Coup de force manqué, les zones d’ombre

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Coup de force manqué, les zones d’ombre
Coup de force manqué, les zones d’ombre

Africa-Press – Congo Kinshasa. Des assaillants lourdement armés avaient ciblé la résidence de Vital Kamerhe élu mercredi président de l’Assemblée nationale et le Palais de la Nation, le bureau du président Tshisekedi.

Si l’armée a parlé d’une tentative de coup d’État déjouée suivie de nombreuses condamnations nationales comme internationales, de nombreuses questions subsistent encore notamment sur l’identité ainsi que sur les motivations réelles des assaillants. Le porte-parole de l’armée a affirmé qu’il s’agissait d’une tentative de coup d’État. À l’heure du bilan, le général Sylvain Ekenge confirme que les auteurs de ce « coup d’État étouffé dans l’œuf » étaient une cinquantaine au total, dont plusieurs Américains – Malanga, son fils et « deux Blancs » – et un Congolais « naturalisé britannique ».

Zones d’ombre

Des informations officielles qui interrogent. La question de la facilité avec laquelle les hommes armés ont pu accéder au Palais de la Nation, au cœur du pouvoir, revient dans les discussions et les médias. Des interrogations demeurent également sur la véritable cible de cette attaque. Pourquoi le domicile de Vital Kamerhe a-t-il été attaqué ? Y a-t-il eu défaillance des services de renseignements ? Que voulaient ces hommes, cinq mois après la réélection du président Félix Tshisekedi, à la tête de ce vaste pays au sous-sol immensément riche ? Aucune réponse jusque-là.

Le profil douteux de Christian Malanga

Au-delà de ces ambitions de diriger le Congo, au vu du fiasco qu’a été cette tentative de coup d’Etat, il y a lieu de s’interroger sur le profil militaire des hommes qui étaient avec Christian Malanga. Au micro de la radio publique allemande, l’analyste politique Boniface Musavuli certifie que ces personnes n’étaient pas des militaires de carrière, ce ne sont pas des officiers ou des hauts gradés de l’armée connus pour leur fait d’arme dans les différentes guerres qu’a connues la RDC.

Ce sont des amateurs qui sont plus connus comme étant des militants sur les réseaux sociaux et dans les manifestations publiques dans les rues d’Europe ou d’Amérique, assure-t-il.

Depuis l’Angleterre, Barthe Ngoma, président de la société civile congolaise de la diaspora parlé du pur amateurisme. Il affirme qu’à l’époque où il a rencontré Christian Malanga, il était président des Congolais du Royaume-Uni. D’ailleurs, il se souvient l’avoir croisé en octobre 2015. C’était un jeune homme pétri d’ambition qui venait recruter des jeunes de la diaspora congolaise pour rejoindre son mouvement: “Nous avons connu Christian Malanga, il est passé ici à Londres, en Angleterre. Les premières impressions pour moi n’ont pas été bonnes. Ce qui m’a un peu découragé dans sa démarche, c’est que c’était un monsieur qui pensait pouvoir aller libérer le pays des mains du tyran, Joseph Kabila, mais j’étais surpris que lui qui avait le soutien de l’étranger, tel qu’il le disait, des Américains et autres, demandait aux gens de faire des cotisations pour son séjour en Angleterre. Pour moi, c’était suffisant pour me dire que ce n’était pas vrai ce qu’il faisait, c’était de l’amateurisme.”

La question de la provenance des armes

Alors, comment des hommes qui semblent si peu préparés ont pu tout de même pénétrer à Kinshasa et tenter ce coup d’Etat ? Un ancien officier de l’armée belge qui connaît bien la RDC interrogé par la Deutsche Welle pour savoir comment Christian Malanga et ceux qui l’accompagnaient ont pu arriver en RDC avec des armes, sans être inquiétés ? L’officier sous couvert d’anonymat est catégorique: “Ils ne sont pas entrés avec des armes, ils se les sont procurées sur place”.

Pour lui, les armes qu’ils possédaient sont des modèles conventionnels qui existent à Kinshasa et n’ont rien de sophistiqué. Selon lui, cette tentative prouve aussi qu’il n’y a aucune sécurité dans le pays, “car si ces personnes ont pu aller aussi loin, qu’ils aient bénéficié d’aide en interne ou non, cela devrait inquiéter l’ensemble de l’appareil sécuritaire congolais”.

Interrogés dans les rues de Kinshasa, certains Kinois semblent également douter de la version officielle. Selon Kalambay, habitant Yolo, “si c’est un coup d’État, c’est le coup d’État le plus idiot au monde. Je ne vois pas un putschiste aller faire un coup d’État au Palais de la nation. C’est fabriqué de toutes pièces.” Un autre habitant estime que “le chef de l’État doit être vigilant et savoir qui l’entoure”. Il déplore “l’incertitude” dans laquelle sont désormais plongés les Congolais.

Il faut savoir que Vital Kamerhe, ancien directeur de cabinet du président, a été élu mercredi président de l’Assemblée nationale. Fin avril, il avait été désigné par l’Union sacrée de la nation, la majorité parlementaire en RDC, pour occuper ce poste.

Depuis la réélection du président Félix Tshisekedi, en janvier dernier, pour un deuxième mandat, le géant d’Afrique centrale est confronté dans plusieurs régions à une grave crise, une rébellion (le M23), soutenue par le Rwanda, occupant de vastes pans de la province du Nord-Kivu.

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