Africa-Press – Congo Kinshasa. La RDC appelle à un sursaut régional et international face aux atteintes à la légalité et à la stabilité par le régime Kagame. Kinshasa a élevé la voix dimanche 8 juin dans un message ferme adressé à la communauté régionale et internationale. Le ministère congolais des Affaires étrangères dénonce les agissements du Rwanda, qu’il considère comme une menace directe à la stabilité régionale.
La diplomatie congolaise s’appuie notamment sur la Résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, qui condamne l’ingérence militaire rwandaise dans l’est de la RDC. « La République démocratique du Congo rappelle que la crise dans l’est de son territoire, et le différend avec le Rwanda, sont alimentés, entre autres, par des actes d’agression dénoncés notamment par la Résolution 2773 du Conseil de sécurité des Nations unies, qui exige le retrait immédiat des forces armées rwandaises ».
Face à cette situation, Kinshasa déplore une absence de réponse ferme de la part des institutions régionales et internationales. Cette inaction serait, selon le gouvernement congolais, une forme de tolérance qui compromet la paix durable et encourage les violations répétées des principes fondamentaux du droit international.
Violation des traités et atteinte à l’intégrité régionale
L’administration Tshisekedi fustige particulièrement la violation de l’article 34 du traité révisé de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC), un texte que Kigali aurait, selon Kinshasa, largement bafoué. « On ne saurait invoquer certains droits tout en bafouant les obligations fondamentales du même traité et les droits d’un autre État membre », prévient Thérèse Kayikwamba Wagner, la cheffe de la diplomatie congolaise.
Dans ce contexte, le gouvernement congolais souligne que l’interprétation sélective des engagements internationaux affaiblit la portée des accords. « La République démocratique du Congo rappelle que l’application partielle d’un traité le vide de son sens et de sa portée juridique », insiste le communiqué, pointant du doigt un comportement jugé irresponsable et dangereux pour l’équilibre régional.
Kinshasa affirme pourtant maintenir son engagement dans les processus de paix en cours, notamment ceux portés par l’Union africaine, le Qatar et les États-Unis. Mais elle s’inquiète d’une dynamique inquiétante: celle qui consiste à se soustraire aux engagements dès lors que la redevabilité est évoquée.
« Toutefois, le pays de Tshisekedi s’inquiète d’une tendance inquiétante: celle qui consiste à se retirer d’un traité ou à bloquer un processus dès qu’une exigence de redevabilité est évoquée », indique le texte, en référence implicite au comportement du Rwanda dans plusieurs instances diplomatiques récentes.
Un appel à la responsabilité et au respect du droit
Pour Kinshasa, une diplomatie sans exigence de responsabilité n’est pas viable. L’État congolais met ainsi en garde contre la répétition d’accords de paix sans mécanismes de reddition de comptes, qu’il juge contre-productifs. « Elle a mené à des accords sans redevabilité, donc sans durabilité », affirme la ministre des Affaires étrangères.
La RDC rappelle aussi un principe fondamental: la paix ne peut se faire au prix de l’oubli ou de l’impunité. « Un processus de paix ne saurait signifier effacement du passé ni immunité pour des crimes graves », avertit Kayikwamba, déterminée à défendre la mémoire des victimes et à refuser tout compromis sur la justice.
Dans son message, la RDC appelle clairement la communauté internationale à prendre ses responsabilités. Elle enjoint les institutions à sortir d’une posture passive pour adopter des mesures concrètes en faveur du droit et de la souveraineté des États membres.
« La RDC appelle à une vigilance renforcée face aux comportements qui affaiblissent le multilatéralisme », insiste le texte. Un avertissement lancé à ceux qui, sous couvert de négociations, chercheraient à affaiblir les normes établies du droit international.
Kinshasa reste ouverte mais exige la justice
Malgré ces tensions, Kinshasa réaffirme son attachement à la paix. L’exécutif congolais insiste sur sa participation active aux initiatives diplomatiques régionales et internationales, tout en demandant que ces efforts s’appuient sur des bases solides et équitables.
La RDC réclame que les principes de justice, de responsabilité et de respect des engagements soient pleinement intégrés dans tout processus de résolution des conflits. Elle appelle à un multilatéralisme fort, fondé sur la légalité et la solidarité entre États.
« La République démocratique du Congo reste engagée dans les processus de paix en cours ». Une manière de réaffirmer sa volonté de dialoguer tout en posant des limites claires à ce qu’elle considère comme des compromissions inacceptables.
Ce recadrage intervient dans un contexte de tension persistante entre Kinshasa et Kigali. Il vise à mobiliser les partenaires internationaux pour un soutien plus ferme au respect de l’ordre juridique international.
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