Africa-Press – Congo Kinshasa. Une contre-enquête historique basée sur des documents administratifs belges pulvérise le récit selon lequel les communautés rwandophones seraient les premiers occupants des hauts-plateaux d’Itombwe, en particulier de la zone de Minembwe. Le document relatif à l’ancien District du Kivu (1908-1922), citant le travail de E.J. Vand Woude à la page 33, dresse en 1951 une liste exhaustive des tribus habitant essentiellement le Sud-Kivu.
Elle mentionne les Baholoholo, Babembe, Bagoma, Babwari, Babuyu, Bavira, Bafuliiru, BaLega, Bashi, Bahunde, Banyanga, Bashu, Watalinga, Baswaga, Bahamba. L’analyse est sans appel: “Nulle part les Tutsi ou Rwandais” ne figurent parmi les peuples autochtones recensés. Itombwe est la terre d’Ubembe. L’historique administratif de la région, scrupuleusement retracé par des décrets successifs, ancre l’identité autochtone de ce territoire bien avant l’arrivée des premiers pasteurs rwandais.
Il y a une continuité administrative et humaine, où les Babembe et les tribus associées sont constamment identifiées comme le peuplement originel. Notre argumentaire puise sa force dans la précision d’un récit contraire à la mémoire officielle des communautés rwandophones. Loin d’une présence ancestrale, l’arrivée des premiers éleveurs rwandais est datée avec une exactitude qui invalide toute prétention à l’antériorité.
Selon les sources, un certain Sebasaza Simalinga, de nationalité Rwandaise, fut recruté entre 1942 et 1945 pour garder le bétail de sociétés coloniales comme la Minière des Grands Lacs (M.G.L) à Lwemba. Séduit par le climat, il fit venir son cousin, Muhire – dont le fils, Muhire Junior, serait encore en vie aujourd’hui – pour pratiquer la transhumance. Un notable autochtone, Elema Etambala, leur accorda l’autorisation d’installer un campement temporaire, appelé « Mararo » (ou « Malalo »), près du village de Tulambo.
Cette installation était explicitement périodique et non une résidence permanente. “L’appétit venant en mangeant, ces immigrés rwandais appelèrent leurs familles qui seront suivies au fil du temps par d’autres éleveurs nomades”, s’installant progressivement dans les savanes entre les villages bembe, au grand dam des autochtones. La réfutation devient alors cinglante. Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose !
Si, comme le prétendent certains récits, les Rwandais étaient présents depuis des siècles, les pères des premiers arrivants ne pourraient être encore vivants aujourd’hui. L’argument est imparable: les fils des pionniers Sebasaza et Muhire étant toujours en vie (estimés à environ 60 ans), leur installation remonte au maximum aux années 1940, et non à une époque immémoriale.
Il y a une “falsification de l’histoire officielle” et une bombe à retardement qui risque de transformer le Sud-Kivu en un nouveau théâtre de conflits ethniques, à l’image du Nord-Kivu ou de l’Ituri. Le ton est à l’avertissement et à la mise en garde: “Vous êtes immigrés chez vos hôtes, chez les autres, restez humbles”.
Face à la tentative de “brûler toutes les documentations” pendant la guerre de 1996, nous rappelons que « les têtes sont encore là ». La mémoire des témoins et la froide logique des archives coloniales constituent un rempart contre la réécriture des origines et un plaidoyer pour une reconnaissance des véritables autochtones de Minembwe et d’Itombwe.
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