Africa-Press – Congo Kinshasa. Depuis trois semaines, le franc congolais s’affiche en nette progression face au dollar, selon la Banque centrale du Congo (BCC). Cependant, dans les rues et marchés de Lubumbashi, la réalité diverge fortement des chiffres officiels.
Le 13 octobre, la BCC annonce un taux de 2 300 CDF pour 1 USD, qui chute à 2 200 CDF le lendemain. Depuis, il oscille entre 2 150 et 2 200 CDF. André Wameso, gouverneur de la BCC, assure que la monnaie nationale continuera de s’apprécier et que des mesures telles que la réduction du taux directeur ont été mises en place.
Pourtant, sur le terrain, les prix restent globalement inchangés. Le dollar s’achète à 2 500 CDF chez certains changeurs et les supermarchés maintiennent leurs étiquettes au taux de 2 800 CDF pour 1 USD. Les marchés populaires affichent seulement quelques baisses timides: le sac de farine de maïs passe de 55 000 à 38 000 CDF, et l’huile végétale de 80 000 à 75 000 CDF.
Dans les écoles et sociétés publiques, l’application du nouveau taux reste confuse. Certains frais scolaires continuent d’être facturés au taux de 2 900 CDF, tandis que la société nationale d’électricité vend des crédits au taux de 2 000 CDF pour 1 USD.
Cette situation nourrit méfiance et inquiétudes. Pour l’économiste Alain Mikobi, cette chute rapide du dollar pourrait nuire aux réserves nationales et au pouvoir d’achat des ménages. La députée Benatar Chilufya dénonce un « crime économique », estimant que la mesure a précipité les ménages dans la précarité et risque de provoquer une crise alimentaire si aucune mesure d’accompagnement n’est prise.
Pour beaucoup d’observateurs, cette baisse du dollar reste surtout « virtuelle » ou artificielle, avec un flou sur les mesures concrètes de stabilisation et aucun plan officiel clair annoncé par le ministère de l’Économie.
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