Atrocités, Viols et Assassinats de Femmes Suite À L’évasion de Milliers de Détenus Libérés par le M23 À Goma

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Atrocités, Viols et Assassinats de Femmes Suite À L’évasion de Milliers de Détenus Libérés par le M23 À Goma
Atrocités, Viols et Assassinats de Femmes Suite À L’évasion de Milliers de Détenus Libérés par le M23 À Goma

Anouar CHENNOUFI

Africa-Press – Congo Kinshasa. Peu après sa mainmise sur la ville de Goma, en République Démocratique du Congo, et dès l’arrivée des rebelles du mouvement connu sous le nom de M23 au centre de la ville de Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, précisément dans la matinée du 27 janvier 2025, d’énormes colonnes de fumée noire ont été vues s’élevant de la prison de « Munzenze », qui abritait plus de 4000 détenus, dont quelques centaines de femmes.

Revenant sur cette tragique mésaventure, le journal britannique « The Guardian », se basant sur les déclarations de « Vivian van de Perre », Représentante spéciale adjointe du Secrétaire général chargée de la protection et des opérations de la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO), a confirmé l’existence d’une évasion massive au cours de laquelle des milliers de prisonniers ont réussi à s’échapper après avoir commis des atrocités monumentales.

La même source a affirmé que, selon Van de Perre, 156 prisonnières ont été attaquées dans leur aile de la prison à Goma, lors de cette évasion massive, avant d’être violées, et leurs corps brûlés par les prisonniers masculins qui ont mené la rébellion dans l’enceinte de la prison, aidés par les rebelles du M23, sachant que « l’aile réservée aux femmes fût entièrement incendiée avec toutes ses occupantes ».

Des milliers de soldats de la paix de l’ONU ont été déployés pour contenir ces évènements et ces atrocités, selon la responsable onusienne qui a insisté sur le fait que: « Violer des femmes et brûler leur corps est un crime qui doit être poursuivi et ne pas rester impuni ».

Bien que les détails de l’incident soient rares, ces atrocités semblent être les pires du récent conflit mené par le mouvement M23 dans l’Est de la République démocratique du Congo, sachant que jusqu’à mardi dernier, prés de 2.000 corps attendaient toujours d’être enterrés à Goma, qui est désormais sous le contrôle des groupes du M23 qui ont pris le contrôle de la ville, depuis la semaine dernière.

• Le Conseil des droits de l’homme lance une enquête sur les violations dans l’Est du Congo

Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies a accepté d’ouvrir une enquête sur les abus commis dans l’Est de la République démocratique du Congo par le mouvement M23 soutenu par le Rwanda, ont affirmé des groupes de défense des droits de l’homme.

A ce propos, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, avait appelé « à ce que le Rwanda rende des comptes pour ses crimes » et, de son côté, l’Ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire, représentant permanent du Rwanda auprès des Nations Unies, James Ngango, a déclaré qu’il s’opposait aux tentatives de la RDC de présenter le Rwanda comme responsable des crimes et événements qui ont eu lieu dans ce pays.

Le président du Conseil a déclaré que les 47 États membres ont approuvé la demande présentée par le Congo sans vote lors d’une session extraordinaire.

Réagissant à l’ampleur de ces atrocités, le Haut-commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, a averti que « si des mesures urgentes ne sont pas prises, la situation pourrait s’aggraver même en dehors de la RDC ».

Volker Türk a appelé à une enquête impartiale et transparente sur les violations commises dans ce pays, soulignant dans ce contexte que la communauté internationale et certains pays médiateurs comme l’Angola et le Kenya tentent de trouver une solution diplomatique à la crise par crainte d’une guerre régionale.

Il a déclaré que depuis le 26 janvier, 3.000 personnes ont été tuées et plus de 2.500 autres blessées, ajoutant qu’il était préoccupé par la prolifération des armes et le recrutement forcé d’enfants.

