Africa-Press – Congo Kinshasa. Monsieur, Votre lettre ouverte adressée à Son Excellence Madame Thérèse KAYIKWAMBA, Ministre d’État, Ministre des Affaires étrangères, relative à l’accord de paix signé entre la République Démocratique du Congo et la République du Rwanda, appelle une réponse à la hauteur des enjeux que vous évoquez.
En tant qu’élu du peuple, Député Provincial du Kasaï, je tiens à m’exprimer en tant qu’acteur politique républicain profondément attaché à la souveraineté de notre État, au respect des institutions et à la dignité de notre diplomatie.
Le moment est grave, mais il exige moins de bruit que de hauteur, moins de posture que de vision.
1.LA DIPLOMATIE CONGOLAISE NE PEUT-ÊTRE JUGÉE A LA LUMIÈRE DES ÉMOTIONS , MAIS DES INTERETS NATIONAUX
Vous affirmez, avec véhémence, vos réserves quant à la signature d’un accord de paix sous médiation étrangère. Mais comme le rappelait Julius NYERERE, ancien président de la Tanzanie: « Le nationalisme ne consiste pas à rejeter les autres, mais à faire respecter ce que nous sommes. »
La RDC est un État souverain, mais elle n’est pas une île diplomatique. Dans un monde interconnecté, où la paix régionale conditionne notre stabilité intérieure, nous avons le devoir de parler avec tout, pour protéger les nôtres. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais de responsabilité.
LA PAIX N’EST PAS UN COMPROMIS HONTEUX, C’EST UN COMBAT MORAL
Il est facile de disqualifier les accords venus de l’extérieur. Mais chaque Congolais lucide sait que ce n’est ni la signature à Washington, ni celle à Luanda ou Nairobi, qui fait perdre la souveraineté: c’est l’impuissance prolongée face à l’insécurité, à l’inaction, au silence. Et comme le disait Nelson Mandela: « Faire la paix avec un ennemi, c’est travailler avec cet ennemi; et cet ennemi devient votre partenaire ».
Refuser toute voie diplomatique avec le Rwanda, sous prétexte que la blessure est profonde, c’est oublier que la responsabilité de l’État est de sortir les siens de la guerre, pas de les y enfermer.
LE PATRIOTISME NE S’EXPRIME PAS DANS L’OUTRAGE AUX INSTITUTIONS
Vous avez servi l’État congolais. Ce passé vous engage. Or, attaquer publiquement la Ministre des Affaires étrangères sans base factuelle ni souci de respect institutionnel, revient à fragiliser la parole de la RDC dans les instances internationales.
Nous devons nous souvenir des mots de Patrice LUMUMBA, dans sa lettre à sa femme le 26 juin 1960: « l’Afrique écrira sa propre histoire, et elle sera une histoire de dignité ».
La dignité de notre diplomatie passe par la cohérence entre nos critiques et nos responsabilités passées. La République ne peut être gouvernée par lettre ouverte. Le dialogue entre acteurs d’État se fait dans le cadre des mécanismes républicains.
S’OPPOSER, OUI. DÉSTABILISER, NON.
Personne ne conteste le droit à l’opposition, à l’interpellation, au désaccord. C’est la force même de la démocratie. Mais il y a une ligne que tout patriote ne franchit pas: celle de la fragilisation de l’image extérieure du pays, surtout lorsque l’effort diplomatique est en cours.
Comme le disait Thomas SANKARA, autre héros panafricain: Nous devons choisir entre le luxe pour quelques-uns et la dignité pour tous. »
Aujourd’hui, notre peuple attend des dirigeants et anciens ministres qu’ils fassent preuve d’une élévation morale rare: celle qui consiste à soutenir la recherche de paix, même si elle n’a pas été initiée par soi-même. Ce n’est pas de la soumission, c’est du patriotisme.
UN APPEL À LA RESPONSABILITE COLLECTIVE
Monsieur Luhaka, l’Histoire retiendra moins la forme d’un accord que ses résultats. Si la paix revient dans l’Est, si les vies sont épargnées, si nos frontières sont respectées, alors c’est la République qui aura gagné. À nous, élus et anciens dignitaires, de renforcer les fondements de cet édifice, non de le fissurer à coups de déclarations publiques.
En guise de conclusion
La République Démocratique du Congo n’est pas faible. Elle est simplement engagée dans un processus difficile de stabilisation, qui demande courage, intelligence diplomatique et unité nationale.
Je vous invite à user de votre expérience d’homme d’État pour accompagner cette recherche de paix dans un esprit de rigueur, de respect et de loyauté républicaine. Le peuple congolais n’oubliera pas celles et ceux qui auront choisi le rassemblement face à la division.
Veuillez agréer, Monsieur, l’expression de ma considération républicaine et patriotique.
Honorable KALOMBO KANKU JOSEPH, Député Provincial élu de la Circonscription électorale de Tshikapa
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