Africa-Press – Congo Kinshasa. Déjà annoncée dans ses précédentes communications, la tournée de Joseph Olenghankoy dans l’est de la RDC prend une tournure concrète. Le président du Conseil national de suivi de l’Accord de la Saint-Sylvestre (CNSA) a confirmé mardi 8 juillet, que les préparatifs de sa mission à Goma et Bukavu sont en cours. Ouragan a appris qu’une correspondance a été adressée à la Première ministre, Judith Sumwina, pour solliciter la prise en charge de cette mission. Une autre lettre toujours de Joseph Olenghankoy a été envoyée à la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en RDC, Bintou Keita, sollicitant le transport pour sa délégation.
Le périple de Joseph Olenghankoy s’inscrit dans le cadre de la relance d’un véritable dialogue interne, face à une situation nationale que le CNSA juge « alarmante ». Tout est parti d’un constat amer fait par le dirigeant de l’institution d’appui à la démocratie sur l’état de la nation. Les Congolais, déplore-t-il, ne se font plus confiance entre eux, préférant voir leurs différends gérés par une pléthore de puissances étrangères sollicitées dans la région, sur le continent, en Occident et même en Asie. « Par là, nous nous exposons, comme dit un adage africain, à solliciter le cochon comme témoin, quand nous sommes en conflit avec le sanglier », fustige l’homme d’État.
D’après Olenghankoy, cette dépendance à l’égard d’acteurs extérieurs affaiblit la souveraineté nationale et réduit les capacités du pays à se prendre en charge. Ainsi, le président du CNSA plaide pour une résolution congolaise des problèmes congolais, à travers une concertation réunissant le gouvernement, l’opposition politique armée et non armée sans oublier la société civile.
L’ancien « enfant terrible de l’opposition » rappelle que les pourparlers entre Congolais ont déjà porté leurs fruits, notamment lors des assises de Sun City, en Afrique du Sud. Le rendez-vous, a-t-il fait savoir, avait permis de surmonter une crise profonde marquée par la multiplication des rébellions armées (RCD, MLC, RCD/KML, RCD/N, Maï-Maï). Arguments à l’appui, Olenghankoy a démontré comment ce processus avait conduit à la consolidation de la paix, de l’unité nationale, de la concorde et de la cohésion.
C’est dans cette optique que le patron du CNSA recommande l’application effective des mesures de décrispation politique, de manière réciproque, tant du côté de l’exécutif que de celui des groupes rebelles. Le dialogue, selon Olenghankoy, doit précéder toute négociation menée à l’extérieur du pays. « L’exposition de nos divergences internes aux États étrangers non intéressés par notre sort fragilise la confiance en nous-mêmes et réduit les capacités nationales à nous assumer », a-t-il conseillé. Résolument engagé dans cette voie, le président du CNSA réitère sa volonté de rencontrer toutes les parties prenantes, civiles, politiques ou armées, pour les amener autour de la table des négociations.
Kisankala endeuillée, Olenghankoy réprouve
En parallèle, le sage condamne la résurgence des violences communautaires, notamment les événements survenus entre le 3 et le 5 juillet 2025 dans la province du Lualaba, où huit corps sans vie de motocyclistes ont été découverts dans la brousse de Kisankala.
Le « vieux routier » conçoit mal que ses précédents avertissements sur la montée du tribalisme et du régionalisme soient restés lettre morte. Il rappelle surtout sa correspondance du 18 février dernier adressée à la Première ministre, qui constituait une alerte pour prévenir de telles dérives. « Ces actes de haines provinciales, ethniques et tribales détruisent l’unité du pays », a-t-il désapprouvé.
À travers ses prises de position, Joseph Olenghankoy se repositionne comme un acteur clé dans la recherche d’une solution endogène à la crise congolaise. Il est temps, a-t-il laissé entendre, que les Congolais reprennent en main leur destin, sans attendre des solutions extérieures souvent dictées par des intérêts obscurs.
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