Africa-Press – Congo Kinshasa. Médiateur de l’Union africaine dans la crise rwando-congolaise, Faure Gnassingbé a replacé ce conflit dans une perspective morale et politique: celle d’un test pour l’Afrique et pour la communauté internationale. Face aux besoins humanitaires accrus, il a appelé à une réponse africaine, intégrée et tournée vers le développement et à une refondation du modèle d’aide. Selon lui, celle-ci doit être désormais orientée vers la reconstruction, l’autonomie des communautés et le co-financement des programmes de développement dans les zones victimes de crises sécuritaires.
Dans son intervention jeudi à la Conférence de Paris sur la paix et le développement durable dans la région des Grands Lacs, le président togolais a invité les nations africaines notamment à faire de l’aide un instrument de souveraineté.
« Ce que nous avons entendu aujourd’hui confirme une évidence. La crise humanitaire dans les Grands Lacs est un test moral pour le monde et un test politique pour l’Afrique. Nous devons transformer la compassion en solution, et l’urgence en l’avenir. Nous devons faire de la solidarité un levier d’autonomie et de l’être un instrument de souveraineté. C’est cela, je crois, l’esprit de cette conférence, une solidarité efficace, africaine et durable qui relie la paix à la prospérité et la dignité à la responsabilité », a-t-il déclaré.
Une gouvernance africaine de la réponse humanitaire
Faure Gnassingbé a mis en lumière la nécessité d’une gouvernance africaine de la réponse humanitaire. Pour lui, la gestion de cette crise doit s’appuyer sur les structures régionales existantes, notamment l’Union africaine et la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs.
« La gouvernance de cette réponse humanitaire doit aussi être africaine. Au-delà de participer à son financement, l’Afrique doit être au cœur de la gouvernance humanitaire, dans la coordination, la planification et le suivi des réponses », a-t-il suggéré.
Une telle approche, a-t-il expliqué, garantit beaucoup plus de transparence et d’efficacité, et évite de faire de l’aide au développement « un enjeu de pouvoir ». Il est convaincu que le changement de paradigme permettra d’éviter le chevauchement, et de garantir l’effectivité de l’accès des ressources aux populations bénéficiaires.
Dans cette logique, il a rappelé l’importance d’une aide conçue de manière à préserver l’autonomie des partenaires africains, tout en contribuant à la stabilisation des populations et au renforcement de la souveraineté nationale.
« Il faut que l’aide soulage sans nourrir la dépendance, qu’elle stabilise sans figer les rapports de force. C’est pourquoi, pour protéger les bienfaits de l’aide et ce qu’elle apporte, il faut un contrôle africain renforcé », a-t-il souligné.
Par ailleurs, il a fermement condamné la contrebande minière, le commerce illégal des ressources naturelles ainsi que les activités d’exploitation informelle, qui contribuent au financement des acteurs de la violence et à la prolongation des crises humanitaires.
« Dans l’Est de la RDC, la souffrance des populations ne vient pas seulement du conflit, mais de l’économie de guerre qui l’entretient. Nous devons rendre traçable chaque ressource, intégrer les communautés dans les chaînes légales et faire de la transformation locale une priorité de sécurité » a-t-il affirmé.
En prônant une économie transparente et légitime, Faure Gnassingbé a appelé à une paix fondée sur la justice économique et la réparation des territoires meurtris par la guerre et l’exploitation illégale des ressources minières.
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