RDC-Rwanda : entre Tshisekedi et Kagame, comment Macron s’est imposé comme médiateur

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RDC-Rwanda : entre Tshisekedi et Kagame, comment Macron s’est imposé comme médiateur
RDC-Rwanda : entre Tshisekedi et Kagame, comment Macron s’est imposé comme médiateur

Africa-Press – Congo Kinshasa. La rencontre entre les présidents français, congolais et rwandais, ce 21 septembre à New York, est le fruit de plusieurs semaines de discrets efforts de Paris qui cherche à gagner en influence dans la région des Grands Lacs. Elle n’a pas manqué de faire réagir.

Peu de monde était dans la confidence. Mais sitôt rendu public par la diffusion d’une photo d’Emmanuel Macron entouré de Paul Kagame et Félix Tshisekedi, ce déjeuner entre les trois présidents, le 21 septembre en marge de l’Assemblée générale des Nations unies, à New York, n’a pas manqué de susciter de nombreuses réactions. En effet, la France n’était encore jamais apparue en première ligne dans les tentatives de règlement de la nouvelle crise entre les deux pays voisins. Pourtant, en juin dernier, la ministre des Affaires étrangères Catherine Colonna avait déjà échangé avec ses homologues congolais puis rwandais, Christophe Lutundula et Vincent Biruta.

Selon des sources à Kinshasa et à Paris, un accord sur un retrait « au plus vite » des hommes du M23 du territoire congolais, et en particulier de la ville de Bunagana, prise en juin par les rebelles, a été trouvé.

« Question de jours »

« Cela pourrait être une question de jours », avance une source française évoquant même « la fin de la semaine ». Ce retrait est conditionné au déploiement de la force régionale de l’East African Community (EAC). En échange, la RDC a pris « des engagements quant aux Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR) », poursuit notre source. Sollicitée par Jeune Afrique, la présidence rwandaise nous a répondu que « le communiqué engage toutes les parties à travailler ensemble pour le retrait du M23 et pour mettre fin aux FDLR. Il ne dit pas que Kigali s’engage à faire le maximum, car la responsabilité ne repose pas sur Kigali. »

Cela fait plusieurs semaines, qu’en toute discrétion, Paris s’active pour tenter une médiation. « Les efforts kényan et angolais ne produisaient aucun effet. Le président français, qui entretient désormais de très bons rapports avec les deux parties, a donc voulu s’impliquer personnellement pour tenter un rapprochement », explique une source française.

Multiples entretiens téléphoniques

À plusieurs reprises, Emmanuel Macron, qui préside ce mois-ci le Conseil de sécurité des Nations unies, s’est ainsi entretenu au téléphone avec d’une part Paul Kagame et de l’autre, Félix Tshisekedi. Parallèlement, comme l’a révélé Jeune Afrique, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a entamé un dialogue avec les services de renseignement congolais, dirigés par Jean-Hervé Mbelu Biosha, et rwandais, pilotés par Joseph Nzabamwita.

Le 16 septembre, une rencontre entre sécurocrates à Paris a permis de mettre sur pied un travail préparatoire de la rencontre entre les trois présidents, alors que Félix Tshisekedi et Paul Kagame ne s’étaient pas parlés depuis leur entretien de Luanda, début juillet.

« Un retrait du M23 a été accepté par toutes les parties, le Rwanda s’est engagé à faire passer le message au mouvement », explique notre source, assurant qu’à ce stade, « il y a un engagement et une chorégraphie précise ». Tous restent néanmoins prudents quant à la mise en œuvre effective de cette décision.

Concurrence américaine et russe

Depuis la reprise des hostilités du M23, Kinshasa accuse Kigali de soutenir la rébellion, ce que cette dernière dément fermement. À la tribune des Nations unies, le 20 septembre, Félix Tshisekedi a accusé son voisin d’« agression » militaire « directe » et d’ « occupation ». Le lendemain, Paul Kagame lui a indirectement répondu en estimant « urgent de trouver la volonté politique de s’attaquer enfin aux causes profondes de l’instabilité dans l’est de la RDC. Le jeu des reproches ne résout pas les problèmes », a-t-il poursuivi.

Dans ce dossier, la France réfute toute volonté de jouer les médiateurs. « Notre action s’inscrit dans le cadre du processus de Nairobi, et de la médiation angolaise. Le but c’est de repasser la main à Luanda et Nairobi », assure-t-on à Paris. Le pays avance la volonté de s’attaquer au problème « majeur », selon lui, dans l’est du Congo, celui de la lutte contre les ADF.

Mais pour la France, il s’agit aussi de se repositionner au premier plan, dans une région où elle est concurrencée tant par les Américains que, de plus en plus, par les Russes.

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