Africa-Press – Congo Kinshasa. L’Observatoire de la dépense publique (ODEP) s’oppose au plan de la retraite de 300 000 agents de l’administration réactivé par le gouvernement. Cette organisation affirme que cette mesure aura des répercussions graves sur le plan social.
Pour l’ODEP, cette mise à la retraite massive ne tient compte ni des capacités budgétaires nationales, ni de la soutenabilité du régime de pension, encore moins des droits fondamentaux des travailleurs. Elle répond simplement à certains engagements pris par le gouvernement congolais avec le Fonds Monétaire International (FMI).
« (…) en République Démocratique du Congo, le processus en cours visant à mettre à la retraite plus de 300 000 agents publics intervient dans un contexte de fragilité sociale extrême, marqué par une pauvreté endémique, des conflits armés à l’Est et une érosion croissante du pouvoir d’achat. Loin d’être le fruit d’une réforme mûrement réfléchie, cette opération semble obéir de manière précipitée et mécanique à une logique d’ajustement budgétaire dictée par le Fonds Monétaire International (FMI), dans le cadre de la Facilité Élargie de Crédit (FEC), la réduction de la masse salariale est érigée en indicateur de performance macroéconomique », a déclaré le président du Conseil d’administration de l’ODEP, Florimond Muteba, dans un communiqué partagé à Yabisonews.cd ce mardi 15 juillet 2025.
À titre illustratif, dit l’ODEP, la mise à la retraite de 300 000 agents publics, « sans dispositif d’accompagnement social », menace directement entre 2,1 et 3 millions de personnes, si l’on considère qu’un fonctionnaire congolais fait vivre en moyenne une famille de 7 à 10 personnes.
Cette structure poursuit, en montrant que cette mesure pourrait produire en plus des effets en chaîne particulièrement lourds sur le plan économique, dont notamment le choc immédiat sur le pouvoir d’achat et le risque de désordre social la précarité accrue chez les retraités, combinée à l’absence d’alternatives économiques crédibles.
L’ODEP rappelle la mauvaise expérience vécue par le passé, en 2022, à la suite de la première vague de 11 000 agents publics retraités.
« Le gouvernement congolais avait amorcé cette réforme en 2022 par une première vague de 11 000 agents publics mis à la retraite, sans qu’aucune garantie sérieuse de prise en charge sociale ou de suivi institutionnel cohérent n’ait été mise en place. Cette expérience, loin d’avoir été un modèle, a laissé des séquelles profondes, tant sur le plan humain qu’administratif. Elle a notamment engendré: mois d’attente sans indemnités, plongeant des milliers de retraités dans une précarité extrême, souvent sans aucune autre source de revenu (…) », a rappelé Florimond Muteba dans ce communiqué.
L’ODEP estime que dans un contexte marqué par la guerre à l’Est et par l’inflation galopante, la priorité du gouvernement congolais devrait être la sécurité, la stabilité sociale et la protection du capital humain. C’est dans ce cadre que cette organisation appelle à la suspension de cette mesure. Elle propose par contre la mise en place d’un dispositif structuré d’accompagnement social, incluant.
Côté gouvernement, cette politique de retraite entre dans le cadre de son projet visant la réforme de l’administration publique.
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