Africa-Press – Congo Kinshasa. Alors que la RDC (République démocratique du Congo) célèbre ses 65 ans d’indépendance, à Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, dans l’est du pays, la joie est absente. Pour de nombreux habitants, ce jour n’a plus de signification. Parmi eux, un jeune de la ville a exprimé, avec émotion et colère, ce que ressent une partie de la population laissée pour compte. Son message sonne comme un cri de détresse, une interpellation directe aux autorités nationales.
« Nous fêtons cet anniversaire dans nos cœurs ; car, nous sommes fiers d’appartenir à ce beau pays », déclare-t-il, d’un ton résigné.
« Mais nous, qui sommes à Goma actuellement, nous jeunes, nous sommes nés dans la guerre ».
Pour lui, la réalité de Goma contraste cruellement avec l’esprit de fête affiché à Kinshasa. « Apparemment, Kinshasa a oublié que Goma fait partie intégrante de la République démocratique du Congo », dit-il, rappelant que cela fait cinq mois que la ville est tombée aux mains des groupes armés.
Loin des discours officiels, il dénonce des propos creux venus de la capitale.
« On attend juste le discours de Kinshasa, ce ne sont que des flatteries », lance-t-il avec amertume.
À ses yeux, cette date devrait servir à interpeller les autorités, notamment le président de la République, garant de la souveraineté nationale. Il appelle à une prise de conscience du pouvoir central, face à la situation dramatique dans l’est du pays.
« Est-ce que c’est important de fêter cette fête sans Goma, sans Bukavu, sans tout Rutshuru, sans Masisi, sans une grande partie de Walikale? », s’interroge-t-il.
Dans la province du Sud-Kivu également, la célébration semble vide de sens. Le jeune homme insiste en disant que ceux qui vivent dans les zones sous occupation ou en insécurité constante sont aussi des Congolais, et méritent d’être protégés et considérés.
Il affirme que Goma n’est plus une ville libre.
« En tout cas, la vie… les gens sont tués çà et là, et dire qu’on est indépendant ici à Goma, je crois que la réponse est non ». Il évoque une population abandonnée, dépassée par les événements, qui vit dans la peur constante et sans perspective d’avenir.
Au-delà de la guerre, le quotidien à Goma est devenu un combat permanent. « Goma a juste besoin de la paix. Vivre à Goma sans aéroport international, vivre à Goma sans banque… », déplore-t-il.
Il revendique le droit fondamental de circuler librement dans son propre pays, de se rendre à Kinshasa ou Lubumbashi, sans se sentir prisonnier de l’instabilité.
Même les accords signés pour ramener la paix sont remis en question.
« Oui, c’est bon, on a signé les accords, mais c’est quoi l’effectivité? », s’interroge-t-il, dénonçant l’absence de résultats concrets sur le terrain. Il évoque la mémoire de Patrice Lumumba, regrettant que soit trahi le rêve d’indépendance. « Lumumba, là où il est, il n’est pas fier et regrette de voir que l’indépendance est fêtée sans Goma, sans Bukavu, sans Walungu… »
« Qu’il se mette en tête qu’il est chef de l’État. On doit vivre, que les banques ouvrent, qu’on vive normalement », assène-t-il. À travers ce témoignage poignant, c’est toute une région qui demande à être entendue. En ce jour symbolique, la voix de Goma rappelle que l’indépendance ne peut être célébrée sans justice, sans paix, et sans unité véritable.
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