Africa-Press – Congo Kinshasa. Une récente décision de justice exécutée contre l’Hôtel de Ville de Kinshasa vient de provoquer un véritable séisme administratif dans la capitale. La Maison communale de Limete, bâtiment emblématique abritant les bureaux de cette entité municipale, a été sommée de quitter les lieux dans un délai de sept jours, au profit de la succession Molebe. Cette décision découle des jugements RC 22.929 du Tribunal de grande instance de Kinshasa/Matete et RCA 6757 de la Cour d’appel de Kinshasa/Matete, qui reconnaissent la succession Molebe comme propriétaire légitime de la parcelle litigieuse.
Un vieux conflit foncier refait surface
Selon des sources judiciaires, ce dossier oppose depuis plusieurs décennies la succession Molebe à l’administration urbaine de Kinshasa. La maison communale de Limete, érigée sur une parcelle revendiquée par la famille Molebe, serait occupée sans titre légalement établi au nom de la Ville. Des rapports datant de 2010 faisaient déjà état du jugement RC 22.929, ordonnant le déguerpissement de la commune de Limete pour absence de pièces justificatives attestant de la propriété du terrain. L’arrêt RCA 6757 rendu par la Cour d’appel a confirmé cette position, clôturant ainsi les voies de recours légales pour l’administration urbaine.
Indignation et incompréhension chez les Kinois
Cette affaire suscite de vives réactions dans l’opinion publique. Pour plusieurs habitants de Limete, la maison communale, en tant que bâtiment à usage public, devrait faire partie du domaine de l’État et bénéficier d’une protection légale. « Comment un bâtiment administratif, utilisé depuis des décennies pour des services publics, peut-il être attribué à un particulier par décision judiciaire? », s’interroge Laurent Afani, notable du quartier Kingabwa. De leur côté, certains observateurs estiment que ce jugement révèle une fois de plus les faiblesses du système foncier congolais. Selon eux, l’Hôtel de Ville de Kinshasa n’aurait jamais obtenu de certificat d’enregistrement clair sur cette concession, laissant ainsi la voie libre à des revendications privées.
Un signal d’alarme pour l’administration publique
Les analystes appellent désormais le gouvernorat de Kinshasa à prendre des mesures urgentes pour protéger le patrimoine immobilier de la ville, de plus en plus exposé à des litiges fonciers. Cette affaire relance le débat sur la nécessité d’un assainissement en profondeur du cadastre et du registre foncier en République démocratique du Congo. Elle met en lumière l’urgence d’une politique claire garantissant l’inaliénabilité du domaine public de l’État et la sécurisation des titres de propriété des entités publiques. En somme, l’expulsion annoncée de la Maison communale de Limete illustre non seulement un bras de fer entre administration et particuliers, mais aussi les défis structurels qui fragilisent la gestion du patrimoine foncier en RDC.
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