Africa-Press – CentrAfricaine.
Depuis plusieurs jours, les mercenaires russes du groupe Wagner mènent une série d’opérations militaires dans le nord-est de la République centrafricaine. Leur mission: traquer les combattants du PRNC dans la région de Sam-Ouandja, tout en cherchant à capturer le général Arda Hakouma, chef du Mouvement Démocratique pour le Rassemblement du Peuple Centrafricain (MDRPC), actif entre Ndélé et Bria.
En effet, dans la localité de Sam-Ouandja, les mercenaires ont d’abord ciblé les positions du PRNC. Ils ont réussi à retrouver leurs ancienne base, mais n’ayant trouvé aucun combattant, ils ont tiré sans interruption pendant près de deux heures, avec des armes lourdes et légères, terrorisant les villageois qui sont dans cette zone. Les balles, les obus et les explosifs ont retenti dans les villages. Un gaspillage inutile de munitions payées par les contribuables centrafricains.
Quelques jours plus tard, le samedi 25 octobre, Wagner a lancé une nouvelle expédition vers Boromata, cette fois pour arrêter le général Arda Hakouma. Selon leurs informateurs, le chef rebelle serait arrivé pour se soigner. Mais l’information s’est révélée fausse. Aucun signe de lui. Les mercenaires ont alors fouillé des habitations, tiré en l’air et passé la journée à menacer la population avant de se replier.
Le général Arda Hakouma avait pourtant annoncé le dépôt de ses armes et sa volonté d’abandonner la lutte armée au profit d’un combat politique. Au lieu d’encourager cette démarche, le gouvernement centrafricain poursuit, avec Wagner, une logique inverse: éliminer même ceux qui se désarment.
Ce paradoxe reflète la politique du régime Touadéra. Alors que le pouvoir appelle publiquement les groupes armés à la réconciliation, il cautionne dans le même temps la traque des chefs rebelles désarmés. Dans le nord-est, la population vit désormais dans la peur permanente: celle des rebelles d’un côté, et celle des mercenaires russes de l’autre.
Les habitants de la Vakaga parlent de scènes d’intimidation, de pillages et de coups de feu sans raison. Pour beaucoup, cette violence ciblée contre le PRNC et le MDRPC montre une seule réalité: la guerre n’a plus de logique politique. Elle est devenue un instrument de domination, entretenu par un régime qui s’appuie sur Wagner pour imposer la peur et faire taire toute voix dissidente.
Cette situation poussent de nombreux observateurs à se poser des questions. D’abord, quelle est la crédibilité du programme de désarmement du gouvernement si ceux qui désarment sont traqués par Wagner? Quel rebelle va accepter de déposer les armes en sachant qu’il sera ensuite chassé comme un animal par des mercenaires russes?
Ensuite, pourquoi Wagner mène-t-il des opérations militaires sans coordination avec les FACA? Où sont les forces armées centrafricaines dans tout ça? Pourquoi les mercenaires russes ont-ils les mains libres pour aller où ils veulent, tirer sur qui ils veulent, gaspiller les munitions payées par les Centrafricains?
Enfin, qui paie pour ces opérations? Les munitions que Wagner a gaspillées pendant deux heures à Sam-Ouandja sont payées par l’État centrafricain. C’est l’argent des contribuables centrafricains qui finance ces opérations inutiles. C’est l’argent des Centrafricains qui paie les mercenaires russes pour terroriser les Centrafricains.
Le régime Touadéra a perdu tout contrôle. Il ne contrôle plus son territoire. Il ne contrôle plus ses forces armées. Il ne contrôle même plus les mercenaires qu’il a fait venir. Wagner fait ce qu’il veut en Centrafrique. Les mercenaires russes sont devenus la vraie autorité du pays.
Cette ambivalence du gouvernement est aussi visible dans le traitement des opposants politiques. Le président appelle les opposants à rentrer au pays. Il promet qu’ils ne seront pas inquiétés. Mais dès qu’ils rentrent, ils sont arrêtés et emprisonnés.
Le docteur Dominique Désiré ERENON est rentré à l’appel du président Touadéra. Mais rien qu’à l’aéroport, il a été interpellé. Et il est depuis quatre semaines à la Section des Recherches et d’Investigation, arrêté pour atteinte à la sûreté de l’État, complicité, injure au chef de l’État.
C’est un piège. Les appels de Touadéra sont des pièges ouverts à ceux qui veulent l’entendre. Il appelle les rebelles à déposer les armes, puis il envoie Wagner les traquer. Il appelle les opposants à rentrer, puis il les arrête à l’aéroport.
Source: Corbeau News Centrafrique
Pour plus d’informations et d’analyses sur la CentrAfricaine, suivez Africa-Press





