Africa-Press – Congo Kinshasa. Une vive agitation secoue la toile. Un document attribué au procureur général de la Cour de cassation ordonne l’ouverture d’une information judiciaire contre le cardinal Ambongo. Le prélat est reproché des faux bruits, incitation à la révolte et attentats contre les vies humaines.
Plus loin, l’avocat de la République menace le procureur général près la Cour d’appel de Kinshasa-Matete de complicité et de déni de justice en cas d’inaction. “Depuis belle lurette, il s’observe dans les comportements de Fridolin Ambongo, archevêque catholique métropolitain de Kinshasa, au moment où le pays fait face à la guerre dans sa partie orientale, une constance des propos séditieux tenus lors des points de presse, interviews et autres sermons, de nature à décourager les militaires des Forces armées de la République qui combattent au front, mais aussi incitatifs à la maltraitance par les rebelles et autres envahisseurs des populations locales déjà meurtries par autant d’années de déstabilisation”, peut-on lire dans la correspondance de Firmin Mvonde.
Pire encore, le magistrat rapporte que le successeur de Laurent Monsengwo (décédé) avait décliné l’invitation qu’il lui avait été envoyée en bonne et due forme pour un échange le 25 avril autour de certains dossiers en instruction.
L’Église catholique se garde encore de réagir
Cependant, avant de réagir, les autorités ecclésiastiques appellent à la prudence et à la vérification de l’authenticité de ce document, apprend-on des sources recoupées. “Précipiter une réaction sans une vérification minutieuse pourrait conduire à des malentendus regrettables”, a déclaré à Ouragan, un prêtre catholique qui a requis l’anonymat.
Néanmoins, si ce document s’avérait authentique, cela soulèverait des questions importantes quant au respect des procédures légales et ecclésiastiques. En effet, dit-il, l’excès de zèle présumé du PG près la Cour de cassation pourrait être interprété comme un écart par rapport à l’accord-cadre entre le Saint-Siège et la RDC.
En vertu de l’article 8, paragraphe 2 de cette entente, toute procédure judiciaire visant un évêque ou un prêtre exerçant une juridiction équivalente nécessite une autorisation préalable du parquet général de la République. De plus, le Vatican doit être informé immédiatement par les autorités congolaises à travers sa représentation (donc la Nonciature apostolique).
Des voix se lèvent pour dire qu’il est impératif de respecter les accords et protocoles établis pour assurer la justice et le respect des institutions ecclésiastiques. Dans l’attente de clarifications officielles, la communauté catholique garde son sang-froid et fait preuve de discernement face à cette situation potentiellement litigieuse.
Ambongo serein
Le cardinal Ambongo n’est pas de nature à céder au chantage. Dans son entourage, on estime que criminaliser les voix critiques à la gestion chaotique du pays n’est pas un drame. Il ne s’agit nullement de faire “l’apologie de la rébellion” mais plutôt de mettre les dirigeants politiques devant leurs responsabilités. L’homme de Dieu interroge, à plusieurs occasions, le pouvoir sur les causes à la base de nombreux ralliements au mouvement de Nangaa. À la base, la confiance s’est étoilée dans la classe politique. L’opposition politique est encellulée. Impossible pour Ambongo d’interpeller dans ses prêches le pouvoir public. Le cardinal ne va pas se dédire, nous dit-on. Il reste droit dans ses bottes de lors qu’il est dans son rôle de pasteur. L’évêque a toujours estimé que la dérive et les mauvais choix politiques du régime sont à la base du pourrissement de la situation politico-sécuritaire actuelle.
Pour plus d’informations et d’analyses sur la Congo Kinshasa, suivez Africa-Press