Africa-Press – Congo Brazzaville. Marie Jourdren est pédiatre au centre hospitalier régional universitaire de Brest.
Les Dossiers- Sciences et Avenir: En 2023, vous avez analysé toutes les études internationales concernant l’impact des écrans sur les enfants publiées avant 2021. Quelles sont vos conclusions, notamment concernant l’école?
Marie Jourdren: La recherche s’accorde sur le fait que les écrans causent une baisse du niveau attentionnel chez les enfants de moins de 7 ans. Or l’attention est un des piliers de l’apprentissage tels qu’ils ont été décrits par Stanislas Dehaene, professeur de psychologie cognitive au Collège de France. Pour bien apprendre, un enfant doit être capable d’orienter son attention et de se concentrer, en s’engageant activement: faire des prédictions, les mettre à l’épreuve, répéter les expériences. Et il apprend mieux lorsque tous ses sens sont engagés.
Tenir le crayon, voir la ligne qui s’écrit sur la feuille… ces stimuli sont absents d’un écran, par nature beaucoup plus pauvre sur le plan sensoriel. Même adultes, c’est grâce au contexte – les lieux, les odeurs, etc. – que nous apprenons. L’apprentissage des fondamentaux ne doit donc pas passer par les écrans, face auxquels on est plutôt passif et qu’il faut éviter à l’école primaire. À partir du collège, on peut envisager un usage collectif des tablettes, ponctuel et accompagné par un humain. La limitation à d’autres applications, sources de distraction importante, est nécessaire (pas de réseaux sociaux).
Vous êtes donc d’accord avec la Commission d’experts sur l’impact de l’exposition des jeunes aux écrans qui s’est réunie en 2024?
Tout à fait. Ses préconisations, soutenues par plusieurs sociétés médicales dont la Société française de pédiatrie, partent du constat que les écrans ont des conséquences négatives sur la santé et la cognition des enfants.
Outre qu’ils fragilisent les capacités attentionnelles, ils perturbent aussi le sommeil, essentiel à l’apprentissage, favorisent la sédentarité et le surpoids, et peuvent endommager la vue, augmentant le risque de myopie. De plus, les écrans peuvent impacter le développement du langage des enfants de moins de 6 ans, ainsi que l’acquisition du langage écrit.
« Eduquer les enfants et les adolescents au numérique »
Quelles sont ses recommandations?
La Commission souligne que les enfants de moins de 6 ans ne doivent pas être exposés aux écrans. Une règle « idéale », peut-être difficile à appliquer à la maison, mais essentielle à l’école, où il ne devrait pas y avoir d’écran avant cet âge. En ce qui concerne les utilisations du numérique à visée éducative pour les enfants plus grands, la Commission rappelle que tout nouvel outil doit être évalué avant de le déployer à large échelle.
Le rapport pointe aussi l’importance d’éduquer les enfants et les adolescents au numérique, aux opportunités qu’il offre et aux dangers qu’il peut présenter. Et surtout, de former les enseignants et les éducateurs.
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