Africa-Press – Congo Kinshasa. Le procès de cet ancien responsable du RCD-N, actif lors de la deuxième guerre du Congo, s’ouvre ce 12 novembre devant la cour d’assises de Paris. En vertu de la compétence universelle, il est jugé pour complicité de crimes contre l’humanité commis notamment durant l’opération « Effacer le tableau », en Ituri et dans le Nord-Kivu, fin 2002. Verdict attendu le 19 décembre.
En 2002, Victoire (le prénom a été modifié) a subi la double peine: après avoir été violée, elle a été répudiée par son mari. Vingt-trois ans plus tard, c’est dans la maison qu’elle occupe seule à Mambasa, en Ituri, qu’elle livre son témoignage. Elle a longtemps hésité avant de parler, signe de la loi du silence qui règne encore sur cette période particulièrement sombre de l’histoire de la province, meurtrie par trois décennies de conflits.
« Même si tu fuyais, ils te suivaient en brousse et te violaient, et ce même en présence de tes enfants et de ton mari. Ils ont frappé mon époux. Ils m’ont emmenée jusqu’à leur hôtel, où six militaires m’ont violée tour à tour ».
Sa sœur, raconte Victoire, subit le même sort. Contaminée par le VIH-sida, elle meurt quelques années plus tard. « Par honte, elle n’avait pas approché les structures sanitaires pour obtenir un suivi médical ».
Victoire identifie les auteurs de ces viols comme étant des rebelles tristement célèbres dans la région. « Ils s’appelaient les “Effacer le tableau”: c’étaient les soldats de Roger Lumbala. S’ils vous voyaient avec de l’huile, du riz ou d’autres vivres, ils vous volaient et vous laissaient affamé ». Pour les actes de ces miliciens, le Congolais Roger Lumbala, détenu en France depuis janvier 2021, est jugé ce mercredi 12 novembre devant la cour d’assises de Paris pour complicité de crimes contre l’humanité, en vertu de la compétence universelle.
L’opération sanglante « Effacer le tableau »
Pour comprendre le rôle de Roger Lumbala, il faut revenir plus de vingt ans en arrière. Entre août 1998 et juin 2003, la RD Congo est déchiré par la seconde guerre du Congo. Pas moins de huit pays s’impliquent dans le conflit: la RD Congo, opposée à ses voisins rwandais, ougandais et burundais ; ainsi que l’Angola, le Zimbabwe, la Namibie et le Tchad, soutiens des forces armées congolaises. En 1998, le Rwanda et l’Ouganda appuient la création du Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD), un mouvement rebelle qui s’empare des principales villes du Kivu, de la Province orientale et du Nord-Katanga, et qui se scinde en deux groupes à partir de mars 1999: le RCD-K/ML, pro-Ouganda, et le RCD-Goma, pro-Rwanda.





