Africa-Press – Congo Kinshasa. De nombreuses sondes spatiales observent continuellement le Soleil. Parmi elles, figurent notamment SoHO, Solar Orbiter et la sonde Parker, lancée en 2018 par la Nasa. La première a étudié l’astre solaire pendant 30 ans en observant de multiples éjections de masse coronale et la structure interne ; la deuxième a dévoilé de nombreuses images des pôles de l’étoile et étudié le lien entre la couronne et le vent solaire ; enfin la dernière a effectué la plus grande approche de notre étoile le 24 décembre 2024, à seulement 6,1 millions de kilomètres – soit bien plus proche que Mercure ne l’est de notre étoile, avec une distance moyenne de 50 millions de kilomètres.
En combinant des observations solaires, une étude américano-britannique publiée le 11 décembre 2025 dans la revue Astrophysical Journal Letters dévoile de manière inédite la surface d’Alfvén, du nom du physicien suédois Hannes Alfvén qui l’a théorisée dans les années 1940. Cette surface est une sorte de frontière où le vent solaire (ce flux de particules chargées comme les protons et électrons) devient plus rapide que les ondes magnétiques émises par la surface du Soleil, rompant l’influence directe du champ magnétique solaire.
Une frontière invisible mais changeante
Les astrophysiciens ont tout d’abord compilé des données de Solar Orbiter, Parker et d’autres satellites situés au point Lagrange L1: cette région située à 150 millions de kilomètres du Soleil agit comme un point d’équilibre gravitationnel entre notre étoile et notre planète. Les forces gravitationnelles mutuelles engendrées par les deux astres sont compensées par la force centrifuge liée au mouvement orbital. Ce point lagrangien demeure crucial pour garantir un alignement entre la planète Bleue et notre étoile en plus de permettre l’observation des phénomènes relatifs à l’activité du Soleil, comme les taches ou les éruptions de plasma, ces dernières pouvant engendrer de puissantes tempêtes solaires.
La surface d’Alfvén peut fournir des informations sur notre étoile: « Les données de la sonde Parker sur la région située en amont de la surface d’Alfvén pourraient nous aider à résoudre les grandes questions sur la couronne du Soleil, notamment sur sa température. Pour répondre à cette question, nous devons tout d’abord savoir où se trouve sa frontière », explique Sam Badman – astrophysicien au Centre pour l’Astrophysique d’Harvard & Smithsonian (CfA) et auteur principal de l’étude dans un communiqué.
Pour en savoir davantage sur cette région, le consortium de scientifiques a en outre établi une distribution des vitesses des ondes magnétiques se propageant dans du plasma émis à la surface solaire (ondes d’Alfvén) et du vent solaire. Les mesures des sondes ont été effectuées sur des distances entre 0,045 et 1 unité astronomique, soit entre 6,75 et 150 millions de kilomètres du Soleil, durant la première moitié du cycle solaire 25 entre octobre 2018 et avril 2025. Elles permettent de mettre en évidence le changement de forme de la surface d’Alfvén et sa localisation en fonction de l’activité de l’étoile: « Au minimum solaire, nos mesures indiquent que la surface alfvénique est localisée entre 7,2 et 9 millions de kilomètres alors qu’au maximum solaire, cette dernière se situe entre 9,6 et 12 millions de kilomètres », détaille Sam Badman à Sciences et Avenir.
Une meilleure compréhension de la physique solaire
Ainsi, les cartes en deux dimensions de la surface d’Alfvén, basées sur le recensement des 23 passages de la sonde Parker et des données des autres sondes, constituent une confirmation directe de la variabilité d’une telle région. Elles permettent aussi d’entrevoir une meilleure compréhension des phénomènes engendrés par notre étoile: « Nous nous dirigeons maintenant vers une période excitante où la sonde Parker sera en mesure de percevoir le changement des phénomènes liés à l’activité du Soleil quand ce dernier entrera dans la prochaine phase de son cycle. » explique Michael Stevens, astronome au CfA et coauteur de l’étude dans le même communiqué.
Recueillir ces informations sur l’astre solaire permet non seulement d’affiner les prévisions de météo spatiale, mais aussi de mieux comprendre l’activité d’autres étoiles et leur influence potentielle sur l’habitabilité des exoplanètes.





