Urbanisme et de représentants de la Banque mondiale. Leur objectif était de réaliser des prises de vue aériennes des zones inondables de Bangui afin de mieux planifier les infrastructures urbaines. La mission était connue des autorités compétentes et s’inscrivait dans un cadre de coopération avec un partenaire international.

Au cours de cette opération, l’équipe utilisait un drone pour obtenir des images des quartiers concernés. C’est à ce moment-là que le colonel Yalengue était intervenu, accompagné de ses éléments lourdement armés. Selon les témoignages recueillis à l’époque, il avait immédiatement ordonné la saisie du matériel de tournage, notamment le drone et les équipements de la Banque mondiale. Il avait ensuite accusé le capitaine Sabeyang et l’équipe de vouloir filmer la résidence présidentielle et certains points stratégiques de la capitale dans le but de préparer un attentat contre le chef de l’État.

C’est ce même colonel Yalengue, qui avait contribué à cette arrestation très critiquée, qui se retrouve aujourd’hui victime de violences au camp de Roux. Pour plusieurs militaires, le contraste est frappant: un officier qui exerçait une autorité sévère contre ses propres collègues se retrouve lui-même exposé à une brutalité ouverte de la part d’étrangers sur une base centrafricaine, sans réaction de protection institutionnelle.

Depuis l’agression de samedi, ni la direction de la garde présidentielle ni l’état-major des Forces armées centrafricaines (FACA) n’ont diffusé de communiqué.

À Bangui, plusieurs sous-officiers et officiers reconnaissent qu’ils préfèrent désormais éviter tout conflit avec les Russes, même lorsqu’ils estiment qu’une situation est injuste ou contraire à la hiérarchie militaire nationale. Un sous-officier en poste dans la capitale décrit un climat de retenue permanente: chacun pèse ses mots, évite les prises de position publiques et se contente d’exécuter les ordres transmis, quels qu’en soient les auteurs.

Le président Faustin-Archange Touadéra n’a pas pris publiquement position sur l’agression du colonel Yalengue. L’absence de réaction officielle, que ce soit de la présidence, de la garde présidentielle ou de l’état-major, laisse en suspens une question centrale pour les militaires comme pour la population: qui exerce réellement l’autorité dans les bases stratégiques du pays, et jusqu’où les mercenaires russes peuvent-ils aller, y compris contre les plus hauts cadres du dispositif sécuritaire national?

Source: Corbeau News Centrafrique

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