Africa-Press – Congo Brazzaville. Longtemps intouchable sur la scène nationale, le TP Mazembe, 15 fois champion du Congo, vient d’enregistrer deux défaites consécutives en Linafoot, de surcroît, dans son propre stade. C’est assez rare pour être souligné. Le club de Kamalondo n’avait plus connu une telle désillusion depuis décembre 2022. Crise passagère ou début d’un déclin plus profond? Imprenable à la maison, le sanctuaire des mangeurs de crocodiles est un lieu où la profanation vit désormais, ses meilleurs jours. Dans les travées de Kamalondo, les certitudes laissent le terrain aux incertitudes, le doute s’installe. Le Champion en titre traverse-t-il une simple zone de turbulences ou assiste-t-on à la fin d’une hégémonie?
Mazembe a perdu son âme: une analyse sans concession
Il fut un temps où évoquer le nom de Mazembe suffisait pour inspirer la terreur chez les adversaires et le respect. Une machine qui détruisait tout ou presque, sur on passage, une dynastie intouchable au royaume du football congolais. Mais aujourd’hui, les corbeaux volent à basse altitude en Linafoot. Deux défaites consécutives en phase des play-offs, une première sur les cinq dernières années, contre le FC Lupopo et le FC Tanganyika. Un fait rare, un fait symbolique. Jamais le TP n’a connu une telle série à la maison. « Mazembe a perdu son âme », reconnaît Guillit Koba, journaliste congolais basé à Lubumbashi.
Il faut remonter dans le temps pour retrouver trace d’une telle série noire. Le TP Mazembe avait perdu contre Vita Club et contre Rangers, en déplacement 2-1 et 1-0, en décembre 2022. À la maison, les Corbeaux n’ont jamais enregistré deux défaites consécutives dans leur stade. « Le TP Mazembe a perdu son âme depuis 2015. En effet, Mazembe n’a pas respecté toutes les étapes d’une transition. Le rajeunissement d’un effectif dans un club nécessite un projet d’envergure avec de vrais connaisseurs. Promouvoir les talents locaux c’est bien, mais penser à l’avenir du club c’est encore plus mieux », évoque Josué Tshikombo, journaliste sportif.
Le mythe de l’invincibilité à domicile s’effrite
La défaite face à Lupopo, trois jours plus tôt, n’est pas le scandale du siècle dans la vie du TP Mazembe. C’est celle contre le FC Tanganyika, promu cette saison en Linafoot, qui soulève des questions. Mazembe a-t-il perdu son âme? Au-delà du résultat (1-2 en faveur du club de Kalemie) de ce match joué à Kamalondo le dimanche 11 mai 2025, c’est l’attitude du collectif, l’orgueil qui suscitent des interrogations. Le club rouge et blanc est venu dicter sa loi à Kamalondo, temple sacré d’un TP Mazembe prenable et tout-impuissant. Le club noir et blanc est tombé devant un club en pleine ascension mais loin de rivaliser d’ardeur au palmarès avec le géant lushois.
Josué charge la direction du club noir et blanc. « Lamine est juste victime de la mauvaise gestion du club. C’est le même Lamine qui a fait le mondial 2010 avec Mazembe. Il a hérité d’un club avec un effectif composé des joueurs très moyens. Il est en réalité limité… On ne vient pas apprendre dans un club de haut niveau. C’est le péché d’avoir enrôlé plusieurs jeunes joueurs sans expérience ».
Lamine Ndiaye, artisan de gloire et victime du système
« Je pense que c’est la fin d’un cycle au sein du Tp Mazembe. Le business a pris le dessus sur le sportif et Mazembe ne reste que de nom depuis 2015. Mazembe vivait déjà son déclin en silence. Le vrai problème qui ronge Mazembe reste son management qui connaît un vieillissement. Pour moi, il est judicieux de restructurer l’organigramme du club afin de repartir sur de bonnes bases et sortir l’équipe du gouffre. La coordination du club est à refaire », noté Josué Tshikombo.
En play-offs cette saison, c’est la 3ème défaite des corbeaux en 6 matchs. Le TP Mazembe ne compte que 9 points, 6 de moins que l’actuel leader, Maniema Union. Lamine Ndiaye, le potier des succès passés, semble découvrir les limites de son groupe. Le Sénégalais est en panne d’inspiration. Guillit Koba, journaliste sportif, a un point de vue tranché sur la situation actuelle du TP Mazembe et les choix de Lamine Ndiaye qu’il trouve « sérieusement obsolètes ».
Mazembe est un habitué de l’élite mais l’élite a un prix, elle s’entretient. « Le management pose problème concernant les départs et les arrivées », fait remarquer Fabrice Tshita, journaliste à Mbegu Télévision. Pour l’instant, les corbeaux vacillent, mais ne tombent pas encore. Prudence ! Dans le football, les empires ne meurent pas une nuit. Mais toujours, un jour, par négligence. « Mazembe est dans une zone de turbulences, oui. Pas un déclin », souligne Guillit Koba.
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