A noter que ces développements sont survenus après que le mouvement M23 et ses forces alliées ont pris le contrôle de la ville de Goma, à l’issue des batailles perdues par les forces gouvernementales, du fait que les forces rebelles étaient décidées à contrôler davantage de territoire dans l’Est du pays, ciblant même la capitale congolaise, Kinshasa.

• Goma sous l’emprise de la mort

La ville de Goma, qui compte plus d’un million de personnes, et qui est désormais sous le contrôle total des combattants du M23, subit l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre par ces groupes armés rebelles qui ne reculent devant rien pour commettre leurs atrocités contre des civils.

Certes, les Casques bleus des Nations Unies sont là, mais ces forces onusiennes n’ont pas pu visiter la prison pour enquêter davantage en raison des restrictions imposées par les rebelles du M23, ce qui signifie que l’identité des auteurs demeure floue.

• Le Conseil de sécurité compte-t-il accroître la pression sur le Rwanda ?

Rien n’est encore clair à ce sujet, même si des voix se sont élevées pour appeler à revenir de toute urgence à la table des négociations, mais cela ne sera possible que si les membres du conseil de sécurité et d’autres pays importants exercent une pression suffisante sur le Rwanda et le Congo.

Il importe de noter qu’auparavant, un haut responsable des Nations Unies avait déjà émis l’hypothèse que le voisin de la RDC voulait annexer une partie de la RDC, plus grande que le Rwanda lui-même.

Selon le responsable onusien, « Il s’agirait d’une politique à long terme visant à amener la région élargie du Kivu dans la sphère d’influence rwandaise et, plus tard, sous son contrôle administratif complet ».

Toutefois, même si à cette époque les craintes grandissaient que le Rwanda soit déterminé à s’emparer de davantage de territoire de son vaste voisin, les forces du M23 continuent d’avancer de pas progressifs vers le sud en direction de la ville de Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu, à 190 kilomètres de Goma.

Néanmoins, une alliance politico-militaire se faisant appeler « l’Alliance du fleuve Congo », dont le M23 est membre, a rendu public un communiqué dans lequel elle a déclaré que le M23 « n’a aucune intention de prendre le contrôle de Bukavu ou de toute autre ville congolaise ».

A ce propos, alors que le mouvement M23 se dirigeait déjà vers Bukavu avec des renforts et des armes lourdes, ayant été vus dans les rues de Goma, certains pensent que le M23 a dû changer d’avis soudainement après l’arrivée des renforts du Burundi à Bukavu et l’utilisation par l’armée de l’air congolaise d’un aérodrome voisin.

En effet, 2.000 soldats Burundais supplémentaires auraient été envoyés à Bukavu, et l’on ne peut nier que ce sont des combattants très compétents, et le mouvement M23 aurait décidé de reconsidérer ses prochaines étapes, sans oublier que, malgré les preuves du contraire, le Rwanda continue de nier son soutien au M23, ou que ses forces aient pénétré dans l’Est du Congo.

• Le M23 continuant sa percée dans le Sud-Kivu s’empare de la cité minière de Nyabibwe

Après avoir pris dernièrement la ville de Goma, les troupes du M23 (soutenus semble-t-il par des forces rwandaises) ont lancé une nouvelle offensive, le mercredi 5 février 2025, dans l’Est de la République démocratique du Congo, s’emparant d’une ville minière de la province du Sud-Kivu tout en poursuivant leur avancée vers la capitale provinciale Bukavu, et dès l’aube du mercredi, de violents affrontements ont éclaté au Sud-Kivu entre le mouvement armé antigouvernemental et les forces rwandaises d’un côté, et les forces armées congolaises de l’autre, selon ce que des sources sécuritaires et humanitaires ont confirmé aux médias.

A noter que le M23 a déclaré un cessez-le-feu unilatéral pour des raisons humanitaires à partir du mardi 11 du mois courant, soulignant qu’il « n’a pas l’intention de prendre le contrôle de Bukavu ou d’autres zones ».

