Africa-Press – Congo Kinshasa. Alors que Kinshasa multiplie les efforts diplomatiques à travers les médiations qatarie et américaine pour ramener la paix dans l’Est du pays, le terrain reste le théâtre d’une tragédie humaine sans fin. Les rebelles du M23 poursuivent leur offensive, les ADF sèment la terreur parmi les civils, et les morts s’accumulent. À Genève, la délégation congolaise hausse le ton contre le Rwanda et ses supplétifs du M23-AFC, mais les accords de Doha et de Washington montrent déjà leurs limites: aucune sanction dissuasive n’a encore été imposée aux agresseurs, laissant planer le spectre d’une paix illusoire. En gros, il convient de conclure que les médiations qatarie et américaine ont montré leurs limites et leurs failles.
La République démocratique du Congo est aujourd’hui à la croisée des chemins. Alors que Kinshasa multiplie les initiatives diplomatiques en s’appuyant sur deux médiations majeures – celle du Qatar et celle des États-Unis – la réalité du terrain dans l’Est du pays se révèle implacable: la violence ne recule pas, elle s’aggrave. La contradiction est flagrante. D’un côté, des salons feutrés de Doha et de Washington, on affiche la volonté de paix ; de l’autre, sur les collines du Nord-Kivu et de l’Ituri, les populations civiles continuent de compter leurs morts.
Le M23, désormais adossé à l’Alliance du Congo (AFC), n’a jamais cessé de brandir son arrogance militaire. Chaque cessez-le-feu est aussitôt violé, chaque engagement pris se transforme en manœuvre dilatoire pour gagner du temps et renforcer ses positions. Quant aux ADF, cette nébuleuse terroriste aux ramifications régionales et internationales, elles poursuivent leur macabre entreprise: massacres à la machette, embuscades, enlèvements et incendies de villages. Le sang congolais continue de couler, inexorablement.
La RDC intensifie les accusations et après…
À Genève, lors de la 60e session du Conseil des droits de l’homme, la délégation congolaise a dénoncé avec vigueur la responsabilité du M23-AFC et du Rwanda, montrant une fois de plus que l’agresseur est connu, identifié et même souvent reconnu dans les cercles diplomatiques. Mais les accusations, aussi fermes soient-elles, se heurtent à une réalité cruelle: ni le Conseil de sécurité, ni les grandes puissances ne prennent la décision d’imposer des sanctions claires, immédiates et contraignantes à l’égard de Kigali et de ses affidés.
C’est ici que se révèle la limite des accords de Doha et de Washington. La diplomatie sans contrainte ressemble à un théâtre où chacun joue son rôle, mais où personne ne s’attaque aux causes réelles du conflit. Comment prétendre instaurer la paix alors que l’agresseur bénéficie d’une impunité structurelle? Comment exiger des rebelles du M23 qu’ils respectent leurs engagements si leurs parrains régionaux ne subissent aucune pression internationale?
La RDC se retrouve enfermée dans un piège: négocier sans cesse, pendant que son territoire est grignoté et que son peuple est massacré. Cette dynamique fragilise la confiance des Congolais dans les institutions internationales, mais aussi dans leurs propres dirigeants, accusés parfois de trop miser sur des solutions extérieures au détriment d’une réponse ferme, souveraine et nationale.
Une autre option s’impose !
Le temps est venu pour Kinshasa d’opérer un véritable sursaut. Trois axes apparaissent incontournables:
Repenser la stratégie sécuritaire en renforçant les FARDC, non seulement en termes de moyens matériels, mais aussi de discipline, de formation et de moral. Une armée forte et respectée demeure la première garantie d’une paix durable.
Construire une coalition diplomatique africaine qui rompe avec le silence complice de certains États. L’Union africaine, longtemps timorée, doit cesser de se réfugier derrière les initiatives extérieures et assumer sa responsabilité historique.
Mobiliser la société civile et la diaspora congolaise afin de maintenir une pression constante sur les gouvernements et les institutions internationales. La voix du peuple congolais ne peut pas être marginalisée dans ce combat.
Les accords de Doha et de Washington ne doivent pas être rejetés d’un revers de main. Ils constituent un outil diplomatique important, mais insuffisant s’ils ne sont pas accompagnés de sanctions réelles et de mécanismes contraignants. L’histoire récente de l’Afrique montre que la paix ne s’impose jamais par de simples signatures ; elle se gagne par une combinaison de diplomatie ferme et de dissuasion militaire crédible.
La RDC mérite mieux que des promesses non tenues et des conférences sans lendemain. Elle mérite une paix véritable, fondée sur la justice, la sécurité et la souveraineté. Tant que la communauté internationale ne franchira pas le pas des sanctions et tant que Kinshasa n’osera pas imposer une nouvelle doctrine de défense nationale, les Congolais continueront de payer le prix du sang. Et dans ce contexte, les négociations de Doha et de Washington risquent de n’être qu’une illusion de paix, un voile fragile posé sur une plaie béante.
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