Ambongo exhorte les fauteurs de guerre à choisir la paix

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Ambongo exhorte les fauteurs de guerre à choisir la paix
Ambongo exhorte les fauteurs de guerre à choisir la paix

Africa-Press – Congo Kinshasa. Depuis plus de trois décennies, l’est de la République démocratique du Congo vit sous le joug d’une violence endémique qui s’est enracinée dans le quotidien des populations, au point de banaliser l’horreur.

C’est dans ce contexte de délitement sécuritaire et d’effondrement humanitaire que le cardinal Fridolin Ambongo a exhorté les seigneurs de guerre à mettre de l’eau dans leur vin. Depuis la chaire de la cathédrale Notre-Dame du Congo, l’archevêque métropolitain de Kinshasa a interpellé directement tous ceux qui, par les armes, entretiennent le cycle infernal de la guerre.

Derrière la grandeur du verbe pastoral, transparaît une conscience aiguë de la dangerosité de l’expansion de l’AFC/M23, de la brutalité des combats, et des exactions commises dans les zones passées sous contrôle rebelle. À chaque avancée militaire, a-t-il implicitement rappelé, ce sont des populations déplacées, des communautés traumatisées, des territoires livrés à une administration parallèle qui échappe à l’autorité légitime de Kinshasa.

Le prélat catholique n’ignore rien de la portée politique et humaine de cette guerre. L’occupation de Bunagana dès 2022, puis l’extension des combats à Rutshuru, Masisi et Nyiragongo, avant la chute de Goma et de Bukavu, ont profondément reconfiguré l’équilibre sécuritaire dans la partie orientale du pays. En s’implantant durablement, l’AFC/M23 a imposé un fait accompli qui sape les fondements mêmes de l’État congolais et alimente une insécurité chronique, marquée par des violations répétées des droits humains.

En cela, l’appel du cardinal Ambongo ne relève ni de la naïveté ni de l’angélisme. Il s’aligne au contraire dans une lecture lucide de la tragédie qui frappe les populations congolaises.

La paix qu’il invoque n’est pas une abstraction spirituelle, mais une exigence concrète, qui suppose l’arrêt des hostilités, le renoncement aux armes et le refus de toute logique de domination par la force.

Cette prise de parole intervient alors que les initiatives diplomatiques peinent à produire des résultats tangibles.

Mais le processus de Doha, censé traiter les causes profondes du conflit et favoriser une désescalade durable, demeure enlisé. Cette impasse diplomatique a laissé le champ libre à une reprise des affrontements, jusqu’à l’occupation d’Uvira, épisode qui a ravivé les condamnations internationales et mis en lumière l’extrême fragilité des mécanismes de paix.

Face à cette réalité, le cardinal Ambongo adopte une posture d’alerte. En dénonçant, sans les nommer explicitement, « les ténèbres de la violence et de l’injustice », il vise clairement ceux qui prospèrent sur la guerre, ceux qui instrumentalisent les revendications pour imposer par la force une autorité illégitime. Son message reconnaît, en filigrane, que l’avancée de l’AFC/M23 constitue une menace directe pour la cohésion nationale, la dignité humaine et le vivre-ensemble.

Mais fidèle à l’esprit de Noël, l’homme de Dieu refuse de céder au désespoir. Tout en qualifiant la situation de « catastrophique », il affirme que la crise actuelle ne saurait étouffer l’espérance d’un avenir différent pour la RDC. Cette espérance, cependant, n’exonère personne de ses responsabilités. Elle engage, au contraire, chaque acteur armé à mesurer le coût humain de ses choix, chaque décideur politique à privilégier la paix sur les calculs stratégiques, et chaque partenaire international à dépasser les déclarations de principe.

Au-delà de la dénonciation de la guerre, le cardinal Ambongo a également lancé un appel pressant à la solidarité envers les victimes. Déplacements massifs, insécurité alimentaire, traumatismes profonds, pour le chef de l’Église catholique au Congo, la guerre menée dans l’est du pays a plongé des millions de Congolais dans une précarité extrême, aggravée par la sous-financiation chronique de l’aide humanitaire. En rappelant que Noël invite à regarder vers les pauvres, les déplacés, les femmes et les enfants meurtris par la violence, l’archevêque de Kinshasa a replacé la question sécuritaire dans sa dimension humaine, trop souvent reléguée au second plan.

Ainsi, le message du cardinal Ambongo se présente comme une mise en garde morale face à l’ivresse des armes. Il rappelle que la guerre, loin d’apporter des solutions durables, engendre des ruines matérielles, des fractures sociales et une spirale de souffrances dont les populations civiles paient le prix le plus lourd. En appelant les groupes armés à choisir la paix, il les confronte à une vérité incontestée: aucune cause, aucune revendication ne saurait justifier la perpétuation d’un chaos qui défigure la nation congolaise.

À travers son message, le cardinal Ambongo a aussi interpellé l’ensemble de la société congolaise, sur l’urgence de rompre avec la fatalité de la violence. Car, comme a-t-il souligné , croire en la Nativité, c’est refuser que la guerre ait le dernier mot.

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