Toutefois, le M23 (accompagné des forces rwandaises) aurait capturé le 5 février à 9 heures du matin la ville minière de Nyabibwe, à environ 100 kilomètres de Bukavu et à 70 kilomètres de l’aéroport régional.

Plus tôt, le président rwandais Paul Kagame avait déclaré qu’il n’était « pas au courant » de la présence des troupes de son pays dans l’Est de la RDC.

A ce propos, le porte-parole du gouvernement congolais, Patrick Muyaya, a confié aux médias que « C’est la preuve évidente que le cessez-le-feu unilatéral qui a été annoncé n’était qu’une imposture, comme d’habitude ».

• Un conflit qui dure depuis plus de trois ans déjà

Durant ce conflit qui dure depuis plus de trois ans, six accords de cessez-le-feu ont été annoncés dans la région, mais ils ont été rapidement violés. Des sources locales et militaires ont indiqué ces derniers jours que l’armée congolaise d’une part, et le M23 et ses alliés rwandais d’autre part, ont œuvré au renforcement de leurs effectifs et de leurs équipements dans la région.

D’ailleurs, les organisations régionales et les États médiateurs comme l’Angola, le Kenya, les Nations Unies, l’Union européenne et la communauté internationale tentent de trouver une solution diplomatique à la crise, craignant que ce conflit ne devienne régional.

Des sources diplomatiques ont déclaré de leur côté que la survie du régime du président congolais Félix Tshisekedi, réélu pour un second mandat en décembre dernier, pourrait être en jeu si le M23 et les forces rwandaises continueraient de progresser dans l’Est.

Dans ce contexte, Kinshasa a appelé la communauté internationale à imposer des sanctions à Kigali.

Par ailleurs, plusieurs pays voisins ont confirmé qu’ils travaillaient à renforcer leurs défenses, parallèlement à des efforts diplomatiques intensifs.

L’armée ougandaise a annoncé, quant à elle, la semaine dernière, qu’elle adopterait une « posture défensive avancée » pour « empêcher les nombreux autres groupes armés » opérant dans l’Est de la RDC « d’exploiter la situation ». L’armée ougandaise faisait spécifiquement référence aux Forces démocratiques alliées armées, un groupe au cœur de l’insurrection à majorité musulmane en Ouganda. Ces rebelles ont tué des milliers de civils et continuent de perpétrer des actes de pillage et de meurtres malgré le déploiement de l’armée ougandaise aux côtés des forces armées congolaises.

De son côté, le Burundi a accusé son voisin le Rwanda de « préparer une action » contre lui, soulignant qu’il « ne permettra pas que cela se produise ».

• Réaction de Cour pénale internationale

Karim Khan – Procureur de la Cour pénale internationale à La Haye

Du côté de la jurisprudence internationale, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale, à La Haye, a annoncé la semaine passée, qu’il « suivait de près » les événements qui se déroulent dans l’Est de la République démocratique du Congo, notant que des sources fiables ont fait état de centaines de morts dans les récentes violences. La même source a indiqué dans un communiqué que le Bureau du Procureur « suit de près les événements en cours, notamment l’escalade dangereuse de la violence ces dernières semaines dans l’Est de la RDC, en particulier à Goma, la capitale de la province du Nord-Kivu, et dans ses environ ».

Le Procureur de la CPI, Karim Khan, qui enquête sur les crimes de guerre et les crimes contre l’humanité, enquête entre-autres sur les allégations de crimes commis en République démocratique du Congo depuis début 2022.

« Cette enquête ciblée est active et se poursuit de toute urgence », selon le communiqué rendu public à ce sujet, qui a demandé au public de fournir des informations et des preuves.

Ce communiqué souligne que « des sources fiables indiquent que des milliers de personnes ont été blessées et des centaines de personnes ont été tuées à Goma et dans ses environs, y compris des civils et des soldats de maintien de la paix ».

Face à cette critique situation, le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale a confirmé que « la situation actuelle à Goma et dans ses environs est couverte par une enquête en cours ».

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