Africa-Press – Congo Kinshasa. A Uvira, la tension ne cesse de monter autour du comportement des Wazalendo. Alors que ces combattants sont officiellement déployés pour contribuer à la défense du territoire face à l’AFC/M23, plusieurs habitants les accusent d’abus, de violences et d’insécurité grandissante.
Dans ce climat, le député national élu d’Uvira, Justin Bitakwira, a pris la parole, via un message audio diffusé sur les réseaux sociaux, pour leur adresser un message sans détours.
Dès l’entame, l’élu rappelle aux Wazalendo leur passé et l’espoir qu’ils avaient suscité. « Vous étiez devenu la fierté nationale de la République Démocratique du Congo », lance-t-il, et insiste sur la transformation de leur statut.
Il rappelle que « vous avez passé plusieurs années dans la brousse, personne d’entre vous ne pouvait fouler le sol de la cité, ou même la ville de Uvira », appelant les combattants à mesurer le chemin parcouru et la responsabilité qui en découle.
Mais pour Bitakwira, cette image positive est aujourd’hui ternie. Il évoque des faits qui alimentent l’inquiétude de la population. « Chaque jour nous apprenons que tantôt on a volé une chèvre, tantôt trois personnes ont trouvé la mort », fait-il savoir. Face à cette situation, il s’interroge sur l’origine du désordre actuel. « Nous ne savons pas qui sont devenus les bandits. Est-ce le M23, l’AFC, l’armée rwandaise, ou c’est parmi vous qu’il y aurait des gens qui sont devenus des bandits? », s’interroge le notable d’Uvira.
Le député compare même Uvira à d’autres villes sous influence rebelle, où il estime que la situation locale est plus alarmante. « Il n’y a pas des coups de balle comme à Uvira actuellement », affirme-t-il, sans oublier de dénoncer les tirs répétés attribués à ceux qui sont pourtant censés rassurer la population.
Dans son adresse, Justin Bitakwira passe également à la menace. Il prévient que la patience des autorités a des limites. « Si vous ne changez pas votre comportement, on va vous désarmer et certains d’entre vous seront incarcérés », avertit-il, en souligne que la communauté internationale et le gouvernement pourraient tôt ou tard requalifier ces groupes.
« Demain, devant les Américains, Européens et même le gouvernement congolais, vous allez redevenir des forces négatives », alerte-t-il.
Pour l’élu d’Uvira, la dérive actuelle n’est pas seulement sécuritaire, mais symbolique. Elle porte atteinte à l’honneur de la population locale. « Vous nous causez la honte », lâche-t-il-il, rappelant que « tout ce qui a un début, a aussi une fin ».
Cet appel sévère intervient alors qu’Uvira, devenue siège provisoire des institutions provinciales du Sud-Kivu à cause de la situation à Bukavu, traverse une période de fragilité. Les propos de Bitakwira pourraient ouvrir un débat important. Les Wazalendo resteront-ils des acteurs de défense, ou glisseront-ils vers la catégorie des forces qu’ils prétendaient combattre?





